La journaliste Dima Sadek, qui fait l’objet d’une violente campagne de la part de partisans du Hezbollah et récemment d’un dignitaire chiite proche de la formation pro-iranienne, le cheikh Mahmoud Berjaoui, a affirmé à L’Orient-Le Jour hier recevoir des menaces de mort à un rythme quotidien.
Lors d’un prêche à Nabatiyé il y a quelques jours, le cheikh avait affirmé que « la charia prévoyait l’amputation et la crucifixion des personnes allant à l’encontre des préceptes religieux, comme Dima Sadek ». Les propos du dignitaire faisaient suite à une vidéo mise en ligne par Mme Sadek jeudi dernier sur son compte Twitter, dans laquelle elle revenait sur le vol de son téléphone portable, le 25 novembre, alors qu’elle participait à une manifestation sur la voie express du Ring. Dans sa vidéo, la journaliste s’adresse à un certain « hajj », désormais en possession de son portable et qui serait selon certains médias le hajj Wafic Safa, responsable de l’appareil sécuritaire du Hezbollah, et lui demande ironiquement si l’islam cautionnait le vol. « Je suis constamment harcelée, au téléphone ou sur WhatsApp. Je reçois des menaces de mort tous les jours sur Twitter ou WhatsApp », a confié à L’OLJ Mme Sadek, qui subit depuis un moment une campagne de cyber-harcèlement de la part des partisans du Hezbollah et du mouvement Amal. Concernant l’identité du « hajj » qu’elle mentionne dans sa vidéo, la journaliste a préféré ne pas donner plus de détails. « Ce que j’ai dit est clair et si je voulais nommer cette personne, je l’aurais fait », a-t-elle souligné. Elle a par ailleurs refusé de s’exprimer sur de possibles recours en justice face aux menaces dont elle fait l’objet.
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« Je vais te parler de charia »
Dans l’enregistrement qui a circulé sur les réseaux sociaux, le cheikh chiite s’en prend violemment à Dima Sadek et critique ses accusations envers le « hajj » en question, traitant la journaliste de « criminelle » et de « corrompue ». « Voilà le summum de l’insolence ! », s’emporte le cheikh dans la vidéo. « Si tu veux la charia (la loi islamique, NDLR), je vais te parler de charia. Celle-ci dit que ceux qui combattent Dieu et son prophète sur terre doivent être amputés des mains et des bras, crucifiés », poursuit le cheikh. « C’est une incitation flagrante au meurtre ! Vous cautionnez l’effusion de mon sang ! Vous appelez les gens publiquement, au nom de la religion, à me trancher la main, la jambe et à me crucifier ? (...) a pour sa part réagi Dima Sadek samedi sur Twitter. Je vais me contenter de mettre cette vidéo à la disposition des forces de l’ordre, en guise de note d’information », a-t-elle ajouté, tout en incluant dans son message le compte Twitter de la ministre sortante de l’Intérieur Raya el-Hassan et celui des Forces de sécurité intérieure. La réponse du dignitaire chiite est intervenue en soirée. Ce dernier a tenté, dans un communiqué, de minimiser la portée de ses propos, dénonçant « une exploitation et une déformation » de ce qu’il avait dit.Dima Sadek, journaliste vedette de la LBCI, avait récemment démissionné de la chaîne et a pris ouvertement fait et cause pour le soulèvement du 17 octobre.
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commentaires (8)
Dans le Liban de demain, celui que j’aimerais léguer à mes enfants, Mme Sadek serait ministre de l’information elle ferait 1000 fois mieux que les co…lons de service
Liban Libre
22 h 33, le 09 décembre 2019