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Une jeune chercheuse libanaise s’engage pour l’amélioration de la qualité de l’air

En l’absence de toute politique environnementale et urbaine, la pollution atmosphérique au Liban figure parmi les plus élevées. D’où l’intérêt de la méthode analytique innovante développée par la Dr Héléna Alamil pour mesurer l’impact de certains polluants aériens sur la santé.

Se passionnant pour le domaine de la toxicologie, parce qu’il établit « le lien entre l’environnement et la santé de l’homme », Héléna Alamil a mis au point une méthode, dans le cadre de sa thèse doctorale, qui évalue l’effet de certains polluants volatils sur la santé. Ci-dessus, Héléna Alamil (à droite) avec sa directrice de thèse, la professeure Zeina Dagher. Crédit photo Charbel Semaan

Au bout de trois années de travail sur sa thèse effectuée en cotutelle entre l’Université libanaise (UL) et l’Université de Caen Normandie (UCN) sous la direction des professeurs Zeina Dagher et Raphaël Delépée, Héléna Alamil a réussi à développer une méthode qu’elle a validée selon les normes internationales. Une méthode que, désormais, tout autre scientifique pourrait utiliser, en citant cette chercheuse libanaise en tant que son auteur.

Grâce à cette méthode, il est possible de déduire à quel polluant aérien volatil, appelé aldéhyde, une personne est exposée, et de déterminer, par conséquent, les différentes sources de pollution. Les aldéhydes sont présents dans les émissions dues aux combustions de diesel et d’essence, et dans la fumée du tabac ou de la cuisson. Ils sont produits également par le corps humain, à faible dose, et sont éliminés naturellement. « Le but c’est de pouvoir plus tard prédire et prévenir le cancer et les maladies chroniques, causés par l’exposition à ces polluants. Compte tenu de la situation au Liban, un tel sujet est intéressant dans la compréhension de la contribution de ces polluants dans la survenue du cancer qui est la maladie la plus répandue de nos jours, explique Héléna Alamil, qui, après avoir obtenu un doctorat en sciences de vie et de santé de l’UCN et en toxicologie de l’UL, a hâte de retourner dans son pays. J’ai voulu contribuer à apporter une amélioration au traitement de l’air, effectuer des recherches sur les polluants aériens et leurs effets sur la santé de l’homme. »

Cette méthode donne ainsi une idée sur le risque d’être exposé à ces polluants aériens, de même qu’elle permet d’évaluer l’impact de cette exposition sur la santé. En effet, assimilés par le corps, les aldéhydes pénètrent dans le sang. La Dr Alamil explique : « Dans les cellules sanguines, les aldéhydes et l’ADN s’attirent. Chaque aldéhyde se colle sur l’une des bases que contient l’ADN, pour former un seul corps qui s’appelle adduit et qui constitue un indicateur biologique. » D’ailleurs, selon la jeune chercheuse, le mot adduit signifie addition et produit. En d’autres termes, « c’est le produit de l’addition de deux éléments, un aldéhyde et une base de l’ADN. Ce produit qui a une forme spécifique signale l’exposition de l’ADN à un aldéhyde », poursuit-elle.

Selon ses dires, « c’est la première méthode, développée et validée, qui arrive à détecter et à mesurer, d’une façon simultanée, neuf adduits qui correspondent chacun à un aldéhyde ».

Agir en faveur d’un environnement sain

Pour sa thèse, Héléna Alamil a étudié deux cas, l’un lors de son séjour en France et l’autre au Liban. Au cours du premier, elle a travaillé, sous la direction de la professeure Mathilde Lechevrel, sur des échantillons sanguins de fumeurs belges, appliquant sa méthode, afin d’établir un profil des adduits spécifiques aux fumeurs. « Lorsqu’on valide que ce profil d’adduits est un indicateur biologique de l’exposition de l’homme au tabac, on pourrait avoir des capacités diagnostiques (dépister une maladie), pronostiques (suivre son évolution) et prédictives (évaluer la réponse au traitement). À ce point-là, l’intérêt est clinique », assure la Dr Alamil.

Au Liban, cette dernière a analysé des prélèvements biologiques de policiers libanais au laboratoire du département de biologie de l’UL de Fanar. Cette population a fait l’objet d’une étude antérieure sur l’exposition aux différents polluants, débutée en 2011 par la professeure Zeina Dagher, en collaboration avec les Forces de sécurité intérieure. Ce qu’Héléna Alamil a apporté, dans son étude, c’est l’exposition de ces agents de la circulation aux aldéhydes de l’air qui viennent s’ajouter à ceux générés dans l’organisme, suite au stress oxydant. « Dans les périodes de stress et de fatigue, les cellules produisent une quantité élevée d’aldéhydes et perdent l’équilibre entre leur production et leur élimination. Nous avons pris cela en considération, vu que les résultats obtenus ont montré que ces policiers subissent un stress oxydant durant leur travail », explique la Dr Alamil.

En l’absence de toute politique environnementale et urbaine, la pollution atmosphérique au Liban figure parmi les plus élevées. Depuis ses premières années d’études en chimie, puis au cours de son master en expertise et traitement en environnement qu’elle a accompli à la faculté des sciences de l’UL à Fanar, Héléna Alamil a été animée d’un fort désir d’agir en faveur d’un environnement sain. « Je me suis toujours intéressée à l’application de la chimie au domaine de l’environnement, surtout que la chimie est liée à notre vie de tous les jours. J’ai voulu trouver des solutions aux problèmes environnementaux, les déchets, la pollution qui est partout », confie celle qui espère que, dans un avenir proche, la voix des chercheurs et des scientifiques pèserait dans les décisions politiques environnementales.


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