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Culture - Beirut Chants

Jessica Pratt : S’il vous plaît, venez et joignez-vous à nous !

La soprane, qui a vite grimpé les échelons de la gloire et la notoriété, donne un concert vendredi 13, pour un Beyrouth enflammé et inflammable...

Jessica Pratt sera en concert vendredi à l’église Saint-Joseph, à Beyrouth. Photo DR

À trente-deux ans, Jessica Pratt, soprano née à San Francisco en Californie, a vite grimpé les échelons de la gloire et de la notoriété. Devancée non seulement par sa grâce blonde et sa peau claire mais aussi et surtout par une voix cristalline à la colorature agile qui ferait pâlir de jalousie bien de sirènes et allumerait bien d’incendies dans les cœurs tièdes… Alors que la rue libanaise se révolte depuis près de deux mois, la jeune femme se produira, dans le cadre de Beirut Chants, pour un tour de chant unique à l’église Saint-Joseph (USJ) ce vendredi 13 décembre avec l’Orchestre philharmonique libanais dirigé par maestro Toufic Maatouk.Les chiffres associés à la carrière de la soprano ont de quoi donner le tournis : en douze ans, plus de 114 productions à travers 13 pays pour 40 rôles différents dont des performances dans les mythiques et puissants opus de Lucia de Lammermoor de Donizetti, La Somnambule et Les Puritains de Bellini.

Elle débarque pour la première fois au Liban, et dans un état de charmant emballement, jure que ce ne sera pas la dernière ! Car, confie-t-elle, « les gens rencontrés sont si aimables. Et puis, je sens qu’il y a là une communauté particulièrement vibrante et très cultivée ». Quand on l’interroge sur ce qu’elle considère être ses meilleures performances de scène et ses souvenirs les plus forts, elle évoque d’abord son dernier concert à la Scala, accompagnée au piano par Vincenzo Scalera. « Se produire dans cette salle mythique, pour un concert à guichets fermés, avec standing ovation et des encore à n’en plus finir... Ce fut un tel honneur ! Ce concert sans interruption qui a duré plus de deux heures et demie, alors que nous étions portés par l’énergie du public, était plus une célébration de la musique qu’un simple concert », dit-elle.



Tableau de chasse

Quelle est la partition qu’elle ambitionne de ciseler de sa voix ? « Je pense que l’une des choses les plus difficiles à faire dans le répertoire du bel canto, c’est de continuer à chanter à mesure que la maturité avance. Garder la voix limpide et fraîche et ne pas perdre les notes haut placées », répond-elle tout de go. « J’espère que la prochaine décennie me permettra de manier les rôles plus lourds de Donizetti et Bellini telles Lucrèce Borgia et Beatrice di Tenda… J’aimerais aussi ajouter à mon tableau de chasse quelques noms du répertoire français tels Meyerbeer et Massenet », ajoute-t-elle.

Il est une question qui taraude tout interlocuteur devant une soprane qui dispense tant d’émotion et de beauté vocale : comment en arriver là ? Quelles sont les qualités requises pour maîtriser cet instrument secret qu’est la voix, niché au fond de la gorge et de la poitrine ? « La première chose qui me vient à l’esprit est la facilité et la beauté dans le registre haut. Une soprano colorature doit aussi maîtriser les difficultés techniques, différents types d’agilité, staccato, messa di voce etc. Il y a aussi certains traits que les compositeurs exigent : un spécialiste de Bellini doit dompter le legato et le phrasé afin de porter l’emphase des lignes mélodiques de la mélancolie. Pour Donizetti, il faudrait avoir un don pour le dramatique ainsi que l’habilité de dégager tout le potentiel du livret car Donizetti tend à utiliser le texte d’une manière plus urgente et réaliste », explique-t-elle. « Tout soprane belcantiste a bien sûr besoin d’avoir le contrôle d’un bon souffle, ce qui demande un travail constant et un diaphragme bien entraîné pour “performer” proprement », ajoute-t-elle.

Alors que le programme du concert de vendredi à l’église Saint-Joseph n’a pas encore été rendu public, l’artiste livre tout de même : « Ce sera du bel canto, des scènes d’opéras de Bellini et Donizetti, les compositeurs que j’adore et sur lesquels je me suis spécialisée. J’ai récemment donné la centième représentation de Lucia di Lammermoor. Alors j’ai choisi de terminer ce concert avec cette fameuse scène de la folie de vingt minutes, qui au milieu a une merveilleuse cadence (un passage ornemental) de flûte. »

Un dernier mot pour tous ceux (et ils seront nombreux) qui viendront l’applaudir ? Avec une pointe de malice et de savoureux prosélytisme, l’artiste déclare : « Ce concert sera davantage un message pour ceux qui ne sont pas familiers avec l’opéra, comme je crois que les amoureux de l’art lyrique connaissent déjà les sensations d’un concert live et c’est pour cela qu’ils sont des amoureux de la musique lyrique. Nous vivons dans des sociétés au sein desquelles tant d’individus sont de plus en plus isolés. Aller à un concert nous donne l’expérience d’être ensemble et d’être connectés les uns aux autres. La plus exaltante expérience dans une performance, pour moi, c’est la part de silence, des pauses entre les notes. Tout le monde est concentré : je sens que le public retient son souffle avec moi. Cette communion collective est une incroyable sensation. C’est une expérience qu’on ne peut vivre que lors d’un concert ! Alors, s’il vous plaît, venez et joignez-vous à nous. »



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