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Liban - Consultations parlementaires

Khatib toujours en lice, l’option Hariri pas écartée

Le Premier ministre démissionnaire pourrait nommer le vice-président de Khatib & Alami, mais pas son bloc parlementaire.

Le Premier ministre démissionnaire, Saad Hariri. Photo ANI

Le chef de l’État, Michel Aoun, s’est octroyé un laps de temps assez généreux pour tenter de lever, en amont, tous les obstacles susceptibles de bloquer la formation d’un nouveau gouvernement. Or, à deux jours de la date fixée pour la tenue des consultations parlementaires contraignantes, la situation reste toujours floue et l’issue de ces consultations plus aléatoire que jamais.

Théoriquement, le vice-président de la compagnie Khatib & Alami, Samir Khatib, est toujours donné favori, mais un retour de Saad Hariri à la tête du gouvernement n’est pas exclu non plus.

M. Aoun en est d’autant plus conscient qu’après avoir tenté de paver la voie à un accord sur la nature et la composition du futur cabinet avant même la désignation du Premier ministre – une initiative qui lui a valu des accusations de violation de la Constitution et la colère de la rue –, il a fini par réaliser la difficulté de la tâche et a jeté l’éponge. Ce sera donc aux parlementaires de trancher. Sauf que leur tâche ne sera pas une sinécure non plus. En tout cas pas avant que le Premier ministre démissionnaire, Saad Hariri, et son bloc n’annoncent leur choix lundi. Ce sont eux qui feront pencher la balance dans un sens ou dans l’autre. Même s’il a donné son accord de principe à la candidature de M. Khatib – histoire de ne pas assumer la responsabilité d’un blocage –, M. Hariri sait pertinemment que sa reconduction à la tête du gouvernement est voulue pratiquement pas toutes les parties politiques. C’est lui et lui seul qui continue de bénéficier à la fois de la confiance de la communauté internationale et de l’appui de la majeure partie de la rue sunnite, ainsi que du tandem chiite. Dans ce contexte, nombreux sont ceux qui estiment que la désignation de M. Khatib est « mort-née », ce dernier n’ayant aucune légitimité dans la rue sunnite, encore moins aux yeux du mouvement de contestation qui refuse de voir une figure du monde des affaires – accusée de surcroît de faire partie du système taxé de corruption – investir le pouvoir. On reproche aussi à M. Khatib de n’avoir aucune expérience politique préalable, ne serait-ce que ministérielle, pour pouvoir assumer une responsabilité aussi lourde dans des circonstances aussi exceptionnelles.


(Lire aussi : De vols et de violsl'éditorial de Issa GORAIEB)



Plusieurs scénarios
C’est donc à plusieurs scénarios que l’on peut s’attendre lundi prochain, les inconnues étant nombreuses.

À part les Forces libanaises et les Kataëb qui ont clairement annoncé qu’ils s’abstiendront de voter pour quelque candidat que ce soit, la majorité des blocs restent pour l’heure assez discrets quant à l’orientation de leur choix. À l’exception du bloc du Liban fort (dont le Courant patriotique libre est la principale composante), qui devrait en principe avaliser le nom de M. Khatib, à moins d’un retournement de dernière minute, les autres blocs devront probablement se prononcer une fois que M. Hariri aura donné le tempo. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le chef de l’État a choisi de commencer ses entretiens, dans le cadre des consultations de lundi, avec M. Hariri et par la suite avec son groupe parlementaire du Futur.

« Si Saad Hariri ne nomme personne, on saura d’ores et déjà que les consultations seront vouées à l’échec car tous les autres blocs qui lui sont alliés feront de même », croit savoir un analyste ayant requis l’anonymat.

Le chef du gouvernement démissionnaire devrait en principe réunir les membres de son bloc dimanche soir pour prendre une décision finale sur l’attitude à adopter. Selon des sources informées, le scénario le plus probable est que le chef du gouvernement sortant nomme M. Khatib, avant que ses coéquipiers au sein du Futur, 19 députés, ne désignent M. Hariri, selon un jeu de rôle convenu d’avance. Le tandem chiite pourrait alors faire de même et désigner à son tour M. Hariri, de même que le Parti socialiste progressiste. On apprenait également que plusieurs députés indépendants ne soutiendront pas la candidature de M. Khatib. Il s’agit notamment des députés au sein du bloc Liban fort ou proches du CPL tels que Chamel Roukoz, Michel Daher, Michel Mouawad, de parlementaires proches du camp du 8 Mars (Oussama Saad, Jamil Sayyed) ainsi que les sunnites au sein de la Rencontre consultative. Certains, comme le député Nouhad Machnouk, pourraient même ne pas prendre part aux consultations.


(Lire aussi : Le Hezbollah de plus en plus convaincu d’un complot dirigé contre lui, le décryptage de Scarlett HADDAD)




Quelle marge de manœuvre pour Aoun ?
En soirée, l’ancien ministre Wi‘am Wahhab a donné un indice supplémentaire sur la nouvelle orientation que pourraient prendre les consultations, compte tenu de la tenue de la réunion du Groupe international de soutien au Liban à Paris le 11 décembre. Dans un tweet, M. Wahhab a indiqué que ces assises « pourraient entraîner une permutation des noms des candidats à la présidence du Conseil ». De sources proches du Hezbollah, on voit aussi dans cette réunion l’indice d’un soutien français à un retour de Saad Hariri à la tête du gouvernement, tout en soulignant que l’image reste floue et dépend d’une entente des différentes parties avec M. Hariri. « Le Liban mise sur le soutien du président français Emmanuel Macron pour stopper l’effondrement économique et financier vers lequel se dirige le pays », a-t-il ajouté. Une allusion à peine voilée à la remise sur le tapis de la candidature de M. Hariri, qui reste pour l’heure l’interlocuteur privilégié de l’Occident.

C’est donc à la lumière de ces consultations que le chef de l’État devra procéder à la nomination du Premier ministre qui, en principe, aura engrangé le plus grand nombre de voix. Selon Antoine Sfeir, avocat et professeur de droit international, quand bien même le président aurait noté l’avis des différents blocs parlementaires, il continue de jouir d’un pouvoir d’appréciation qui lui donne une certaine marge de manœuvre. « Le chef de l’État n’est pas une simple boîte aux lettres et son rôle va au-delà d’une simple évaluation comptable de l’avis des députés. S’il sait par exemple que le Premier ministre n’aura pas la confiance du Parlement, il peut recourir à son pouvoir d’appréciation avant de trancher », commente l’avocat. Un avis toutefois contesté par l’ancien député et constitutionnaliste Salah Honein qui affirme que le chef de l’État n’a pas son mot à dire dans le processus des consultations parlementaires. « Le législateur a sciemment voulu enlever cette prérogative des mains du président pour la confier à la Chambre », souligne l’ancien député précisant que le président devra s’en tenir à la lettre des résultats des consultations pour se prononcer.

En attendant, la rue, qui rejette toute la classe politique et réclame la formation d’un cabinet d’experts indépendant, est de nouveau appelée à se mobiliser ce week-end, ainsi que lundi.


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Pourquoi Aoun n’a-t-il pas convoqué rapidement les consultations parlementaires ? 3 lectures sont données

Le chef de l’État, Michel Aoun, s’est octroyé un laps de temps assez généreux pour tenter de lever, en amont, tous les obstacles susceptibles de bloquer la formation d’un nouveau gouvernement. Or, à deux jours de la date fixée pour la tenue des consultations parlementaires contraignantes, la situation reste toujours floue et l’issue de ces consultations plus aléatoire que jamais....

commentaires (9)

RAFIC 2005 Le Liban tout simplement a une économie saine et une malsaine La saine est un don de Dieu car naturelle et provenant de ses émigrés et ne demandant qu’à se multiplier La malsaine est celle qui gaspille cette manne en retardant l’échéance de l’échec de gestion des grandes familles politiques de ce pays. Ils partent tous demain , mais alors tous avec leurs armes aussi et les affaires reprennent . Ils restent , on s en va tous et nous leur laissons la table de multiplication par zéro.! C’ EST AUSSI SIMPLE QUE ÇA ! PAS BESOIN DE CHERCHER AUTRE CHOSE

PROFIL BAS

14 h 53, le 07 décembre 2019

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Commentaires (9)

  • RAFIC 2005 Le Liban tout simplement a une économie saine et une malsaine La saine est un don de Dieu car naturelle et provenant de ses émigrés et ne demandant qu’à se multiplier La malsaine est celle qui gaspille cette manne en retardant l’échéance de l’échec de gestion des grandes familles politiques de ce pays. Ils partent tous demain , mais alors tous avec leurs armes aussi et les affaires reprennent . Ils restent , on s en va tous et nous leur laissons la table de multiplication par zéro.! C’ EST AUSSI SIMPLE QUE ÇA ! PAS BESOIN DE CHERCHER AUTRE CHOSE

    PROFIL BAS

    14 h 53, le 07 décembre 2019

  • C'est Saad qui fait sa chochotte, il en crève d'envie mais il se la joue pas intéressé du tout . Il a fait appel au monde , Russie et Chine en plus de ses alliés traditionnels pour venir en aide au Liban, il pourrait tout simplement , lui et les alliés corrompus de l'occident comme geagea joumblatt les gemayel etc... mettre la main à la poche et régler le problème économique. Je lisais , effaré , un commentaire par un soit disant économiste des bas quartier de Beyrouth nous dire , le peuple libanais peut crever par suicide IMMOLATION ou mutilation mais il ne sera jamais question de livrer le pays à l'axe de la résistance, oh la belle mentalité, le pire c'est que son voeu se réalise. Pour ce genre de mentalité, il faudrait donc livrer le pays à qui ? D'après lui . Aux vautours qui nous tournent au dessus de la tête peut-être , parce que en attendant de régler notre problème, les plus démunis meurent de faim et d'angoisse, tandis que d'autres continuent de danser des DABKEH endiablées de résistants de pacotille .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 00, le 07 décembre 2019

  • Hariri plus cabinet de TECHNOCRATES APOLITIQUES. Seule alternative qui sauverait le pays ...

    Remy Martin

    11 h 03, le 07 décembre 2019

  • j'en ai mal à la tête !

    Brunet Odile

    10 h 09, le 07 décembre 2019

  • ET VOILA, UN CERTAIN AVOCAT APPELE ANTOINE SFEIR NOUS APPORTE UNE NOUVELLE INTERPRETATION CAVALIERE DE LA CONSTITUTION . JE CITE: Le chef de l’État n’est pas une simple boîte aux lettres et son rôle va au-delà d’une simple évaluation comptable de l’avis des députés. S’il sait par exemple que le Premier ministre n’aura pas la confiance du Parlement, il peut recourir à son pouvoir d’appréciation avant de trancher » FIN DE CITATION ! IL NE NOUS MANQUAIT PLUS QUE CA ! CHERCHERAIT IL UNE PLACE AU SOLEIL -MEME COUCHE-QUELQUE PART POUR BIENTOT ?

    Gaby SIOUFI

    09 h 24, le 07 décembre 2019

  • Combien de temps faudra-t-il encore à nos lumières vacillantes qui se prétendent nos responsables pour enfin se décider à agir, pendant que le peuple se débat dans des problèmes toujours plus graves ? Le gâteau est probablement déjà découpé en parts, comme toujours...mais de grâce, le décor final...ça peut s'ajouter à la fin ! Et s'il leur faut des lunettes spéciales double ou même triple foyer pour grands myopes, donnez-les leur en toute urgence...pour sauver notre pauvre pays ! Merci ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 54, le 07 décembre 2019

  • Si l’option Hariri n'est pas sérieuse , toute autre formation de gouvernement ne verra pas le jour

    Antoine Sabbagha

    07 h 23, le 07 décembre 2019

  • TOUT CE BAVARDAGE NE VAUT RIEN. ILS PERDENT LEUR TEMPS ET RÊVENT EN COULEURS LES EX. LA RÉALITÉ SE TROUVE À LA FIN DANS LES DEUX DERNIÈRES LIGNES.

    Gebran Eid

    02 h 02, le 07 décembre 2019

  • ON VA FAIRE DES TOURS ET DES DETOURS ET ON VA REVENIR A HARIRI. IL EST L,HOMME REQUIS POUR LA CIRCONSTANCE ET AGREE PAR LES DONATEURS ET INVESTISSEURS DE LA CEDRE ET PAR LES INSTITUTIONS INTERNATIONALES. MA FI GHAYROU !

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 22, le 07 décembre 2019

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