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Liban - Environnement

Neuf militants pour la sauvegarde de la vallée de Bisri convoqués lundi à un poste de gendarmerie du Chouf

Les écologistes avaient enfoncé les barrières qui interdisaient aux habitants des localités limitrophes de Bisri d’accéder à leurs terres.

Des militants écologiques enfonçant une barrière dans la plaine de Bisri. Photo tirée du compte Twitter du Mouvement écologique libanais

Neuf militants écologiques sont convoqués, le lundi 25 novembre à 10h, au poste de gendarmerie de Mazraat el-Dahr, dans le caza du Chouf, à la suite d’une plainte déposée contre eux par l’entrepreneur chargé de la construction du barrage de Bisri, a déclaré hier le Mouvement écologique libanais sur son compte Twitter. Il s’agit de Paul Abi Rached, Wissam Hanna, Amani Beaïni, Hassan Hajjar, Ajouad Ayache, Amer Machmouchi, Saadé Saadé, Roland Nassour et Claude Habib.

Le barrage de Bisri, auquel s’opposent les habitants des villages de la région et les écologistes, doit être construit sur une superficie de six millions de mètres carrés dans une vallée située entre le Chouf et Jezzine, avec pour objectif d’alimenter Beyrouth en eau. D’une capacité de 120 millions de mètres cubes, il doit être exécuté par le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) pour un budget de plus de 1,2 milliard de dollars, assuré par un prêt de la Banque mondiale. Près de la moitié de l’eau qui devrait être acheminée vers la capitale provient du lac du Qaraoun (barrage du Litani), dont l’eau est polluée.

Contacté par L’Orient-Le Jour, Paul Abi Rached, président du Mouvement écologique libanais, explique que l’entrepreneur a déposé cette plainte après que « nous avons ouvert par la force les entrées menant à la plaine de Bisri ». Il raconte ainsi que le 9 novembre, et dans la foulée du mouvement de soulèvement populaire qui a commencé le 17 octobre, une manifestation avait eu lieu à Bisri à laquelle ont pris part plus de mille personnes. « Ce jour-là, nous avons réussi, pour la première fois depuis plusieurs mois, à entrer dans l’enceinte de la plaine », se réjouit-il. « Nous avons réussi à forcer les deux barrages des Forces de sécurité intérieure », érigés à la demande du CDR et empêchant les habitants des trente-trois localités situées dans le Chouf et à Jezzine d’accéder à leurs terrains. « Puis nous avons ouvert la barrière de l’entrée sud de la vallée, c’est-à-dire celle située du côté de Jezzine, poursuit M. Abi Rached. Depuis, on y campe pour empêcher qu’on ne la referme de nouveau. »

M. Abi Rached note que le samedi 16 novembre, un feu de camp a été organisé dans une pinède centenaire de Bisri (du côté de Jezzine) au cours duquel cinquante pins ont été plantés à côté des arbres abattus dans le cadre des travaux visant l’édification du barrage. Le feu de camp a été suivi le lendemain d’un petit déjeuner auquel ont pris part des familles venues de Jezzine, du Chouf, de Saïda et de l’Iqlim el-Kharroub, régions limitrophes de la plaine, mais aussi de Beyrouth et du Mont-Liban.

« Nous avons par la suite visité l’église Mar Moussa située côté Chouf de la vallée de Bisri, traversant à cet effet le fleuve, précise-t-il. En voulant sortir de la région, nous avons été surpris par une barrière et un portail qui bloquaient la route publique côté Chouf. Or, cela est interdit par la loi. Nous avons demandé à un ouvrier qui se trouvait sur place d’ouvrir le portail. Il a refusé de le faire. Nous avons alors forcé la barrière pour que les voitures puissent accéder à la route. Nous l’avons aussi endommagée pour qu’on ne puisse plus la refermer. Nous avons de plus détruit le panneau signalant les travaux relatifs au barrage de Bisri. »

Paul Abi Rached explique qu’à maintes reprises, la campagne pour la sauvegarde de la plaine de Bisri et les écologistes ont eu recours à plusieurs moyens pour arrêter ce projet. En vain. « Nous nous sommes entretenus avec des parlementaires, des experts ont présenté des études sur les dangers de ce projet et nous avons eu recours à plusieurs actions en justice dont l’une remonte à 2014, signale-t-il. Malgré cela, l’abattage des arbres a commencé, accompagné d’une vente de bois mais aussi de sable. Or, tous ces travaux sont illégaux. Et voilà que l’entrepreneur dépose une plainte contre neuf militants, sachant que certaines personnes faisant l’objet de cette plainte ne se trouvaient pas avec nous dimanche dernier. »



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commentaires (3)

Messieurs les champions déclarés de la lutte contre la corruption, et "chefs" de cette magnifique région...où êtes-vous...que faites-vous pour empêcher ce crime contre l'environnement de votre pays ? Ou peut'être faites-vous partie de ceux qui vont engranger des millions de dollars...grâce à ce projet criminel et surtout inutile ? Irène Saïd

Irene Said

10 h 31, le 24 novembre 2019

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Commentaires (3)

  • Messieurs les champions déclarés de la lutte contre la corruption, et "chefs" de cette magnifique région...où êtes-vous...que faites-vous pour empêcher ce crime contre l'environnement de votre pays ? Ou peut'être faites-vous partie de ceux qui vont engranger des millions de dollars...grâce à ce projet criminel et surtout inutile ? Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 31, le 24 novembre 2019

  • Bisri ce petit bout de paradis entre Chouf et sud triste de le voir disparaitre un jour surtout que nos espaces verts deviennent rares . Bonne chance aux militants

    Antoine Sabbagha

    08 h 46, le 24 novembre 2019

  • Détruire des barrières qui empêchent des propriétaires d'accéder à leur terres est un acte citoyen. ET ce sont les poseurs de barrière qui portent plainte!

    Yves Prevost

    07 h 43, le 24 novembre 2019

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