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Liban - Mission

La solution doit venir des Libanais eux-mêmes, affirme l’émissaire français

Christophe Farnaud assure être en « visite exploratoire » et non pas se poser en médiateur.

L’émissaire du président français Emmanuel Macron, Christophe Farnaud, et l’ambassadeur de France au Liban Bruno Foucher, hier à la résidence des pins. Photo Ahmad Azakir

Au terme d’une mission de trois jours au Liban où il a rencontré l’ensemble de la classe politique, l’émissaire du président français Emmanuel Macron, Christophe Farnaud, est reparti hier en constatant les « difficultés importantes » qui bloquent la formation d’un nouveau gouvernement, et en insistant sur le fait que la solution doit venir « des Libanais eux-mêmes ».

Premier émissaire étranger au Liban depuis le début du soulèvement, qui entre bientôt dans son second mois, M. Farnaud, directeur du département Afrique du Nord et Moyen-Orient au Quai d’Orsay, a indiqué être venu à la demande du président Macron et du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, « dans un esprit d’amitié et de respect ».

« La France s’est toujours tenue aux côtés du Liban, dans les bons jours et les moins bons, et nous sommes bien conscients de la crise politique, économique et sociale que traverse le pays, a-t-il ajouté lors d’une rencontre avec quelques journalistes à la Résidence des Pins avant son départ. Il était important pour nous de venir manifester ce soutien, mais aussi écouter, comprendre et non pas imposer une solution ou des noms. »

L’émissaire français a souligné clairement qu’il ne venait pas faire de médiation, « dans le sens de go- between » entre les différentes parties, contrairement aux attentes de certaines personnalités libanaises.

« Il n’y a pas de plan caché, il n’y a pas de noms particuliers, la solution viendra des Libanais eux-mêmes », a-t-il répété à plusieurs reprises, en réponse aux questions pressantes des journalistes sur le format de gouvernement que souhaite Paris ou le nom du futur Premier ministre. « Il ne me revient pas d’entrer dans le débat sur la forme du gouvernement, a-t-il encore dit. C’est aux Libanais eux-mêmes de trouver la solution, mais la France est bien sûr là pour les soutenir en fonction de la solution qui émergera. »

Arrivé mardi, M. Farnaud a été accueilli par une manifestation organisée le jour même devant l’ambassade de France pour dénoncer « les ingérences étrangères » et réclamer la libération de Georges Ibrahim Abdallah, détenu en France depuis 1984. Il a ensuite été témoin de la flambée de violence qui a suivi l’interview télévisée du président Michel Aoun mardi soir.

Le responsable français a été reçu mercredi par le président de la République, alors que des manifestants réclamant le départ du chef de l’État étaient massés non loin du palais présidentiel. Comme il s’est entretenu avec le Premier ministre démissionnaire Saad Hariri et le président du Parlement Nabih Berry.


(Lire aussi : Gouvernement : accord sur Safadi, l’option techno-politique l’emporte)


Difficultés importantes

M. Farnaud a reconnu qu’il y avait des « difficultés importantes » entravant la formation du nouveau gouvernement. « Je pense qu’il ne faut pas sous-estimer les difficultés » que traverse le Liban, « elles sont importantes », a-t-il dit. « Nous sommes dans une phase d’incertitude. J’espère que la situation n’est pas totalement bloquée. Les positions des uns et des autres sont très différentes, mais on espère que le blocage sera temporaire », a-t-il dit, reconnaissant qu’en dépit de ce blocage, il y avait une certaine « fluidité ». « Ce qu’on souhaiterait, c’est la formation rapide d’un gouvernement, que ce gouvernement soit compétent. Ce n’est pas notre rôle de choisir la formule, mais il faut que les responsables politiques prennent leurs responsabilités », a-t-il encore déclaré. Selon lui, le futur cabinet devra être « efficace et répondre aux aspirations de la population. Il faut que la confiance soit rétablie par rapport aux attentes libanaises mais aussi internationales », a poursuivi l’émissaire français.

M. Farnaud s’est également réuni avec les chefs des principaux partis politiques, à l’exception du Hezbollah dont il a rencontré un représentant, et de Samir Geagea, n’ayant pas pu parvenir à la résidence du chef des Forces libanaises à Meerab hier en raison de la fermeture des routes.

L’émissaire français s’est défendu de toute « ingérence » et a souligné à plusieurs reprises le respect par la France de la souveraineté du Liban. Lors de son entretien mercredi avec le chef de la diplomatie libanaise et chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, ce dernier a souligné à son interlocuteur « la nécessité qu’aucune partie étrangère ne s’ingère dans la crise libanaise pour l’exploiter ». Cité par l’Agence nationale d’information (ANI, officielle), M. Bassil a affirmé que « la formation du gouvernement est une question intérieure ».

Interrogé enfin sur les interférences régionales, l’émissaire du président Macron a estimé qu’il s’agit « d’abord d’un problème libanais. Sur le contexte régional, on est très attentif à la dissociation entre la souveraineté du Liban et les tensions régionales, on ne souhaite surtout pas que l’environnement régional du Liban crée des difficultés supplémentaires ».

L’émissaire français s’est également entretenu avec le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé et des représentants des différents secteurs économiques. Mais il n’a pu se réunir avec les représentants de la société civile qui « n’ont pas donné suite à notre invitation », selon ses propres termes. Plusieurs composantes du mouvement de révolte avaient décliné à tour de rôle mardi l’invitation qui leur avait été envoyée par l’ambassade de France pour rencontrer l’émissaire français.




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