On peut, en 2019, bâillonner plus de 80 millions de personnes en seulement quelques minutes. En coupant la connexion internet, le régime iranien a éteint la lumière. Il a pu mener une répression violente contre le mouvement de contestation populaire qui a débuté vendredi en Iran sans que le reste du monde, mais surtout sans que sa propre population, ne puisse savoir ce qui se passe. Le bilan pourrait aller jusqu’à 200 morts selon Amnesty International. 200 morts en cinq jours, dans le quasi-silence général.
Téhéran a retenu les leçons du printemps arabe. Il comprend le pouvoir de mobilisation, d’organisation et d’information que peut représenter internet dans un régime autoritaire. Il sait aussi, pour l’avoir expérimenté en Syrie, à quel point la répression et la désinformation peuvent permettre à un régime contesté de sauver sa peau. Convaincu d’être la victime d’un complot impérialiste, l’Iran célébrait hier une victoire contre « ses ennemis ». Une victoire contre son propre peuple.
Que peut-il faire ce peuple, qui s’est mobilisé de façon significative aux quatre coins du pays, contre un pouvoir qui, pour avoir lui-même bénéficié d’une révolution, sait parfaitement comment éviter d’y succomber à son tour ? Que peut-il faire face à un appareil répressif parfaitement organisé et qui n’hésitera pas, comme il le fait en Irak, à tirer sur la foule pour la dissuader de se rebeller ?
La révolution semble impossible. La guerre interne ou avec des soutiens extérieurs aurait des conséquences encore plus terribles pour la population. Seule une évolution au sein du régime semble pouvoir permettre de changer fondamentalement la donne. Pour le moment, plus celui-ci est acculé, moins il apparaît susceptible de lâcher du lest, considérant qu’il aurait beaucoup trop à perdre à le faire. À long terme, il pourrait cependant y être contraint. À condition toutefois que se trouve, à ce moment-là, au sommet de l’État, l’équivalent d’un Gorbatchev iranien.
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LE SHAH EST TOME LE REMPLACANT TOMBERA UN JOUR OU L'AUTRE TANT QU'IL NE SATISFERA PAS LA VOLONTE DU PEUPLE
LA VERITE
17 h 11, le 21 novembre 2019