Le département d’État américain a assuré se tenir "aux côtés du peuple libanais" qui s'est soulevé depuis plus d'un mois contre la classe dirigeante et s'en est violemment pris à la Russie, l'accusant de vouloir "mettre en doute les revendications" de ce peuple. Il n'était pas clair dans quel contexte ces déclarations interviennent, la Russie n'ayant pas récemment commenté le mouvement de contestation qui secoue le Liban depuis le 17 octobre.
"Le gouvernement russe a cherché à mettre en doute l'authenticité des revendications du peuple libanais visant à mettre un terme à la corruption endémique (...), en déformant cyniquement leur volonté de réforme et en la présentant comme une sorte de complot des États-Unis", affirme-t-elle dans cette vidéo mise en ligne sur Twitter . "Ceci est tout simplement incorrect. Nous avons vu les Russes utiliser cette rhétorique à plusieurs reprises dans le monde, là où les gens décident d'exiger davantage de leurs gouvernements".
"Les manifestations populaires auxquelles nous avons assisté au Liban au cours des dernières semaines ont clairement montré qu'il s'agit d'un large échantillon de la population libanaise qui s'unit pour demander des comptes à ses dirigeants, a ajouté la porte-parole du département d’État américain. Toute argumentation contraire est franchement une insulte à l'engagement du peuple libanais en faveur d'un avenir meilleur, avec un gouvernement libre de toute corruption et répondant à ses besoins".
"Alors que la Russie pourrait prendre plaisir à répandre des mensonges et des propos incendiaires, les États-Unis continueront de se tenir aux côtés du peuple libanais", assure-t-elle.
"Exploiter la situation"
Mme Ortagus rappelle ensuite que "depuis plus de dix ans, les États-Unis collaborent étroitement avec le Liban pour renforcer ses institutions, promouvoir la stabilité et accroître la croissance économique par le biais de la sécurité, le développement et l'aide humanitaire". "Par exemple, depuis 2006, les États-Unis ont investi plus de 2 milliards de dollars pour aider le Liban à renforcer ses frontières et à développer les capacités des forces armées libanaises, ajoute-t-elle. Au cours des 10 dernières années, les États-Unis ont investi plus de 300 millions de dollars dans l’éducation de base et supérieure, contribuant ainsi à bâtir un avenir pour la jeunesse libanaise. Les États-Unis ont fourni plus de 2 milliards de dollars d’assistance humanitaire pour aider le Liban à faire face à l’afflux de plus d’un million de réfugiés depuis le début de la crise syrienne".
"Les États-Unis ont versé 100 millions de dollars au cours des dix dernières années pour aider le Tribunal spécial pour le Liban à mener son enquête sur les personnes impliquées dans l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri et d'autres responsables", dit encore la porte-parole. "Rien qu'en 2018, les États-Unis ont fourni 494 millions de dollars d'aide au développement et d'aide humanitaire au Liban, résume-t-elle. Combien le gouvernement russe a-t-il fourni pendant la même période? Un total de 500 000 dollars".
"Les actions des États-Unis en faveur d'un avenir meilleur pour le peuple libanais parlent d'elles-mêmes et contrastent nettement avec les paroles creuses de la Russie. La Russie tente d'exploiter la situation au Liban pour défendre ses propres intérêts, mais le monde le sait", conclut la porte-parole du département d’État américain.
Ces déclarations interviennent alors que le Hezbollah estime que des "ambassades" ont tenté de récupérer le mouvement de contestation et de renverser le pouvoir. Au début de la révolte, le chef du parti Hassan Nasrallah avait accusé les contestataires d’être menés par certaines parties politiques et financés par les ambassades de pays étrangers.
Il y a une dizaine de jours, Nabil Kaouk, membre du conseil central du Hezbollah, avait affirmé que le parti chiite "ne permettra pas aux Etats-Unis d'obtenir des gains politiques" à travers le mouvement de contestation contre la classe dirigeante. "Les Etats-Unis sont entrés clairement dans le jeu, et veulent utiliser le mouvement populaire pour obtenir des gains politiques au détriment de la stabilité et de l'unité nationale", avait déclaré le cheikh Kaouk, déplorant que "certains corrompus aient pris la vague de la contestation". "Mais notre position au Hezbollah est claire. Nous ne permettrons pas aux ordres américains d'infiltrer le nouveau gouvernement. Nous ne permettrons pas aux Etats-Unis d'obtenir des gains politiques en cette période ou à l'avenir", avait-il ajouté.
Le président iranien, Hassan Rohani, proche allié du Hezbollah, avait de son côté affirmé jeudi dernier que "certaines parties" voulaient transformer les manifestations contre le pouvoir au Liban en guerre civile. Selon la chaîne télévisée iranienne al-Alam, le président Rohani faisait référence aux Etats-Unis, dans ses accusations.
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commentaires (8)
NI USA NI RUSSIE NI IRAN NI SAOUDITE. NI PERSONNE.
Jack Gardner
12 h 20, le 19 novembre 2019