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Liban - Focus

Pourquoi la conférence de presse du Comité de coordination de la Thaoura dérange

Des internautes reprochent à ce groupe de prétendre les représenter, et insistent sur le passé militant de certains de ses membres.

La militante Carla Allam expliquant dans une vidéo son parcours d’ancienne partisane du CPL. Photo Facebook

Dimanche 8 décembre : alors même que les regards sont rivés sur le sort réservé aux concertations parlementaires prévues le lendemain (et finalement repoussées) pour la désignation d’un Premier ministre, le Comité de coordination de la Thaoura (révolution) tient une conférence de presse dans un hôtel du quartier Badaro pour revenir sur les fondamentaux de la révolte, comme l’exigence d’un gouvernement neutre et des élections législatives anticipées. Cette initiative est aussitôt la cible d’attaques très nombreuses sur les réseaux sociaux, de la part de militants qui s’insurgent contre le fait que ce groupe prétend les représenter et parler en leur nom.

De fait, la conférence de presse est la première à se tenir depuis le début de la révolte populaire, la plupart des groupes militants préférant la discrétion. Qu’en disent les principaux concernés ? Le général à la retraite Khalil Hélou qui fait partie du groupe des anciens militaires, l’une des principales formations de ce comité, explique que « ce nom a été donné à ce groupe pour montrer que sa fonction première est la coordination et qu’il n’a pas de vocation exécutive ». Il précise que ce comité rassemble quelque 75 organisations diverses et partis, et « n’a pas de président, de vice-président ou de secrétaire ». « Nous ne prétendons représenter personne et cela est clair dans notre communiqué, souligne-t-il. Il y a beaucoup plus de groupes qui sont à l’extérieur qu’à l’intérieur de ce comité. »

Une source du parti Sabaa, qui a requis l’anonymat, confirme que ce comité (dont il fait partie) a pour principale vocation la coordination, qu’il n’est pas une entité politique quelconque et qu’il est formé de groupes très différents.

« Nous étions contre cette conférence de presse et n’y avons pas participé, parce que nous craignions qu’elle provoque des frictions, affirme cette source. Mais nous déplorons la campagne menée contre le comité, parce que ce groupe est très large et aurait pu rassembler tout le monde, dans un simple but de coordination. »


(Lire aussi : « Tout va très bien... », l’édito de Michel TOUMA)


Conflit intergénérationnel

Pour le général Hélou, « cette conférence de presse était une exigence de certains membres qui pensent que le comité a trop peu de visibilité médiatique ». « Le tollé contre cette conférence de presse est surtout venu de jeunes militants qui refusent qu’on les accapare, dans une sorte de conflit intergénérationnel, poursuit-il. Mais beaucoup d’accusations infondées ont été lancées contre nous pour nous discréditer. Au mouvement des anciens militaires, nous sommes forts de notre histoire. »

Si certains des autres groupes que L’OLJ a tenté d’interroger ont refusé de commenter cette affaire, Nizar Hassan, un militant au sein du groupe « Li Hakki », livre sa vision personnelle de cette conférence de presse. « Depuis le premier jour de la révolte, les différents groupes et individus qui y participent sont d’accord pour rejeter tout leadership, explique-t-il. Voilà pourquoi beaucoup de personnes, davantage que de grandes formations, se sont insurgées contre le comité sur les réseaux sociaux. Elles estiment que ce groupe, qui se fait appeler Comité de coordination de la Thaoura, un nom qu’ils estiment provocateur, ne les représente pas ni n’a coordonné avec eux. »

Le militant pense que les différentes composantes de ce comité sont assez détachées du terrain et n’ont pas de liens directs avec la base des protestataires qu’ils ne peuvent prétendre représenter. « Il faut reconnaître que personne ne représente personne, dit-il. À mon avis, toute conférence de presse dans de telles circonstances aurait été un faux pas. »


(Lire aussi :  Tractations gouvernementales : retour à la case départ, le décryptage de Scarlett HADDAD)


Une militante dans la tourmente

De telles dissensions affaiblissent-elles le mouvement de protestation ? Le général Hélou pense que oui. « Il ne faut pas se tromper d’adversaire ; il est difficile de ne pas voir combien on fait du tort à cette intifada en se critiquant mutuellement », estime-t-il.

Pour Nizar Hassan, « de telles dissensions ne sont pas graves, puisque le temps va en tout cas filtrer les militants ». Au cours de la conférence de presse, le communiqué a été lu par plusieurs militants dont Carla Allam, qui fait partie d’un groupe d’anciens du Courant patriotique libre. Aussitôt, des photos d’elles avec le président du CPL, Gebran Bassil, et un député CPL, Alain Aoun, datant de 2015, ont circulé sur les réseaux sociaux, avec des commentaires mettant en doute l’authenticité de sa participation à la révolte. L’intéressée a publié une vidéo dans laquelle elle explique qu’elle faisait partie du CPL mais n’a pas renouvelé son engagement par manque de conviction dans la prestation de ce parti.

« Ces attaques dont j’ai fait les frais ne sont pas innocentes, elles proviennent probablement des partis que cette révolte a mis à nu, dit Carla Allam à L’OLJ. Sinon pourquoi les commentaires se sont-ils concentrés sur moi et non sur le contenu de notre communiqué ? Je suis fière de mon parcours parce que je considère que je reste fidèle à moi-même. Et j’estime aujourd’hui que ce dont j’ai toujours rêvé pourra se réaliser à travers la révolte. »



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commentaires (15)

yaani, si au moins Mme Alam avait fait mine d'apparaitre en public , de critiquer le cpl AVANT cette date ....... mais surgir comme ca subitement et parler au nom de cet "organisme" bien particulier a la revolution ? Hmm ! ya de quoi faire reflechir qd meme

Gaby SIOUFI

17 h 56, le 11 décembre 2019

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Commentaires (15)

  • yaani, si au moins Mme Alam avait fait mine d'apparaitre en public , de critiquer le cpl AVANT cette date ....... mais surgir comme ca subitement et parler au nom de cet "organisme" bien particulier a la revolution ? Hmm ! ya de quoi faire reflechir qd meme

    Gaby SIOUFI

    17 h 56, le 11 décembre 2019

  • Révolutionnaires, Méfiez-vous d

    Assoun F

    21 h 34, le 10 décembre 2019

  • On ne devrait pas laisser faire l’intifada ne peut avoir qu’une tête ils sont des milliers que leur demande soient unifiée d’accords mais ils devront la formuler en acclamation et non laisser des représentant le faire car se serait diviser les manifestants ... thouwar faite attention !! NE LAISSER PERSONNE VOUS REPRÉSENTER MAIS UNIFIEE VOS DEMANDE DANS LA RUE ET EXPRIMER LES DE LA RUE

    Bery tus

    20 h 27, le 10 décembre 2019

  • Un Comité de coordination de la Thaoura devra voir le jour sinon dans peu de temps elle n 'existera plus

    Antoine Sabbagha

    19 h 56, le 10 décembre 2019

  • Il ne faudrait qyand même pas que cette révolution si prisée commence à ressembler aux épisodes des divisions entre révolutionnaires , qui étaient sanglants et qui ont mené à "la Terreur" . Qu'ils secalme un peu !

    Chucri Abboud

    13 h 58, le 10 décembre 2019

  • COMME CE COMITÉ BOUGE ÉNERGIQUEMENT EN TÊTE DANS LE SAOURA, IL Y A TOUJOURS DES GENS QUI VEULENT EUX MÊME ÊTRE EN TÊTE. DONC ÇA DÉRANGE. MOI JE DIT BRAVO ET MERCI POUR CE GRAND GROUPE QUI FAIT CE QU'IL PEUT POUR NOUS. COURAGE ET MERCI

    Gebran Eid

    13 h 32, le 10 décembre 2019

  • Qui au Liban, n’a pas été un jour ou l’autre proche d’un parti? Il y a une différence entre partager les idéaux d’une ou l’autre formation et suivre un leader aveuglément avec ses retournements de veste ou ses dérives. Par exemple, les idéaux du CPL des FL des Kataëb, et même certains du (lutte contre la corruption et protection des plus faibles, pas suivisme irano-syrien armes hors etatiques et charia) sont dignes, mais c’est leur mise en place et les leaderships qui les salissent dans la plupart des cas. Unissons nous, pas de dissensions et laissons la place aux différences d’opinions qui font notre richesse.

    Bachir Karim

    13 h 29, le 10 décembre 2019

  • se revendiquer de la citoyenneté en révolte est la seule formule possible car elle est preuve de vraie solidarité;J.P

    Petmezakis Jacqueline

    11 h 39, le 10 décembre 2019

  • LE PASSE CPL DE LA PORTE PAROLE N,EST PAS POUR INSPIRER CONFIANCE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 17, le 10 décembre 2019

  • On ne peut pas plaire à tout le monde. Mme Allam, vous êtes pardonnée, vous êtes une ; parmi des milliers qui regrettent le CPL and co. Il faut qu on s'organise, Un comité est mieux que rien, les Thouwars ne peuvent être d’accord sur tout, ce n’est pas grave si le but est le même! (il faut avouer que certaines demandes sont farfelues et d’autres inatteignables pour l’instant)

    Jack Gardner

    11 h 06, le 10 décembre 2019

  • Hé mecs, le moment n'est pas propice à la guerre des égos. Restez soudés et réglez vos problèmes intelligemment les hyènes guettent le moindre faux pas pour vous avaler tout cru. Comme à déjà dit Monsieur Edward Philippe concernant les ragots sur ses relations avec le president Macron. Il n'y a pas l'ombre d'un millième de papier de cigarette entre M. Macron et moi. Ne laissez pas l'espace d'un papier de cigarette entre vous il sera vite comblé par des opportunistes qui n'attendent que ça Allez courage on va y arriver.

    Sissi zayyat

    11 h 04, le 10 décembre 2019

  • c'est un premier pas qui sera suivi de plusieurs autres car toute revolution a des leaders qui parfois finissent a la guillotine mais la revolution gagnera en fin de compte , meme dans le sang comme en 1789 en France et au debut du siècle passe en Russie Le Liban a eu 4 presidents ex chef de l'armee mais a part le General Fouad Chehab aucun n'a laisse une empreinte positive sur la Liban et le dernier en date a meme abdique ses pouvoirs a un jeune gendre qui se croit tout permis et a fait de ce mandat le plus mauvais mandat economique jamais connu au Liban MR LE PRESIDENT IL EST TEMPS PEUT ETRE ENCORE DE REPRENDRE LE POUVOIR ET DONNER UN COUP DE POING SUR LA TABLE SANS LA RENVERSER ET DE FAIRE DES CONSULTATIONS POUR LE CHOIX D'UN PREMIER MINISTRE ET LE LAISSER FAIRE TOUT SEUL SON MINISTERE ET LUI DONNER LA CHANCE DE REUSSIR COMME IL LE PENSE ET COMME PENSE LA PLUS PART DU PEUPLE LIBANAIS QUI EN A RAS LE BOL DES POLITICIENS ACTUELS VOULOIR CONTINUER A SATISFAIRE TOUT LE MONDE ET PERSONNE ENTRAINERA LE PAYS DANS UN ABIME INSURMONTABLE DONT VOUS SEREZ PERSONELLEMENT RESPONSABLE AUPRES DE L'HISTOIRE AGISSEZ BON DIEU SANS COMBINES D'ALCOVES

    LA VERITE

    11 h 03, le 10 décembre 2019

  • IL DERANGE LES DERANGES QUI S,AGRIPPENT ENCORE AVEC LES ONGLES DE LEURS MAINS ET LEURS PIEDS ET LEURS DENTS AUX POSTES QU,ILS OCCUPENT DU PLUS GRAND AU PLUS PETIT ET AUX AVANTAGES QU,ILS S,OCTROIENT ET A LA CORRUPTION ET VOLS QU,ILS EXECUTENT. IL ETAIT TEMPS QU,IL Y AIT UN COMITE DE COORDINATION DE LA THAWRA.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 34, le 10 décembre 2019

  • Ce qui est évident c’est qu’on ne peut pas espérer le salut, des salauds. Attendre la formation d’un gouvernement de la main de ceux qui ont pillé et ruiné le pays et une folie ! Il est plus que temps que tous les individus, tous les comités, tous les groupes croyant pouvoir être utile à ce pays et en prendre les rênes se présentent au grand jour. In fine, le peuple choisira !

    Rana Raouda TORIEL

    08 h 43, le 10 décembre 2019

  • C'est une forme d'intelligence et de courage de se dire "Je me suis trompée et je quitte tel ou tel Parti" Je ne connais pas Mme.Carla Alam, mais en l'entendant parler, j'ai eu un grand moment d'espoir que la Thawra avait un programme clair et un comité, car il en faut un pour montrer que la Thawra est sérieuse et compétente. Il y aura toujours des gens malveillants surtout et probablement du Parti borné qui ne mérite pas une telle Dame. B.

    Berthe Chagoury

    07 h 59, le 10 décembre 2019

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