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À La Une - émeutes en Iran

Trump accuse Téhéran de chercher à dissimuler une "tragédie"

Les gardiens de la révolution louent l'"action" des forces armées.

Des embouteillages dans une rue de Téhéran, le 21 novembre 2019. AFP

Le président américain Donald Trump a accusé jeudi Téhéran d'essayer, en coupant l'accès à internet, de cacher aux Iraniens et au monde la "tragédie" en cours dans ce pays touché par un vaste mouvement de contestation. En Iran, les gardiens de la révolution ont de leur côté vanté l'action "rapide" des forces armées face aux "émeutiers".

Après plusieurs jours de manifestations ayant démarré après l'annonce subite d'une forte hausse du prix de l'essence, l'Etat avait affirmé mercredi être sorti victorieux d'un "complot" ourdi à l'étranger. Jusqu'à présent les autorités ont confirmé la mort de cinq personnes - quatre représentants de l'ordre et un civil - mais l'ONU a dit craindre que la répression ait fait "des dizaines" de morts.

"L'Iran est devenu si instable que le régime a coupé tout le système internet pour que le grand peuple iranien ne puisse pas parler de l'énorme violence qui se passe dans le pays", a tweeté Donald Trump, qui a imposé des sanctions draconiennes à la République islamique depuis qu'il claqué la porte de l'accord international sur le nucléaire iranien. "Ils veulent zéro transparence, en pensant que le monde ne se rendra pas compte de la mort et la tragédie que cause le régime iranien!", a-t-il ajouté.

Internet reste largement coupé en Iran malgré un retour au calme apparent. Mardi, le gouvernement iranien a fait savoir qu'il ne mettrait fin à la coupure d'internet que lorsqu'il serait certain que le réseau ne serait pas "utilisé à mauvais escient" pour de nouvelles émeutes.


(Lire aussi : Sous pression en interne,Téhéran va-t-il resserrer l’étau autour du Liban et de l’Irak ?)



Rétablissement "partiel" d'internet

Le député réformateur Ali Motahari, cité par l'agence semi-officielle Isna, a estimé que le black-out n'était plus nécessaire "compte tenu du retour au calme dans le pays" et a appelé les autorités à lever la mesure en vigueur depuis bientôt cinq jours.

L'ONG Netblocks, qui surveille la liberté d'accès à internet de par le monde, a indiqué observer un début de rétablissement, encore très "partiel", des liens cybernétiques du pays avec le monde extérieur.

Les troubles, aux cours desquels des stations-service, des commissariats, des mosquées et des bâtiments publics ont été incendiés ou attaqués, ont commencé après l'annonce d'une réforme du mode de subvention de l'essence, censée bénéficier aux ménages les moins favorisés mais s'accompagnant d'une très forte hausse du prix à la pompe. Ils sont survenus alors que l'Irak, voisin de l'Iran, est touché par une vague de contestation populaire d'une ampleur inédite dénonçant l'inaction des autorités pour régler leurs problèmes, ainsi que ce que les protestataires qualifient d'ingérence de Téhéran dans les affaires irakiennes.

A Téhéran, des Iraniens ont témoigné de leurs difficultés auprès de l'AFP, comme Ehsan. "Nos revenus n'ont pas augmenté du tout mais nos dépenses ont triplé ou quadruplé", dit ce comptable, "si ça continue comme ça, il sera vraiment difficile" de s'en sortir.

Pour le régime iranien, la contestation en Irak, comme en Iran, est téléguidée par des puissance étrangères hostiles à la République islamique: les Etats-Unis, Israël et l'Arabie saoudite, grand rival régional de l'Iran.


(Lire aussi : Iran : la stratégie américaine est-elle en train de fonctionner ?)



"Mort aux séditieux"

Recourant à une pratique régulièrement dénoncée par plusieurs organisations de défense des droits humains, la télévision d'Etat a diffusé jeudi les "aveux" d'une femme, présentée comme Fatemeh Davand et accusée d'avoir été "l'une des meneuses des émeutes" dans le Nord-Ouest. La télévision a également fait état de l'arrestation d'un ancien employé de l'ambassade d'Iran au Danemark, accusé d'avoir participé au blocus de l'une des autoroutes urbaines de Téhéran. "Du matériel d'espionnage et d'autres équipements électroniques" auraient été trouvés à son domicile.

Comme la veille, la télévision a rendu compte de manifestations "spontanées" de soutien aux autorités, aux cris de "mort aux séditieux ! Mort à l'Amérique", dans plusieurs villes.

Amnesty International a accusé le pouvoir d'avoir recouru excessivement "à la force létale pour écraser des manifestations largement pacifiques" et estime qu'au moins 106 contestataires auraient été tués. Chiffres "spéculatifs et non fiables", a répondu la délégation iranienne au siège des Nations unies à New York.

L'Allemagne a condamné les "actions disproportionnées" des forces de sécurité iranienne. A Bruxelles, l'Union européenne a dit attendre des forces de sécurité qu'elles fassent preuve "de la plus grande retenue". Téhéran a répliqué en accusant l'UE d'ingérence et en demandant à l'Europe d'expliquer pourquoi "elle ne ten(ait) pas ses promesses" d'aider la République islamique à contourner les sanctions américaines qui ont plongé son économie dans une violente récession.



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commentaires (3)

C'est comme un chirurgien qui sort du bloc opératoire en disant à la famille que l'opération a bien réussie mais le malade est mort. On dit quoi? de plus.

Shou fi

00 h 11, le 22 novembre 2019

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Commentaires (3)

  • C'est comme un chirurgien qui sort du bloc opératoire en disant à la famille que l'opération a bien réussie mais le malade est mort. On dit quoi? de plus.

    Shou fi

    00 h 11, le 22 novembre 2019

  • En Iran NPR , on est toujours préparé à débusquer le loup qui sort des bois.

    FRIK-A-FRAK

    20 h 15, le 21 novembre 2019

  • C'est probablement une leçon à nos iraniens made in lebanon pour leur apprendre comment traiter nos revolutionaires! Hassan changera t il son nom de nesrallah à chimkhani? Que Dieu soit avec notre révolution, le peuple et notre armée!

    Wlek Sanferlou

    18 h 42, le 21 novembre 2019

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