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Liban - Commentaire

Quand le Hezbollah a peur de son ombre

Des militants du Hezbollah participent à une parade armée du parti chiite, le 12 novembre 2019 dans la ville de Ghazié, située au Liban-Sud. Photo AFP / Mahmoud ZAYYAT

Il y a quelque chose qui ne tourne plus rond dans la gestion par le Hezbollah des crises qui frappent le Liban. Ce parti a toujours fonctionné sur l’élément de la peur : celle qu’il inspire aux autres, bien sûr, dans la mesure où, à côté de la question de l’arsenal militaire qu’il possède, il s’apparente davantage à une société secrète qu’à une formation politique ordinaire ; mais aussi la peur que lui-même ressent en permanence.

Or, depuis quelque temps, on a le sentiment que le Hezbollah n’est plus seulement terrifié par tout ce qui est extérieur à lui, par la haine que lui vouent ses adversaires, voire même certains de ses amis. Désormais, il a clairement peur de lui-même aussi.

Hassan Nasrallah avait raison dans son avant-dernier discours : il est faux de prétendre que les gouvernements qui se sont succédé au Liban au cours des dix dernières années étaient des gouvernements du Hezbollah ou même qu’ils étaient dominés par ce dernier. Composante parmi d’autres, le parti chiite faisait ce que tout le monde fait dans les cabinets d’union nationale à la libanaise : il bloquait la prise de décision dès lors que quelque chose ne lui plaisait pas. Sur ce plan, toutes les grandes formations politiques libanaises font théoriquement jeu égal. C’est le fait qu’il utilise son pouvoir de blocage plus fréquemment que les autres – ce qui prouve justement qu’il ne domine pas – qui donne l’illusion d’une hégémonie, confortée par la présence des armes.

Bien sûr, il y avait là une tentative de la part du secrétaire général du Hezbollah de dire qu’il ne faut pas imputer à son parti l’entière responsabilité de l’échec des gouvernements successifs. Mais il y avait aussi dans ses propos une sorte d’aveu pathétique, comme s’il cherchait à donner raison à ceux qui pensent qu’un gouvernement dans lequel le Hezbollah occupe une place prépondérante ferait l’effet d’un repoussoir, surtout en temps de crise économique et financière grave.


(Lire aussi : Une double dose de provocation, l'éditorial de Issa GORAIEB)


« Le pays a urgemment besoin de la manne des donateurs internationaux, mais pour obtenir cette manne, il ne faut pas que nous nous mettions au premier plan car nous reconnaissons que nous ne sommes pas beaux à voir. Il faut que d’autres, plus présentables, fassent le boulot… En même temps, ces autres-là, qui sont dans le fond contre nous, nous ne devons pas leur livrer le pays, donc pas question de les laisser former un gouvernement composé uniquement de spécialistes indépendants…. »

Voilà, à peu près, comment s’exprime la double peur qui gouverne le parti de Dieu ces jours-ci. Comprenant l’enjeu, Saad Hariri décide de faire grimper les enchères. « Je ne serai pas le chef d’un gouvernement des autres », disait-il il y a quelques jours. Pris à son piège, le Hezb se tourne vers l’ancien député Mohammad Safadi un peu à la manière de quelqu’un qui se contente d’une copie lorsqu’il ne dispose plus de l’original. Une copie qui pâlit d’heure en heure après le rejet exprimé par le mouvement de protestation, mais aussi par l’establishment sunnite.

Bientôt, il n’y aurait peut-être plus de copies si la carte Safadi tombait. Le Hezbollah et ses amis seraient alors contraints de faire le vrai choix, devant lequel ils se dérobent depuis longtemps : un cabinet-repoussoir, franchement 8 Mars, ou la soumission, enfin, aux exigences de la rue.



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Il y a quelque chose qui ne tourne plus rond dans la gestion par le Hezbollah des crises qui frappent le Liban. Ce parti a toujours fonctionné sur l’élément de la peur : celle qu’il inspire aux autres, bien sûr, dans la mesure où, à côté de la question de l’arsenal militaire qu’il possède, il s’apparente davantage à une société secrète qu’à une formation politique...

commentaires (12)

Le Hezballah a peur d'une chose seulement C'est que ses fideles comprennent qu'il est a la solde de l'Iran et pas a leur service pour ameliorer leur vie comme le demande les Libanais dans leur ensemble C'est la ou il tombera car des milliers de Libanais de ses milices morts en Syrie n'ont pas entame leur fidelite mais de voir et d'entendre les Libanais de toutes confessions de partout au Liban crier leurs revendications qui sont en realite les memes que les leurs pourra changer leurs idees et les ferons rejoinder la revolution Le mythe de la defence du Liban contre Israel est en realite une cartouche usee. HB ne servira qu'en cas de conflits entre Israel et l'Iran a attaquer Israel et en consequent a demolir a nouveau le Liban pour une cause qui ne le concerne pas QUI VIVRA VERRA

LA VERITE

18 h 25, le 16 novembre 2019

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Commentaires (12)

  • Le Hezballah a peur d'une chose seulement C'est que ses fideles comprennent qu'il est a la solde de l'Iran et pas a leur service pour ameliorer leur vie comme le demande les Libanais dans leur ensemble C'est la ou il tombera car des milliers de Libanais de ses milices morts en Syrie n'ont pas entame leur fidelite mais de voir et d'entendre les Libanais de toutes confessions de partout au Liban crier leurs revendications qui sont en realite les memes que les leurs pourra changer leurs idees et les ferons rejoinder la revolution Le mythe de la defence du Liban contre Israel est en realite une cartouche usee. HB ne servira qu'en cas de conflits entre Israel et l'Iran a attaquer Israel et en consequent a demolir a nouveau le Liban pour une cause qui ne le concerne pas QUI VIVRA VERRA

    LA VERITE

    18 h 25, le 16 novembre 2019

  • Si le hezb libanais de la résistance venait à décider d'attaquer ces jaloux détracteurs, disons nous bien qu'il le fera avec les règles de l'art dissuasif, dont il a le secret. Il apparaîtra par là où on l'attendra le moins, ceux qui se seront laissé berner par des commanditaires douteux s'en rendront tellement compte, qu'ils finiront par s'en prendre à ceux qui leur auront monté le choux. Revoyez la situation des kurdes avec les us-sio en ce moment.

    FRIK-A-FRAK

    17 h 22, le 16 novembre 2019

  • Le Hezbollah a, en effet, toujours été conscient du fait qu'un cabinet où il serait majoritaire serait un repoussoir. C'est pourquoi il s'est contenté d'un nombre limité de ministres, mais il a toujours manipulé le gouvernement par l'intermédiaire de ses vassaux, Amal et le CPL. Il porte donc pleinement la responsabilité de la situation actuelle.

    Yves Prevost

    16 h 48, le 16 novembre 2019

  • La peur n’existe plus et si le Hezbollah sort de ces gongs alors cela veut dire qu’il n’a jamais été pour un Liban mais pour une grande iran

    Bery tus

    16 h 05, le 16 novembre 2019

  • Nous , lecteurs infantiles de ce journal , avons tendance à prendre nos rêves poyr des réalités , de sous-estimer la force de nos adversaires. surtout celle du Hezb que nous continuons â privoquer sans limite ! Jeu dangereux , attentiin, et qui risque d'acculer le Hezb à sortir de ses gongs et là ce serait le début d'une énorme et gigantesque catastrophe ! Doyons plutot circonspects et prudent et ne pas jouer à la roulette ... Le pire pour nous va arriver

    Chucri Abboud

    12 h 31, le 16 novembre 2019

  • De fait, la contestation populaire a montré que le Hezbollah, étonnamment, est un colosse aux pieds d'argile: fort de ses succès contre Israël et en Syrie, Hassan Nasrallah s'est néanmoins toujours gardé de bousculer la "formule libanaise" se montrant même très conservateur. Et le voilà bousculé à son tour, obligé de dévoiler les ressorts de sa présence au gouvernement, des ressorts qui ressortent plus du bricolage que de la politique. Etonnant, vraiment.

    Marionet

    11 h 35, le 16 novembre 2019

  • Il y a une lame de fond imparable de Beyrouth a Teheran en passant par Damas et Bagdad...le boucher Assad pensait avoir gagne la guerre mais Dieu est grand et finit toujours par punir les grands criminels.

    HABIBI FRANCAIS

    10 h 55, le 16 novembre 2019

  • PRIS ENTRE LE MARTEAU ET L,ENCLUME DE SA PROPRE POLITIQUE LA MILICE IRANIENNE DOIT FAIRE LE CHOIX. UN -CABBINET- REJETE INTERNATIONALEMENT OU UN CABINET DE TECHNOCRATES ACCEPTE DE PAR LE MONDE. AU PIED DU MUR IL DOIT DECIDER. DANS LES DEUX CAS C,EST LE COMMENCEMENT DE SA FIN.

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    10 h 28, le 16 novembre 2019

  • Il est clair que l’heure des terreurs par les armes est en train d'être révolue. C’est le moment où jamais de former au plus vite un gouvernement à l’image du Liban de la rue. Il faut profiter pour frapper un bon coup sur la table et dire ce que l’on veut pour ce pays. Leur plus grande carte à jouer est le peuple uni qui les appuie et les pousse prendre les bonnes décisions sans trembler. Quant à Bassil, il faut le museler, trouver le bouton OFF pour qu’il arrête de mettre de l’huile sur le feu ne serait-ce que par sa présence à des reunions où il n’a pas lieu d'être tout comme le représentant du parti du HB. Arrêter de provoquer le peuple et œuvrer enfin pour le salut de ce pays. Hariri à mille fois raison de refuser de participer aux réunions et aux décisions de ces derniers car cet un affront de plus pour les citoyens. Lui il l’a compris, contrairement à tous les autres.

    Sissi zayyat

    09 h 25, le 16 novembre 2019

  • Traditionnellement la présidence du Conseil des ministres est réservée à la communauté sunnite, c'est à elle seule de s'occuper de la nomination du chef du Gouvernement. Les armes du Hezbollah avaient imposé Nabih Berry à la tête du Parlement depuis 1992. Les armes du Hezbollah avaient imposé Michel Aoun à la tête de l'Etat après deux ans et demi de blocage du Parlement. Le cas des Sunnites est différent. C'est à eux seuls de nommer le chef du Gouvernement. Il n'appartient à personne des autres communautés de se mêler de ce problème 100% sunnite. Que la mouche du coche du beau-père sache s'occuper de ses "affaires" prérogatives seulement.

    Un Libanais

    08 h 32, le 16 novembre 2019

  • Le Hezbollah a peur de ne plus faire peur.

    Yves Prevost

    07 h 20, le 16 novembre 2019

  • Le Hezbollah ,conscient de l'importance de combattre la corruption en dévoilant des tas de dossiers qu'il détient , peut communier avec cette révolution qui ne semble pas prête de relâcher. Par contre, il peut aussi se défaire de son fameux accord politique avec des parties comportant pas de corrompus qu'il est obligé de soit-disant couvrir. Objectivement, un gouvernement non seulement de spécialistes, mais de personnes intègres , non influençables, transitoire pour une période déterminée de 6 ou 10 mois , ou n'importe combien de temps ,et sous surveillance du parlement, (et des révoltés) , dont il détient la majorité, qui peut donc, à tout moment ,s'il s'avère non efficace, le faire chuter et le remplacer alors par un autre , selon un processus démocratique dont il détient l'orientation. Cette tactique serait une vraie réussite de la part du Hezbollah ,pour atteindre l'objectif commun de toute la nation.

    Esber

    06 h 24, le 16 novembre 2019

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