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Liban - Décryptage

Le CPL songe sérieusement à rester en dehors du prochain gouvernement

À mesure que le rendez-vous fixé ur les consultations parlementaires approche, les complications internes semblent se multiplier. Non seulement les inconnues de lundi prochain sont nombreuses, notamment la position du mouvement de protestation, l’état des routes ainsi que les choix qu’annonceront les blocs parlementaires, mais il faut désormais y ajouter une nouvelle question, celle de la position du bloc du Liban fort, dont le Courant patriotique libre est la principale composante.

Depuis hier, les réunions se multiplient en effet au siège du CPL à Myrna Chalouhi, d’abord au sein du parti proprement dit et ensuite entre les membres du bloc parlementaire, pour étudier la possibilité de ne pas participer au prochain gouvernement. Certains évoquent même l’hypothèse de faire passer le bloc dans les rangs de l’opposition au prochain cabinet. D’autres préfèrent que le bloc se tienne à l’écart, alors qu’un troisième courant considère au contraire que le bloc ne peut pas rester à l’écart ou être dans l’opposition alors que le général Michel Aoun, fondateur du CPL, est président de la République.

Les discussions sont animées et reflètent en réalité une certaine colère au sein du bloc et au niveau des cadres du parti. En effet, depuis le déclenchement du mouvement de protestation le 17 octobre, le CPL, le bloc du Liban fort et leur chef Gebran Bassil n’ont cessé d’être pris pour cible par les manifestants. Ils sont même les plus critiqués, alors que, de leur point de vue, ils ont toujours tenté de lutter contre la corruption, au risque d’irriter leurs partenaires et en étant souvent contraints à baisser les bras par impuissance face aux autres composantes du gouvernement. Les ministres du bloc se retrouvaient ainsi souvent paralysés par le poids des alliances politiques et finalement, ce sont eux qui ont essuyé le plus grand nombre de critiques de la part des manifestants, estime-t-on dans les rangs du CPL. Malgré ce qu’ils considèrent comme une injustice, ils sont passés au cours des dernières semaines sur tous les médias pour défendre la classe politique en général et les institutions prises à partie par les manifestants, alors que les autres composantes du gouvernement soit se cantonnaient dans un silence prudent, dans un souci de se faire oublier, soit faisaient de la surenchère sur les protestataires.

Par loyauté envers l’accord conclu avec le chef du courant du Futur en 2016 et qui a abouti au fameux « compromis présidentiel », le ministre Gebran Bassil a continué de défendre le Premier ministre Saad Hariri et à mener des négociations avec lui, même après la démission surprise de ce dernier, le 29 octobre. Gebran Bassil discutait avec Saad Hariri soit pour qu’il forme un nouveau gouvernement, soit pour désigner une personnalité proche de lui pour le faire. Mais le Premier ministre démissionnaire n’a pas répondu positivement aux efforts de Bassil, préférant discuter avec les deux émissaires chiites – Ali Hassan Khalil (Amal) et Hussein Khalil (Hezbollah) –, quitte à leur donner de fausses assurances ou alors à changer d’avis après les avoir notifiés de son accord, comme ce fut le cas dans l’épisode Samir Khatib.

Le CPL et le bloc du Liban fort ont donc le sentiment d’avoir été dupés pendant toute cette période. Ils ne veulent plus continuer à essuyer les critiques à la place de tous les autres. Mais le pire encore, pour eux, est l’insistance des deux formations chiites à vouloir que Saad Hariri forme le prochain gouvernement, même après les expériences récentes avec lui qui n’ont pas donné l’image de dirigeants productifs, en tout cas à la hauteur d’une crise aussi grave que celle que traverse le Liban aujourd’hui, et surtout après ses refus répétés de former un gouvernement « techno-politique » réclamé par Amal et le Hezbollah.

Voilà pourquoi le CPL et le bloc parlementaire du Liban fort étudient sérieusement la possibilité de ne pas participer au prochain gouvernement. D’abord par souci de faciliter le processus de formation, puisque certains se cachent derrière leur participation pour entraver la naissance du nouveau cabinet. Et ensuite pour cesser d’être la cible des critiques à la place de toutes les autres composantes. Les partisans de cette option rappellent que le CPL a connu des périodes plus graves lorsqu’il était sciemment tenu à l’écart du pouvoir et cela ne l’a pas empêché de continuer à être présent sur la scène politique et même d’accroître son assise populaire. Mais ce que les membres du CPL et du bloc parlementaire du Liban fort ne disent pas ouvertement, c’est que cette option est aussi une réaction à l’attachement des deux formations chiites à la désignation de Saad Hariri pour former le gouvernement. Pour le CPL, en insistant sur cette désignation, Amal et le Hezbollah cherchent à reproduire un gouvernement qui ressemblerait à l’actuel, avec quelques retouches, notamment au niveau des noms des ministres. Ils montrent ainsi qu’ils n’ont pas entendu véritablement les cris de la rue qui réclame un changement plus radical. De plus, qu’est-ce qui garantit qu’avec un nouveau gouvernement présidé par le chef du courant du Futur, les mêmes pratiques qui ont eu lieu au cours des trois dernières années ne se poursuivront pas, alors que la situation économique et financière du pays ne supporte pas une telle attitude ? Si lundi Saad Hariri est désigné par une majorité parlementaire et s’il prend son temps, comme c’est probable, pour former le gouvernement, les médias commenceront à accuser Gebran Bassil d’être la cause du retard avec ses exigences, alors qu’il n’en est rien, estime-t-on encore au sein du CPL. C’est pourquoi il songe à se tenir à l’écart et à se ranger dans l’opposition.Cette option est donc en apparence dirigée contre Saad Hariri et les détracteurs du CPL, mais en réalité, elle dérange surtout Amal et le Hezbollah qui se retrouveront en première ligne dans les négociations face au chef du courant du Futur. C’est d’ailleurs pourquoi immédiatement après avoir eu vent de cette possibilité, le président de la Chambre Nabih Berry a envoyé hier un message clair au CPL et à son chef, par le biais du député Sélim Aoun, pour lui assurer qu’il ne participera pas au gouvernement sans lui !

La décision finale du bloc du Liban fort devrait être annoncée ce soir, à l’issue d’une réunion extraordinaire.

À mesure que le rendez-vous fixé ur les consultations parlementaires approche, les complications internes semblent se multiplier. Non seulement les inconnues de lundi prochain sont nombreuses, notamment la position du mouvement de protestation, l’état des routes ainsi que les choix qu’annonceront les blocs parlementaires, mais il faut désormais y ajouter une nouvelle question, celle de la...

commentaires (14)

Tout le monde ici se réjouit d'un gouvernement de technocrates sans le CPL. Soit. Mais personne ne trouve anormal que ce soit une des personnes (famille et parti) qui a été mêlée de près ou de loin à quasi tous les dossiers de corruption qui le dirige? Ca c'est du pragmatisme 14-marsiste dans toute sa splendeur…

Bou Abdou Steeve

15 h 40, le 12 décembre 2019

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Commentaires (14)

  • Tout le monde ici se réjouit d'un gouvernement de technocrates sans le CPL. Soit. Mais personne ne trouve anormal que ce soit une des personnes (famille et parti) qui a été mêlée de près ou de loin à quasi tous les dossiers de corruption qui le dirige? Ca c'est du pragmatisme 14-marsiste dans toute sa splendeur…

    Bou Abdou Steeve

    15 h 40, le 12 décembre 2019

  • N'importe quel gouvernement sans "tiers de blocage" fonctionnera beaucoup mieux que ceux que nous avons eu depuis que ce concept a été inventé...

    Gros Gnon

    15 h 17, le 12 décembre 2019

  • Article très clair et très réaliste : Laissons Hariri se démerder tout seul , ce sera l'échec total :: Il n'arrivera à rien . On retourne à la case départ . Pas de solution en vue ni avec ni sans Gebran !

    Chucri Abboud

    13 h 30, le 12 décembre 2019

  • Amal ne participera pas au gouvernement sans le Cpl ...excellente nouvelle...on est sur la bonne voie ¡ Que le Hezb en fasse de meme et l on aura un gouvernement de techniciens inchallah.

    HABIBI FRANCAIS

    11 h 10, le 12 décembre 2019

  • Gebran se plaint du comportement de Hariri de ne pas comploter avec lui mais complote plutôt avec Berry et Hassan Nasrallah pour leur faire de fausses promesses bla-bla-bla... Les jeux de dupes et le bluff ne sont pas réservés aux seuls CPL. Amal, HB. Lui aussi peut les mener en barque et les lâcher où bon lui semble. Quant à former un gouvernement avec ces deux derniers vous allez un fort, puisque tout ce que veut Harriri c'est d'empecher ce trio d'avoir voix au chapitre pour pouvoir choisir le PM qui convient à la situation et pouvoir former le gouvernement sans leurs représentants. Seriez-vous la seule à comprendre ce qui ne se dit pas et occulter ce qui est répété à longueur de journée dans tous les médias par Hariri et ses représentants. Son but final est de les voir disparaître du paysage politique pour que ce pays retrouve enfin sa liberté de gouverner sereinement et sans lui mais avec des nouvelles têtes ( pleines) et surtout qui n'auront d'autres soucis que de redresser ce pays. Alors les commérages de couloirs n'intéressent pas grand monde.

    Sissi zayyat

    10 h 58, le 12 décembre 2019

  • Par loyauté envers l’accord conclu avec le chef du courant du Futur le ministre Gebran Bassil a continué de défendre le Premier ministre Saad Hariri ? ! ? ! Le CPL et le bloc du Liban fort ont donc le sentiment d’avoir été dupés les pov bougres ! ah la la ! a vous- je voulais ecrire a LES degouter de faire encore de la politique, meme au prix de rever un jour grimper a baabda !

    Gaby SIOUFI

    10 h 34, le 12 décembre 2019

  • Resta à demander la béatification des parlementaires du CPL pour tous leurs sacrifices et toutes leurs souffrances face à la situation actuelle

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 27, le 12 décembre 2019

  • A QUAND ILS CESSERONT DE SERVIR DE SERVITEURS A L,IRAN ET AUX DEUX MILICES IRANIENNES ET A EXECUTER LEURS ORDRES ? BEL BALESH ? JE NE LE CROIS PAS.

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    09 h 17, le 12 décembre 2019

  • La dénomination "bloc du Liban fort" est risible alors que le CPL a contribué avec ses alliés a faire du Liban un Etat failli. Et qu'on ne nous rabâche pas la fable de son attachement a la lutte contre la corruption lors qu'il est en charge en autre autres depuis plus de dix ans du dossier de l’électricité.

    Tabet Ibrahim

    07 h 56, le 12 décembre 2019

  • "Le CPL songe sérieusement à rester en dehors du prochain gouvernement". Enfin une bonne nouvelle! C'est ce qu'on répète à Bassil depuis un mois et demi, et il vient seulement de comprendre! Reste plus qu'à convaincre Nasrallah et le Liban pourra renaître! Malheureusement il est peu probable que l'on y réussisse. Il tient le Liban dans ses serres et ne compte pas le lâcher.

    Yves Prevost

    07 h 17, le 12 décembre 2019

  • A la bonne heure!

    Algebrix

    04 h 37, le 12 décembre 2019

  • Le bloc du Liban fort et leur chef Gebran Bassil sont pris pour cible par les manifestants car ils se présentent comme étant compétents, intègres, et les sauveurs du pays. Sauf que la réalité a montré qu'ils étaient incompétents sur certains dossiers (par ex. Électricité), que la corruption a rattrapée certains, et qu'ils n'ont pas su tenir des promesses faites aux électeurs. Ce n'est jamais leur faute mais celle des autres. Ils signent des accords qu'ils ne respectent pas (par ex. Meerab), ils ont un comportement d'arrivistes (par ex. Nominations), et une approche humiliante envers autrui (par ex. Saad Hariri). Ils ont réussi à se mettre sur le dos les autres factions politiques du pays et leur communautés. Ils couvrent depuis treize ans la main-mise du Hezbollah sur le pays aux dépens de la souveraineté du Liban, de la fierté de l'armée Libanaise, et des intérêts des Libanais. La tentative de Bassil de se rendre en Syrie est très suspecte et fait qu'on n’a pas confiance en lui. Ils sont derrière le blocage du pays à mainte reprises comme s’ils vivent leur monde détachés des réalités économiques et des échéances du pays: deux ans et demi sans président, neuf mois sans gouvernement, neuf mois pour faire le budget 2019, six semaines suites a l'affaire Qabr Chmoun. Ils sont très fort à l'interpréter la constitution à chaque tournant pour des fins politiques (par ex. Fabrication du gouvernement avant la nomination).

    Zovighian Michel

    03 h 02, le 12 décembre 2019

  • Tosbah aala el réunion el extraordinaire! Le hezb les ramènera à l'ordre et ils se mettront en ligne,,! By the way, est-ce que le ministre des extra terrestres a demander des explications à l'ambassadeur de l'Iran sur le message cryptique, qui reste à décrypter (please Scarlett), concernant l'anéantissement d'Israël par liban interposé?? Il nous le faut savoir pour décider s'il faut déménager au sous sol avec les voisins ou non!?

    Wlek Sanferlou

    03 h 00, le 12 décembre 2019

  • MEME VOUS Mm HADDAD VOUS N'AVEZ PAS ENCORE COMPRIS QUE PERSONNE NE VEUT MEME UN SEUL MEMBRE D'UN PARTI QUELCONQUE ET MEME UN SEUL MEMBRE DU MINISTERE NOMME PAR UN PARTI QUELCONQUE MEME HARIRI AUJOURDH'UI A PERDU AU NIVEAU DE LA RUE L'ESTIME QU'IL AVAIT EU AU MOMENT DE SA DEMISSION COMPRENEZ AUSSI QUE LE LIBAN N'AURA AUCUNE AIDE INTERNATIONALE AVEC VOTRE PROJET RETOUCHE AVEC OU SANS LE CPL TOUS CAD TOUS HORS DU GOUVERNEMENT. POURQUOI VOUS NE VOULEZ PAS LE COMPRENDRE??? POUQUOI DONC?

    LA VERITE

    02 h 30, le 12 décembre 2019

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