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La révolution en marche

Le peuple dans la rue

Main dans la main, du Nord au Sud. Ici, à Beyrouth. Photo/AFP

S’il fallait ne retenir qu’une image de ce premier mois de la révolte populaire libanaise, ce serait probablement cette formidable chaîne humaine qui, dimanche 27 octobre, a traversé tout le Liban, de son Nord à son Sud. En passant, symboliquement, par Nabatiyé. De Tripoli à Tyr, malgré quelques menues interruptions, des milliers de Libanais se sont tenu la main, unis, peut-être pour la première fois de cette manière, et réclamant, ensemble, un État, un pays, une nation dignes de ce nom.

Depuis le 17 octobre, c’est un mouvement de protestation inédit qui traverse le Liban. Dans sa forme et sa composition.

De ce premier mois, il faut retenir aussi la vaillance de Tripoli, capitale du Liban-Nord, où la mobilisation, essentiellement sur la place al-Nour, au rythme des slogans ou des beats du DJ Maki, a surpris puis captivé tout le pays. Il faut saluer, également, le courage de ces manifestants à Nabatiyé et Tyr, entre autres, qui ont osé donner de la voix dans ces bastions d’Amal et du Hezbollah, où la critique n’était pas permise. Des manifestants qui ont persévéré malgré les actes de répression.

Saluer, aussi, ces manifestants qui, après le déferlement d’assaillants venus de quartiers sous contrôle du tandem chiite le 29 octobre, ont reconstruit, dans l’heure, les tentes et installations détruites dans le centre-ville de Beyrouth.

Comment ne pas parler de la créativité des contestataires, de leurs mille et un slogans, de ceux qui érigent des poings fermés, des graffitis, des dessins, de ceux qui accompagnent la révolte de leur humour corrosif ? Comment ne pas parler de la résilience des manifestants, de ceux qui campent devant le siège d’Électricité du Liban, de ceux qui marchent, s’assoient, chantent, tapent sur des casseroles, qui ont mis leur boulot de côté pour se battre pour un avenir meilleur ?…

Comment ne pas parler de la diaspora, de ces Libanais qui à Montréal, Paris, Sydney, Amsterdam, New York, Bruxelles… ont brandi, un peu partout dans le monde, le drapeau de leur pays d’origine, de ce pays qu’ils ont quitté et en qui ils reprennent espoir ?

Comment ne pas parler de ces femmes qui, à travers tout le pays, sont montées en première ligne, sur les barrages, sur les places, dans les rues ? Des femmes qui n’ont pas hésité, à de multiples reprises, à former de leur corps un cordon de sécurité entre forces de l’ordre et manifestants quand la tension montait un peu trop.

Comment ne pas parler, enfin, de ces jeunes, lycéens et étudiants, qui ont pris le relais quand le mouvement semblait s’essouffler ? Ces jeunes qui rejettent le Liban de papa. Ces jeunes qui ne sont pas tétanisés par la peur que peuvent ressentir leurs aînés, générations traumatisées par la guerre. Des jeunes qui font tomber les barrières en se découvrant, au-delà des confessions et des classes sociales, des aspirations, des rêves et des angoisses communs. Des jeunes qu’unit un rejet total d’un système figé qui les prive de leurs droits comme il a privé leurs parents des leurs.

« Ces gamins sont magnifiques, ils n’ont aucun problème à se mélanger avec d’autres religions », disait à un de nos reporters un ancien, tuant le temps au barrage de Chevrolet. Et il ajoutait : « C’est eux le Liban de demain. » 

S’il fallait ne retenir qu’une image de ce premier mois de la révolte populaire libanaise, ce serait probablement cette formidable chaîne humaine qui, dimanche 27 octobre, a traversé tout le Liban, de son Nord à son Sud. En passant, symboliquement, par Nabatiyé. De Tripoli à Tyr, malgré quelques menues interruptions, des milliers de Libanais se sont tenu la main, unis, peut-être pour...

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