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À La Une - Liban

Jour XXV : les Libanais font preuve d'originalité pour le "dimanche de la détermination"

Rassemblements à l'entrée du Casino du Liban, et devant les domiciles de Riad Salamé, à Rabieh, et de Fouad Siniora, à Saïda.

Des centaines de manifestants réunis place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth, le 10 novembre 2019. AFP / ANWAR AMRO

Les Libanais, mobilisés par milliers pour le 25e jour de la révolte populaire contre la classe dirigeante, ont redoublé d'originalité dimanche pour faire entendre leurs voix et leurs revendications, pour une journée de contestation baptisée, selon les différents appels sur les réseaux sociaux, le "dimanche de la détermination".

Si les manifestants réclament majoritairement la chute du régime actuel et des dirigeants, accusés de corruption et de mauvaise gouvernance, les revendications restent nombreuses parmi les contestataires, ce qui s'est reflété dans le programme dominical très diversifié et original de la révolte. 

A Beyrouth, des dizaines de protestataires se sont rassemblés dans la soirée devant le siège de l’Électricité du Liban, dans le quartier de Mar Mkhayel, participer à une nuit de camping, afin de réclamer un approvisionnement 24h/24 en électricité. La soirée est rythmée par des prises de parole de nombreux activistes.


Des protestataires devant le siège d'EDL. Photo Patricia Khoder


Plus tôt dans la journée, dans la rue reliant la place des Martyrs à la place Riad el-Solh, cœur de la contestation dans le centre-ville, des jeunes violoncellistes donnaient un concert gratuit, au milieu d'une foule nombreuse.  Dans ce secteur, des acteurs ont également simulé une séance publique du "tribunal de la révolution", devant une foule de manifestants agitant des drapeaux libanais. Rue des Lazaristes, des centaines de personnes ont marché contre les tribunaux religieux.

Dans la Marina de Zaytouna Bay, connue pour ses yachts de luxe et son public relativement aisé, des centaines de personnes ont organisé dans la matinée un pique-nique géant. Nappes étalées sur le sol, olives, manakiche et jus de fruits, rien ne manquait au menu de ce petit-déjeuner populaire et urbain. Les participants, assis en petits cercles pouvaient manger leurs propres provisions et profiter des victuailles apportées par différents groupes, notamment des étudiants de l'Université arabe de Beyrouth. L'objectif de cette initiative était de se réapproprier les espaces publics et biens-fonds maritimes, que les manifestants estiment "volés" par les responsables politiques. 



(Lire aussi : Jour XXV : Place des Martyrs, les contestataires espèrent que "cette fois, c'est la bonne")



Pour le 25ème jour du mouvement, les places fortes de la contestation ont à nouveau été investis par les manifestants. Dans le secteur de Chevrolet, à la lisière de Beyrouth, des centaines de protestataires, drapeaux libanais à la main, se sont rassemblés devant le siège d'Alfa, l'un des deux opérateurs de téléphonie mobile du pays. L'armée et les forces de l'ordre ont été déployés sur les lieux. Dans la soirée, des centaines de contestataires se sont réunis sur la place de Jdeidé.

Dans le Nord, des milliers de Libanais se sont de leur côté mobilisés devant l'aéroport fermé de Kleiate, dans le Akkar, réclamant notamment sa réouverture. Cet aéroport avait été bombardé par Israël en 2006 lors de la guerre de juillet entre le Hezbollah et l'Etat hébreu et il est, depuis, hors service. Le Akkar, dans le Nord, est une des régions les plus pauvres du pays. A Tripoli, des centaines d'étudiants ont, comme les derniers jours, organisé des marches dans les rues de la ville, réclamant à grand coup de slogans, la formation d'un gouvernement de technocrates compétents et non-corrompus. "Nous ne retournerons pas en cours tant que nos revendications ne seront pas entendues", ont lancé les jeunes. Un autre groupe de manifestants a, lui, choisi d'organiser des sit-ins devant les maisons de tous les responsables politiques tripolitains, exigeant leur démission. 

A Baalbeck, dans la Békaa, les manifestants ont organisé un défilé, parti de la place Moutran. Les protestataires ont défilé dans les souks avant de se retrouver devant le site archéologique, portant un énorme drapeau libanais de près de 17 mètres de long, selon l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle). A Fakiha, un concert réunit des dizaines de contestataires. A Bar Elias, dans le caza de Zahlé, une grande marche de femmes tenant des bougies et des drapeaux libanais a été organisée.

La mobilisation est intacte au Liban-Sud. A Tyr, des milliers de personnes ont participé en début d'après-midi au défilé organisé vers le siège de la Banque centrale du Liban. Défilant dans les rues de la ville, drapeaux libanais au vent, les manifestants se sont dirigés de la place el-Alam, épicentre de la contestation dans cette grande-ville du Liban-Sud, vers le siège local de la BDL, sous haute surveillance des forces de sécurité intérieure et de l'armée, selon notre journaliste sur place Suzanne Baaklini. 


Manifestation à Tyr. Photo Suzanne Baaklini


Les manifestants, protestant contre les taxes visant les classes défavorisées et la politique financière, se sont ensuite dirigés vers le siège de la municipalité. Là, un petit incident a opposé un manifestant provoqué par des partisans du mouvement Amal du président du Parlement, Nabih Berry, mais l'armée et les forces de sécurité se sont interposés.

A Nabatiyé, les manifestants qui s'étaient rassemblés devant une tente dans le quartier de Kfar Remmane ont marché, drapeaux libanais à la main et en chantant l'hymne national, vers le sérail, en passant par la branche locale de la BDL, où les forces de sécurité ont été déployées.

A Saïda, où des centaines de protestataires se sont réunis par centaines place Elia, certains d'entre eux se sont rassemblés devant le domicile de l'ancien Premier ministre Fouad Siniora. Dans ce contexte, des dizaines de contestataires se sont rassemblés en soirée devant le domicile du gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, à Rabieh, dans le Metn. D'autres contestataires ont bloqué l'entrée principale du Casino du Liban, à Jounieh, dans le Kesrouan.

Le mouvement de contestation, qui a débuté le 17 octobre, a mobilisé des centaines de milliers de Libanais toutes communautés confondues au cours des dernières semaines et a réussi à pousser le cabinet de Saad Hariri à démissionner. La formation d’un nouveau gouvernement se fait toutefois attendre.



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commentaires (5)

Trop tot pour que la « contestation soit representee par un comite » la force de cette revolution c’est de ne pas avoir une seule tete qu’on pourrait vite couper/acheter/phagocyter ......etc

Marie-Hélène

07 h 37, le 11 novembre 2019

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Commentaires (5)

  • Trop tot pour que la « contestation soit representee par un comite » la force de cette revolution c’est de ne pas avoir une seule tete qu’on pourrait vite couper/acheter/phagocyter ......etc

    Marie-Hélène

    07 h 37, le 11 novembre 2019

  • TANT QUE AOUN SERA LÀ, ÇA NE VA PAS BOUGER BEAUCOUP. IL FAUT MONTER EN GROUPE POUR LE DÉLOGER RAPIDEMENT. IL EST LE PREMIER RESPONSABLE DE CETTE SITUATION ACTUELLE.

    Gebran Eid

    03 h 34, le 11 novembre 2019

  • IL AURAIT ETE BON QUE LA CONTESTATION SOIT REPRESENTEE PAR UN COMITE QUI POURRAIT DISCUTER EN SON NOM AVEC L,ETAT ACTUEL. AUTREMENT CA VA PRENDRE DU TEMPS ET LES ABRUTIS VONT EN PROFITER POUR TERGIVERSER ET ALLONGER LEURS JOURS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 07, le 10 novembre 2019

  • On doit vachement s'ennuyer à Beyrouth en ce moment.

    FRIK-A-FRAK

    15 h 59, le 10 novembre 2019

  • "La loi d'amnistie qui devrait être adoptée mardi par le Parlement, englobe les crimes de détournement de fonds" selon l'un des membres de l'Association "Ali Baba et les 40 voleurs". Venons camper mardi devant le Parlement Place de l'Horloge d'el-Abed, munis de manaqiches et de casseroles afin d'empêcher les détourneurs de fonds publics de voter la loi d'amnistie.

    Un Libanais

    14 h 41, le 10 novembre 2019

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