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Liban - Gouvernement

Techno ou techno-politique ? Le bras de fer se poursuit

Michel Aoun s’exprimera dans une interview télévisée ce soir, à 20h30.

Des manifestants ont campé, 24 heures durant, devant le siège d’Électricité du Liban, à Beyrouth. Patrick Baz/AFP

Deux semaines après la démission du Premier ministre, le bras de fer se poursuit sur la formation du gouvernement, Saad Hariri prônant un cabinet de spécialistes alors que le Hezbollah souhaite un gouvernement où il serait représenté.

Le président de la République, Michel Aoun, qui doit s’exprimer dans une interview télévisée ce soir à 20h30, n’a, pour sa part, toujours pas fixé de date pour les consultations parlementaires contraignantes en vue de désigner le futur Premier ministre. Entre-temps, M. Hariri, donné favori pour former la nouvelle équipe, campe sur sa position : il insiste pour que soit formé un gouvernement de spécialistes, une position que le bloc parlementaire du Futur a naturellement réitérée hier.

À l’issue de sa réunion hebdomadaire à la Maison du Centre sous la présidence de Bahia Hariri, députée de Saïda, le bloc a souligné « les efforts que déploie Saad Hariri pour paver la voie à une phase de transition ». Dans le cadre de celle-ci, « un gouvernement de spécialistes devrait assumer le pouvoir exécutif, pour recouvrer la confiance (populaire) et résoudre les problèmes économiques, sociaux et ceux relevant du quotidien des gens, afin de répondre aux revendications justes du soulèvement populaire », a ajouté le bloc dans un communiqué.


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Le Hezbollah s’entête

En face, le Hezbollah persiste et signe : le prochain gouvernement devra être techno-politique, c’est-à-dire comprendre aux côtés des experts des représentants des partis traditionnels, dans la mesure où le pays passe par une situation difficile qui exige des décisions que devraient prendre des politiques, comme le souligne à L’Orient-Le Jour une source gravitant dans l’orbite du parti.

Dans des milieux proches du tandem chiite, on assure cependant qu’aussi bien le parti de Hassan Nasrallah que le mouvement Amal du président de la Chambre, Nabih Berry, sont attachés à ce que Saad Hariri soit reconduit à son poste, comme l’avait déclaré le chef du législatif lui-même à la chaîne NBN jeudi dernier.

D’ailleurs Hussein Khalil, bras droit de Hassan Nasrallah, et le ministre sortant des Finances, Ali Hassan Khalil, conseiller de M. Berry, ont réitéré cette position devant M. Hariri, lors de leur réunion samedi. Mais selon des sources informées, la réunion n’a pas débouché sur un accord, d’où l’impasse actuelle. D’autant que le Premier ministre sortant n’arrive toujours pas à se décider au sujet de sa reconduction (ou non) à son poste, quel que soit le cas de figure.

C’est ce qui expliquerait, selon les mêmes sources, le fait que Hassan Nasrallah ait sciemment évité de s’attarder sur l’épineux dossier gouvernemental hier. Le dignitaire chiite a consacré près de la moitié de son discours aux crises régionales, refusant d’évoquer « le dossier de la formation du cabinet ou de la désignation du Premier ministre parce que les discussions sont en cours ». « Nous gardons nos portes ouvertes afin de parvenir au meilleur résultat », s’est-il contenté de déclarer.


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La position du CPL

Le Courant patriotique libre insiste lui aussi pour que la prochaine équipe ministérielle mêle spécialistes et figures politiques, contrairement à la volonté de son partenaire haririen. Le groupe parlementaire Liban fort est d’ailleurs revenu hier à la charge à ce sujet. À l’issue d’une réunion du bloc, le député Ibrahim Kanaan a rappelé que son parti réclame un gouvernement de spécialistes qui obtiendrait l’aval du Parlement – contrôlé par les partis traditionnels – et dans lequel le mouvement de contestation serait représenté. « Ce gouvernement doit permettre de trouver des solutions raisonnables à la crise », a-t-il ajouté.

Mettant une fois de plus en relief le désaccord entre les deux piliers du compromis présidentiel, sur le prochain cabinet, les propos de M. Kanaan remettent subtilement sur le tapis l’attachement du CPL à la proposition que son chef, Gebran Bassil, avait soumise à Saad Hariri, lors de leur rencontre le 4 novembre. Le leader du CPL avait alors invité M. Hariri à nommer une personnalité proche de lui pour diriger le futur gouvernement, qui serait composé des spécialistes bénéficiant de l’aval des partis politiques, ce que le chef du gouvernement aurait refusé.

Selon un observateur politique, à travers la déclaration de M. Kanaan, le CPL a relancé sa proposition initiale, tout en faisant allusion à une procédure constitutionnelle, à savoir le vote de confiance au Parlement. Toutefois, il relève que les blocs parlementaires présents à la Chambre ne peuvent imposer au Premier ministre désigné leurs ministrables, comme le veut la proposition Bassil. Et de souligner, sur ce plan, que, contrairement aux consultations présidentielles, les consultations parlementaires du Premier ministre avec les divers groupes politiques ne sont pas contraignantes.


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Les critiques du PSP et des FL

Pour sa part, le bloc joumblattiste a constaté hier ce que tout le monde sait déjà : à savoir que ces tractations constituent une tentative de former le cabinet avant même la désignation du Premier ministre. Dans un communiqué, le bloc joumblattiste, réuni hier sous la présidence de Teymour Joumblatt, député du Parti socialiste progressiste, s’est dit « étonné » de la chose. Et de critiquer « le retard du chef de l’État à consulter les députés dans des circonstances complexes qui ne tolèrent aucun report ». Le bloc joumblattiste a également appelé, une nouvelle fois, à la mise sur pied d’un « cabinet de sauvetage neutre ».

De même, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a critiqué, lors d’un point de presse à Meerab, les atermoiements concernant les consultations parlementaires et réitéré son appel à la formation d’un cabinet de spécialistes.


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commentaires (10)

TECHNO MUSICAL, VOILA LE CABINET QUI NOUS SERVIRA LE MIEUX, ACCORDER LES VIOLONS DE TOUTES LES BONNES AMES .

Gaby SIOUFI

15 h 26, le 12 novembre 2019

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Commentaires (10)

  • TECHNO MUSICAL, VOILA LE CABINET QUI NOUS SERVIRA LE MIEUX, ACCORDER LES VIOLONS DE TOUTES LES BONNES AMES .

    Gaby SIOUFI

    15 h 26, le 12 novembre 2019

  • Le Président Aoun et ses alliés ont intérêt à former un gouvernement composé de personnalités compétentes non politisées et qui gagneront la confiance de la population puis du parlement qui devra lui voter sa confiance, selon la Constitution. Inutile de jouer sur une quelconque "fatigue" du soulèvement populaire qui ne fait que s'amplifier depuis le 17 Octobre.

    Tony BASSILA

    14 h 40, le 12 novembre 2019

  • Michel Aoun s'exprimera dans un interview télévisé ce soir à 20h30. (L'OLJ 12/11/2019). Les chefs de l'obstruction se relayent pour discourir à la TV. Pour dire quoi ? Rien !

    Un Libanais

    12 h 05, le 12 novembre 2019

  • Pourquoi attendre l’avis de x et de y. Assez palabrer. Les politiques n’ont plus aucune légitimité et encore moins de crédibilité pour se mêler de la formation du nouveau gouvernement. De quoi ont peur les personnes concernées? Que Berry ne soit plus en position de bloquer les décisions qui aurait pu sauver le pays ou de Hassan Nasrallah de trouver moyen de rentrer en conflit avec Israël pour l’achever? Tous les citoyens sont derrière ce nouveau gouvernement qui va naître alors on laisse les autres au bord de la route à se morfondre et on fonce tête baisser au secours du pays et ses citoyens d’une mort certaine. Celui qui trouvera à redire n’a qu'à faire des discours et des contestations (comme il l’a toujours) pendant que le train est en marche. On verra s’il pèsera face aux résultats de l’action de sauvetage qui générerait de ses decisions et fera que tous les libanais soient derrière lui. Si le président Aoun passera à la télé pour nous dire qu’il est pour la transparence et qu’il aime les citoyens. Il peut s’abstenir et rester tranquille chez lui. On ne le sait que trop. Il nous l’a déjà prouvé. Alors trêve de comédie. Les libanais n’ont plus la tête à ni le souffle pour ça . Ils veulent du concret.

    Sissi zayyat

    11 h 29, le 12 novembre 2019

  • C’est une grande farce que nous imposent les partis politiques La constitution est claire Le Président consulte les députés et doit nommer le premier ministre qui obtient le plus grand nombre de voix C’EST SON SEUL RÔLE À CE STADE TOUT DÉLAI EST CONTRAIRE À LA CONSTITUTION QU’IL À JURÉ DE DÉFENDRE LE PREMIER MINISTRE FORME SON GOUVERNEMENT ET SE PRESENTE DEVANT LE PARLEMENT S’IL OBTIENT LA CONFIANCE IL DEVIENT LÉGAL SINON LE PRÉSIDENT REFAIT DES CONSULTATIONS POUR NOMMER UN AUTRE OU DÉCIDÉ DE NOMMER LA DEUXIÈME PERSONNE QUI A OBTENU LE PLUS DE VOIX pourquoi vous voulez former un gouvernement avant même de nommer un premier ministre? ASSEZ DE RETARD LE PAYS BRÛLE ET VOUS ATTENDEZ DEUX SEMAINES POUR LES CONSULTATIONS APRÈS CELA M LE PRÉSIDENT VOUS VOUS DEMANDEZ POURQUOI LE PEUPLE A CHANGÉ À VOTRE ÉGARD FAITES VOS CONSULTATIONS IMMÉDIATEMENT NOMMEZ CELUI SUI A OBTENU LE PLUS DE VOIX QU’IL FASSE SON GOUVERNEMENT EN 3 JOURS SANS ACCORDS EN SOUS MAINS ET SE PRÉSENTE À LA CHAMBRE C’EST AUSDI SIMPLE QUE ÇA UN ÉTUDIANT EN PREMIÈRE ANNÉE DE DROIT VOUS LE DIRA AGISSEZ ET SI VOUS N’AVEZ PAS CETTE CAPACITÉ DÉMISSIONNEZ LE PAYS A BESOIN DE DÉCISIONNAIRE AUJOURDH’UI PAS DE COMBINES POUR PLAIRE À CHACUN ET CONTINUER LA CORRUPTION

    LA VERITE

    11 h 11, le 12 novembre 2019

  • Comme si les corrompus les plus en vue n'étaient pas des pro américains. La stupidité du cyclope aveugle ne peut pas voir ça.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 52, le 12 novembre 2019

  • Le Liban, Etat républicain laïc, regorge d'experts au sein de toutes ses communautés ainsi que parmi les areligieux et les incroyants. Faut-il croire en un dieu pour faire partie d'un gouvernement au Liban ? Cela veut dire qu'un athée n'a pas le droit d'exister dans ce monde dit arabe ? La liberté de penser et d'expression ne doit pas exister dans ce monde dit arabe

    Un Libanais

    10 h 47, le 12 novembre 2019

  • TECHOCRATES INDEPENDANTS. TECHNOS-POLITIQUES SERAIENT DES PIONS CAR NOMMES PAR LES CORROMPUS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 06, le 12 novembre 2019

  • Lee CPL et le Hezbollah continuent à bloquer la formation du gouvernement. Pourquoi leur demande-t-on leur avis? Tout ce qu'on leur demande au stade actuel est de désigner un premier ministre. Pour ce qui est du gouvernement, cela viendra après et ils n'auront pas leur mot à dire.

    Yves Prevost

    07 h 44, le 12 novembre 2019

  • Et voilà, chacun s’entête, on tourne en rond et, après moi le déluge! En fait, le CPL n’a pas tellement tort: pourquoi Hariri s’entête à vouloir rester à la tête d’un gouvernement de technocrates? N’est-il pas lui-même même à la tête d’un groupe politique sunnite? S’imagine t’il qu’il n’a aucune part de responsabilité dans ce désastre financier et que ses collègues du Futur sont en odeur de sainteté? Pense-t-il qu’il est indispensable? Soyons réalistes, objectifs et neutres: tous doivent être remplacés et, quant on y pense, le remplacement de Hariri par un technocrate sunnite pourrait débloquer la situation... À condition que le Hezbollah accepte cette alternative! Sinon, c’est le pourrissement garanti de la situation et on n’en finira plus...

    Saliba Nouhad

    02 h 42, le 12 novembre 2019

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