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À La Une - Reportage

Place des Martyrs, les « gardiens de la révolution » veillent, jour et nuit

Ils sont ingénieur en informatique, coiffeur ou employé de banque. Tous ont choisi de camper chaque soir place des Martyrs pour défendre leur révolution.

Les manifestants qui campent place des Martyrs à Beyrouth. Photo Leo Carozzi

« Cela fait deux semaines que je n’ai pas travaillé, où voulez-vous que j’aille d’autre ? Désormais ma maison c’est la rue ! » s’exclame Ahmed, ingénieur en informatique.

Comme ce jeune homme de 26 ans, des dizaines de Libanais entre 21 et 40 ans ont investi les principales places beyrouthines de jour et de nuit en signe de protestation contre le pouvoir, et se veulent les « gardiens de la révolution ». Au pied de la statue des Martyrs, au coeur de Beyrouth, ils ont monté leurs tentes et y dorment chaque soir pour protéger leur fief, jusqu’au dernier souffle d’espoir, celui de voir un jour leurs revendications aboutir.

Il est 22 heures en ce soir de fin de semaine. Sous les tentes colorées, des manifestants chantent et tapent des mains au rythme des tambours sous les faibles éclairages alimentés par de modestes générateurs. La soirée a des airs de fête de voisinage. Bon enfant et joyeuse, l’atmosphère prête volontiers à la bonne humeur et à la confiance. Les gens boivent, rient, chantent, parlent politique….. Beaucoup de passants s’arrêtent pour partager un bout de nuit avec ces « gardiens de la révolution ».

Alors que la soirée est déjà bien avancée, une cinquantaine de personnes dansent la Dabké autour des percussionnistes et chanteurs. Et lorsque la nuit s’installe, certains acceptent de parler librement et en toute confiance.

Ce qui n'était, au début de la révolte, le 17 octobre dernier, qu'une série d'installations individuelles a progressivement évolué pour se transformer en campement organisé. Toutes les tentes qui cernent la statue des Martyrs ont une connexion, et les résidents se protègent les uns les autres.

Au sein du campement, les tâches et les rôles ont été distribués : certains cuisinent, d'autres, aux talents d'électricien, sont chargés du fonctionnement des lampes et objets électriques, d'autres, enfin, ont pour mission d'approvisionner le campement en vivres. Le tout, bien sûr, sous l'oeil des guetteurs qui surveillent le campement à tour de rôle. Tout le monde met la main à la pâte, personne n’est exclu.

Les femmes et les hommes, issus de catégories socio-professionnelles très variées, se revendiquent comme des frères et sœurs d’une même mère patrie. Les appartenances politiques n’existent plus et les segmentations religieuses ne gênent personne. « Sous notre toit, c’est la laïcité qui règne ! ».  La plupart d'entre eux ne se reconnaissent, aujourd'hui comme hier, dans aucun parti politique.



(Lire aussi : Jour XXV : du pique-nique au camping, les Libanais font preuve d'originalité pour le "dimanche de la détermination")



Faire bouger les choses
« Trop de gens, au Liban, sont obnubilés par l’image de leurs zaim, et ne peuvent avoir un avis constructif sur la politique globale du pays », confie Amir, un coiffeur de 22 ans. « Lorsque j’étais encore petit, mes parents m’avaient emmené à un meeting de Walid Joumblatt dans mon village. On aurait dit que c’était le roi de la ville. Mais moi je ne le connais pas ce type pourquoi je l’applaudirais ? » ajoute-t-il.

Ziad, cadre de 32 ans dans une banque, porte un jugement tranchant et sans équivoque sur les politiciens : « Autrefois mes parents étaient Kataeb, mais quand Bachir a été assassiné, ils m’ont dit de ne croire en personne. »

Les manifestant expliquent qu’il est dans l’intérêt de tout le peuple libanais de s'extraire de la tutelle des zaïms, et de rompre les attachements aux partis existants. Ils savent, néanmoins, qu'atteindre cet objectif n'est pas une mince affaire. Sur son téléphone, Amir montre une vidéo montrant des manifestants molestés. « Les gens ont peur, s’ils sortent des structures parallèles installées par les partis, plus personne ne sera là pour les protéger vu qu’il n’y a pas d’État », estime Marie-Belle, étudiante de 18 ans à la faculté de nutrition de LAU.

« Mais si on fait marche arrière, on crève », lance alors Majed, un jeune chômeur venu de Jbeil. « Si tout revient comme avant, et que certains repartent chez eux ils se feront sûrement menacer par les partis. Nous sommes ici parce que nous avons foi en l’avenir, on veut vraiment que les choses changent ».

Bon nombre des manifestants désormais installés sur les places vivent, d'ordinaire, chez leurs parents ou chez un de leurs proches. Certains ne travaillent plus depuis plus de deux semaines et dépensent leurs économies pour faire vivre leur campement. D'autres, continent de travailler en journée, et après une douche à la maison, viennent rejoindre, pour la nuit, leurs camarades de lutte. « C’est la crise qui va créer la révolution c’est ça qui fera vraiment bouger les choses », affirment-ils aussi, alors que la situation économique et financière du Liban s'aggrave de jour en jour et que nombreux sont ceux qui tirent la sonnette d'alarme alors qu'aucun déblocage politique ne se profile.

Samedi, les banques ont de nouveau fermé leurs portes. Vendredi dernier, des sources bancaires issues de six différents établissements indiquaient à L’Orient-Le Jour que les banques comptent bien rester fermées tant qu’un nouveau gouvernement ne sera pas formé et qu’elles n’auront pas de visibilité politique.

Pas suffisant, néanmoins, pour démoraliser les « gardiens de la révolution ». Sous les tentes plantées au pied de la place des Martyrs, personne n’a l’intention de déserter ou d’abandonner. Le message qu’ils renvoient : nous attendons le prochain gouvernement et il n'aura qu'à bien se tenir.



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« Cela fait deux semaines que je n’ai pas travaillé, où voulez-vous que j’aille d’autre ? Désormais ma maison c’est la rue ! » s’exclame Ahmed, ingénieur en informatique.Comme ce jeune homme de 26 ans, des dizaines de Libanais entre 21 et 40 ans ont investi les principales places beyrouthines de jour et de nuit en signe de protestation contre le pouvoir, et se veulent les «...

commentaires (4)

OPINION PERSONNELLE On peut ne pas vouloir regarder le passe et supprime les partis vu le tort inestimable qu'ils ont fait au pays Neanmoins il aut savoir le suivant En 1975 si le parti Kataeb n'etait pas arme pour essayer d'arretter l'assaut des Palestiniens qui voulaient s'emparer du Liban et en faire une patrie pour eux, le Liban n'aurait plus existe ( car malheureusement a l'epoque les musulmans du Liban se sont allies sans bien le comprendre aux palestiniens ) et parceque l'armee n'a pas pu ou voulu se mettre entre les deux car elle risquait la dislocation ( ce qui est arrive partiellement ) AUJOURDH'UI A LA PLACE DES PALESTINIENS EN ARMES IL Y A DES MILICES CHIITES EN ARMES POUR SOIT DISANT FAIRE LA GUERRE EN SYRIE , AU YEMEN ET ACCESSOIREMENT A ISRAEL CETTE MILICE POURRAIT SE RETOURNER CONTRE LE PEUPLE A TOUT MOMENT, PEUPLE AUJOURDH'UI PACIIQUE ET SANS ORGANISATION ARMEE LE PEUPLE COMPTE SUR L'ARMEE ET LA POLICE POUR LE PROTEGER AUJOURDH'UI. FAITES ATTENTION M HARRIRI ET Mm RAYA SI VOUS ECHOUEZ EN CELA LA REVOLUTION RISQUE DE DEVENIR SIMILAIRE A L'IRAK OU LES BANDES PRO IRANIENNES OUVRENT LE FEU SUR LES MANIFESTANTS ET EN TUENT PAR DIZAINES TOUS LE SJOURS SANS AUCUNE REACTION REELLE VOTRE RESPONSABILITE AUJOURDH'UI EST EXCESSIVEMENT IMPORTANTE CAR C'EST LA CHUTE DU LIBAN ET SON IRANISATION QUI SONT EN JEUX FAITES VOTRE DEVOIR NATIONAL QUELQUE SOIT LES RISQUES POUR VOUS PERSONELLEMENT . LE LIBAN LE MERITE.

LA VERITE

15 h 41, le 11 novembre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • OPINION PERSONNELLE On peut ne pas vouloir regarder le passe et supprime les partis vu le tort inestimable qu'ils ont fait au pays Neanmoins il aut savoir le suivant En 1975 si le parti Kataeb n'etait pas arme pour essayer d'arretter l'assaut des Palestiniens qui voulaient s'emparer du Liban et en faire une patrie pour eux, le Liban n'aurait plus existe ( car malheureusement a l'epoque les musulmans du Liban se sont allies sans bien le comprendre aux palestiniens ) et parceque l'armee n'a pas pu ou voulu se mettre entre les deux car elle risquait la dislocation ( ce qui est arrive partiellement ) AUJOURDH'UI A LA PLACE DES PALESTINIENS EN ARMES IL Y A DES MILICES CHIITES EN ARMES POUR SOIT DISANT FAIRE LA GUERRE EN SYRIE , AU YEMEN ET ACCESSOIREMENT A ISRAEL CETTE MILICE POURRAIT SE RETOURNER CONTRE LE PEUPLE A TOUT MOMENT, PEUPLE AUJOURDH'UI PACIIQUE ET SANS ORGANISATION ARMEE LE PEUPLE COMPTE SUR L'ARMEE ET LA POLICE POUR LE PROTEGER AUJOURDH'UI. FAITES ATTENTION M HARRIRI ET Mm RAYA SI VOUS ECHOUEZ EN CELA LA REVOLUTION RISQUE DE DEVENIR SIMILAIRE A L'IRAK OU LES BANDES PRO IRANIENNES OUVRENT LE FEU SUR LES MANIFESTANTS ET EN TUENT PAR DIZAINES TOUS LE SJOURS SANS AUCUNE REACTION REELLE VOTRE RESPONSABILITE AUJOURDH'UI EST EXCESSIVEMENT IMPORTANTE CAR C'EST LA CHUTE DU LIBAN ET SON IRANISATION QUI SONT EN JEUX FAITES VOTRE DEVOIR NATIONAL QUELQUE SOIT LES RISQUES POUR VOUS PERSONELLEMENT . LE LIBAN LE MERITE.

    LA VERITE

    15 h 41, le 11 novembre 2019

  • Tiens tiens , ce mot n'effraie donc plus ???? Hahahaha... viva la revolución... Et dire que tout ce foutoir est déclenché seulement maintenant , à l'approche de la prospection du gaz et du pétrole libanais, par les français, les italiens et les russes. Devinez qui est dérangé par les russes ? Pas la résistance libanaise du hezb, en tout cas.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 57, le 11 novembre 2019

  • "Koulouna lil Watan lil oula lil Aalam!" Le premier crédo de notre hymne national, que c'est beau de le voir finalement compris par cette jeunesse, contrairement à certains de ma génération de pépés qui avaient feint, souvent, de n'y rien pigé!!! " Les femmes et les hommes, issus de catégories socio-professionnelles très variées, se revendiquent comme des frères et sœurs d’une même mère patrie." Merci pour cet article et merci à chacun de ces jeunes gardiens du LIBAN!

    Wlek Sanferlou

    00 h 39, le 11 novembre 2019

  • N,ACCEPTEZ RIEN D,AUTRE QU,UN GOUVERNEMENT DE TECHNOCRATES INDEPENDANTS. PLUS DE GENDRE ET PLUS DE MILICES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 14, le 11 novembre 2019

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