Les deux militaires libanais accusés d'avoir tué par balles le manifestant Ala' Abou Fakhr sur une route au sud de Beyrouth doivent être entendus par la justice lundi, dans le cadre du procès de cette affaire qui a secoué le Liban qui connaît une contestation populaire inédite depuis le 17 octobre et à laquelle avait pris part la victime, tuée sous les yeux de sa famille. L'un des militaires est en état d'arrestation, l'autre en cavale.
Ala' Abou Fakhr, un manifestant affilié au Parti socialiste progressiste du leader druze Walid Joumblatt, avait été tué dans la nuit du 12 au 13 novembre à Khaldé, dans le caza de Aley. Il s'agissait de la deuxième victime du mouvement visant une classe politique jugée corrompue et accusée de népotisme, sur fond de difficultés économiques.
Selon la version des faits publiée par l'armée, une rixe a eu lieu entre un groupe de protestataires qui barraient la route et des militaires qui passaient à bord d'un véhicule militaire. Un soldat, l'adjudant-chef Charbel A., a alors ouvert le feu pour les disperser. L’institution militaire avait annoncé avoir ouvert une enquête après l'arrestation du militaire qui a ouvert le feu et l'avoir déféré devant la justice. Mais de nombreux témoins interrogés par L’Orient-Le Jour et présents sur les lieux du drame précisent que l’homme qui a tiré se trouvait derrière le volant et était en tenue civile, et que l’homme assis à ses côtés, le colonel Nidal D., ne portait pas non plus de tenue militaire.
(Pour mémoire : Une série d’erreurs tragiques aurait conduit à la mort de Ala’ Abou Fakhr)
Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "le premier juge d'instruction militaire par intérim, Fadi Sawan, a reçu aujourd'hui, jeudi, le dossier d'accusation établi par le parquet général militaire à l'encontre de l'adjudant-chef Charbel A., en état d'arrestation, pour meurtre contre Ala' Abou Faraj". L'Ani explique que "la commissaire adjointe du gouvernement près le tribunal militaire, la juge Mona Hankir, avait poursuivi l'accusé pour homicide volontaire contre Ala' Abou Fakhr et pour avoir tiré des coups de feu en l'air et menacé d'autres personnes". "La juge Hankir avait également poursuivi le colonel Nidal D. (qui reste en cavale) pour être intervenu dans le cadre de l'assassinat et le tirs de coups de feu. Elle a transféré le dossier et déféré l'accusé devant le juge Sawan qui doit étudier l'affaire afin d'auditionner les accusés lundi".
Lara Abou Fakhr, la veuve de Ala', avait raconté à L'Orient-Le Jour avoir "vu l’officier donner l’ordre à son chauffeur de tirer. J’ai vu ce dernier charger son fusil-mitrailleur, tirer deux coups en l’air, puis il a pointé son arme sur mon mari. J’ai voulu protéger Ala’, mais il m’a poussée".
Pour mémoire
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Que toute la lumière soit faite. Elle n'est pas belle à voir pour CEUX QUI ACCUSENT SANS RÉFLÉCHIR DES INNOCENTS.
FRIK-A-FRAK
20 h 10, le 21 novembre 2019