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À La Une - Liban

Jour XXIV : jeunesse, environnement, fonction publique : un samedi de convergence des luttes

Route menant au palais de Baabda, ministère des Affaires étrangères, barrage de Bisri, décharge de Costa Brava... de nombreux rassemblements ont eu lieu sur tout le territoire libanais. 

Des étudiants libanais dansant la dabké, le 9 novembre 2019 sur la place Riad Solh à Beyrouth, dans le cadre de la 24e journée consécutive d'une révolte populaire inédite. Photo AFP / ANWAR AMRO

Etudiants, militants écologistes, lauréats de la fonction publique, journalistes, femmes... des milliers de Libanais, en majorité des jeunes, se sont mobilisés samedi dans le cadre de la 24e journée de contestation populaire sans précédent contre la classe politique accusée de corruption et d'incompétence, afin de crier leur colère et se faire entendre par les dirigeants du pays.

En début de soirée, des milliers de Libanais défendant diverses causes convergeaient de la place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth, vers la place avoisinante de Riad el-Solh.

En matinée, des protestataires se sont rassemblés au milieu d'un important cordon de sécurité devant le siège du ministère des Affaires étrangères, dirigé par le ministre démissionnaire Gebran Bassil, l'une des cibles privilégiées du mouvement de contestation.


Manifestants devant le siège du ministère des AE. REUTERS/Andres Martinez Casares


Depuis le 17 octobre, le Liban connaît une contestation populaire de sa classe dirigeante jugée corrompue et incompétente, sur fond de grave crise économique. Le mouvement, qui a mobilisé des centaines de milliers de Libanais toutes communautés confondues, a entraîné la démission le 29 octobre du Premier ministre Saad Hariri, mais la formation d'un nouveau gouvernement se fait attendre.

En outre, des lauréats du concours de la fonction publique, dont la titularisation a soulevé un débat sur la parité islamo-chrétienne au sein de l’administration publique, se sont rassemblés sur la route menant au palais présidentiel de Baabda, où une délégation de ces lauréats a été reçue par le ministre d'Etat sortant chargé des Affaires de la présidence, Salim Jreissati. Selon l'un des membres de cette délégation, ce dernier a promis que ces lauréats seront intégrés dans la fonction publique "avant la fin du mandat du président Michel Aoun".

Au Sud, des protestataires se sont rassemblés devant le site du chantier du barrage controversé de Bisri, dans le caza de Jezzine, prévu par le gouvernement et dont les travaux ont récemment commencé. "Nous sommes le barrage contre le barrage", ont scandé les manifestants.


Manifestation à Bisri. Photo D.R.

Toujours sur le plan environnemental, des dizaines de manifestants se sont rassemblés à l'entrée de la décharge d'ordures de Costa Brava, située au sud de Beyrouth, afin de réclamer la fermeture de ce site saturé qui fait craindre aux riverains des conséquences néfastes sur leur santé.

Par ailleurs, des contestataires ont déposé des sacs de déchets devant l'entrée du siège de la municipalité de Beyrouth.

Parallèlement, environ 200 personnes, principalement des journalistes et des universitaires, se sont réunies devant le Palais de justice de Beyrouth pour défendre la liberté de la presse et l'indépendance de la justice, avant d'effectuer une marche vers la place Riad el-Solh. "Nous nous mobilisons d'abord pour proetester contre le traitement réservé aux journalistes dernièrement", a affirmé Hassan Abbas, rédacteur en chef du site d'information Raseef22, interrogé par notre journaliste sur place Zeina Antonios, en référence à l'accumulation des poursuites judiciaires visant les journalistes, dans un contexte de restriction de la liberté d'expression, comme le relèvent certains observateurs.

A Tripoli, au Liban-Nord, ville phare de la contestation, des dizaines de femmes ont organisé une marche dans les rues de la capitale du Nord, afin de dénoncer la classe dirigeante et réclamer un Etat civil. Les manifestantes scandaient notamment des slogans appelant à l'établissement d'un Etat laïc qui ne discrimine pas les femmes, sachant qu'au Liban les affaires personnelles sont régies par les statuts des communautés chrétiennes et musulmanes du pays et que les femmes souffrent de nombreuses inégalités.

Dans le Sud, à Saïda, des dizaines d'anciens employés de la compagnie Saudi Oger, qui était détenue par le Premier ministre sortant Saad Hariri, ont manifesté leur colère. Ces anciens employés de Saudi Oger qui ont été licenciés au cours des dernières années ont organisé un sit-in sur la "Place de la révolution du 17 octobre", pour réclamer le versement de leurs indemnités, rapporte notre correspondant sur place Mountasser Abdallah.


(Lire aussi : Ode à la casserole, l'éditorial de Issa GORAIEB)



Rassemblements étudiants dans les régions
La mobilisation étudiante restait elle aussi toujours aussi forte dans l'ensemble du pays.

A Beyrouth, un grand rassemblement d'étudiants s'est dirigé vers la place Riad el-Solh, dans le centre-ville de la capitale, place forte de la contestation, où des élèves venus de tout le pays sont déjà rassemblés.

Des élèves du Collège protestant français ont également manifesté dans le quartier de Koraytem, à Beyrouth. Photo Acil Tabbara

A Saïda, des élèves des écoles publiques et privées se sont rassemblés place Elia pour un petit-déjeuner collectif.

Des manifestants avec des drapeaux libanais devant des militaires à Saïda. Photo Mountasser Abdallah

Pour la première fois depuis le début du mouvement, des élèves de l'école secondaire publique se sont rassemblés devant leur établissement à Tyr, au Liban-Sud, refusant d'entrer en classe, en solidarité avec les élèves du Liban qui manifestent depuis le début de la semaine. Ces jeunes se plaignent de la corruption et du chômage. Le Liban-Sud est considéré comme l'un des fiefs du Hezbollah, qui fait partie de la majorité gouvernementale sortant et qui a mis en garde contre les conséquences de ce soulèvement.

Plusieurs manifestations étudiantes ont également été organisées dans la région du Liban-Nord, à Tripoli, ainsi que dans plusieurs localités du caza de Denniyé, où la plupart des établissements scolaires ont fermé. A Bakhoun, des partisans du député Jihad Samad (Rencontre consultative, sunnite pro-8 Mars) ont coupé la route à une marche d'étudiants. D'autres rassemblements estudiantins ont également eu lieu dans le Akkar.

Dans la région de Zahlé, dans la Békaa, des élèves ont manifesté à Qab Elias et Mjadel Anjar. Dans la Békaa-Ouest, des élèves, brandissant des drapeaux libanais, ont battu le pavé pour réclamer des droits sociaux. 


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Etudiants, militants écologistes, lauréats de la fonction publique, journalistes, femmes... des milliers de Libanais, en majorité des jeunes, se sont mobilisés samedi dans le cadre de la 24e journée de contestation populaire sans précédent contre la classe politique accusée de corruption et d'incompétence, afin de crier leur colère et se faire entendre par les dirigeants du pays.En...

commentaires (5)

Les scandales explosent de partout et aucun ministre ou député ose nier . Triste .

Antoine Sabbagha

17 h 53, le 09 novembre 2019

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Commentaires (5)

  • Les scandales explosent de partout et aucun ministre ou député ose nier . Triste .

    Antoine Sabbagha

    17 h 53, le 09 novembre 2019

  • Les enfants mineurs sont ceux qui vont grandir et ceux qui devraient vivre le plus dand ce pauvre pays. Bravo pour leur mouvement, cette belle revolution, ca me rappelle des souvenirs.

    Toni Pantaloni

    12 h 53, le 09 novembre 2019

  • Pardon: lire "se vide" et non pas "se vise"

    Shou fi

    12 h 39, le 09 novembre 2019

  • LES ETUDIANTS SONT LE FUTUR DU PAYS ET CE QUI SE DECIDE AUJOURD,HUI LES CONCERNE LES PREMIERS. CE SONT LEURS VIES ET CELLES DE LEURS FUTURES FAMILLES QUI SONT EN JEU ET ILS ONT LE DROIT DE REVENDIQUER LEUR AVENIR.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 25, le 09 novembre 2019

  • Le mouvement du 17 octobre est sur le point de tomber en faillite, puisqu'il est parti chercher des enfants mineurs dans les écoles, sans droit de vote, pour continuer à perpétuer le mouvement qui se vise petit à petit de son sens. Le Pape et le Président les ont invité à discuter, qu'ils aillent discuter pour former un gouvernement, ils attendent quoi au juste? ils veulent quoi?

    Shou fi

    11 h 47, le 09 novembre 2019

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