Rechercher
Rechercher

Liban - Affaires sociales

De nombreuses associations en charge d’enfants à handicap sont en grande difficulté

Privée des allocations de 2019 et de toute stabilité financière, la Fondation al-Kafaat, qui s’occupe de plus de 1 000 enfants, a fermé ses portes.

Des familles dont les enfants sont pris en charge par la Fondation Kafaat manifestant, au printemps dernier, contre l’incohérence de la politique sociale de l’État. Archives de L’OLJ

« Pour certaines associations, c’est une question de semaines, voire de jours. » Réunie hier en séance extraordinaire, la Fédération nationale pour le handicap a lancé un ultime cri d’alarme, affirmant que les 102 associations qu’elle représente, et qui accueillent environ 12 000 enfants ou personnes à handicap, sont toutes en grande difficulté. N’ayant encore rien perçu des allocations convenues avec le ministère des Affaires sociales pour 2019, ces associations sont condamnées, tôt ou tard, si les fonds ne sont pas débloqués, à la fermeture, et certaines ont déjà franchi le pas.

« C’est à qui tiendra le plus longtemps possible », affirme Nicole Naamé, présidente de l’association al-Younbouh (Kesrouan, 65 enfants à charge), qui assure : « Pour certains, c’est une question de un ou deux mois, mais pour d’autres, c’est une question de quelques semaines. Dans un premier temps, ce sera les restrictions – demi-horaire et demi-salaire – et c’est déjà le cas pour beaucoup d’associations ; mais, à terme, c’est la fermeture. » Et d’ajouter : « La fondation al-Kafaat qui, avec plus de 1 000 enfants à handicap et cas sociaux à sa charge, est l’une des quatre ou cinq plus grandes institutions dans ce domaine, vient de fermer les portes de ses dix centres. Avec la fin de l’année, si rien n’est fait, la majorité des autres associations l’imiteront. »

Avec un gouvernement démissionnaire, la hausse des prix et l’incapacité de la grande majorité des familles de régler des frais scolaires, fût-ce ceux du transport, les associations ont décidé de jouer leur dernière carte : organiser un sit-in dans les divers espaces de rencontre dont ils disposent, dans les divers mohafazats. Date, le mardi 3 décembre, « Journée internationale des personnes à handicap ». Tout le monde y sera, se promettent-ils : parents et enfants, personnels enseignant et administratif, amis, édiles et société civile. Objectif : convaincre les autorités, ou un éventuel gouvernement, de régler au plus vite ne serait-ce que 60 % des allocations impayées de 2019, à valoir sur les montants définitifs.


Une catastrophe

« La fermeture de Kafaat est, à elle seule, une catastrophe », s’indigne Mme Naamé, témoin du ralentissement progressif des activités de toutes les associations. « Aujourd’hui, assure-t-elle, on ne peut même plus faire une collecte de fonds. Nous avions l’habitude d’organiser un spectacle et de vendre un millier de billets à l’occasion de Noël. Mais les priorités des familles ont changé, tout le monde aujourd’hui se serre la ceinture. Nous avons de ce fait annulé notre cérémonie de fin d’année. »

Ramzi Choueiri, directeur propriétaire des centres al-Kafaat, qui dispose notamment d’une école professionnelle, s’est expliqué dans une vidéo mise en ligne sur YouTube, sur les raisons de sa décision de fermer son institution. « En l’absence d’une politique sociale claire, avec la répétition des mêmes erreurs tous les ans, et en l’absence de toute stabilité financière, nous n’avions plus le choix », a-t-il affirmé.

Le directeur de cette institution respectée par tous évoque ses charges en matière de salaires, de Sécurité sociale, de fournitures alimentaires et de combustible de chauffage, non sans faire allusion aux nouvelles difficultés bancaires qu’il rencontre.

Rejoignant sur ce point la fédération citée plus haut, M. Choueri rappelle que les barèmes des allocations que les associations reçoivent du ministère des Affaires sociales ont été établis en 2011 et doivent donc être révisés à la hausse.

« Kafaat n’est plus en mesure d’assurer les standards qu’elle s’est fixés pour un accueil digne des enfants dont elle a la charge. Nous fermons », a-t-il conclu, s’engageant à rouvrir les centres de son institution, quand le ministère des Finances se décidera à débloquer les montants convenus.

Rappelons qu’au printemps, les associations prenant en charge des enfants à handicap avaient lancé une première et vigoureuse campagne de revendications. Cette dernière avait abouti au paiement, au milieu de l’année, du reliquat des allocations de… 2018.


Lire aussi

À Tarik Jdidé, c’est la crise économique qui inquiète par-dessus tout

Les parents d’élèves en retard pour les écolages ; déjà des coupes dans les salaires des enseignants


« Pour certaines associations, c’est une question de semaines, voire de jours. » Réunie hier en séance extraordinaire, la Fédération nationale pour le handicap a lancé un ultime cri d’alarme, affirmant que les 102 associations qu’elle représente, et qui accueillent environ 12 000 enfants ou personnes à handicap, sont toutes en grande difficulté. N’ayant encore...

commentaires (1)

Je pense que ces associations devraient demander l'aide directe des pays du Golfe car je pense que les dirigeants de ces pays auront de la compassion envers les pauvres de notre pays. Mais ces donations devraient etre sous stricte controle de gens delegés par ces donateurs.

Eddy

12 h 51, le 27 novembre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Je pense que ces associations devraient demander l'aide directe des pays du Golfe car je pense que les dirigeants de ces pays auront de la compassion envers les pauvres de notre pays. Mais ces donations devraient etre sous stricte controle de gens delegés par ces donateurs.

    Eddy

    12 h 51, le 27 novembre 2019

Retour en haut