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La révolution en marche - Un peu plus

Nous n’aurons plus jamais peur

Illustration Rami Kanso.

L’ère de la peur est révolue. Révolues sont la frayeur et les menaces. Révolu le temps où un seul doigt levé faisait trembler des dizaines de milliers de gens. Révolu ce temps-là. Ce temps où n’importe quel petit voyou faisait la loi au nom de son zaïm. Où n’importe quel petit incident cloîtrait les Libanais dans leurs maisons. C’est fini. Définitivement fini. Et si aujourd’hui nous sommes inquiets, nous n’avons pas/plus peur. Elle est là la fracture. Il est là le avant/après. Avant, nous craignions les zeeran à mobylette. Cette racaille biberonnée depuis son plus jeune âge de discours haineux, de lavage de cerveau et autres idéologies obscurantistes a pendant (trop) longtemps eu un ascendant sur le reste de la population. Sauf que ces petites frappes à deux livres n’ont pas réalisé que le vent avait tourné. Que leurs yeux exorbités et leurs cris ne nous faisaient plus peur. Que leurs matraques et leurs gueules enragées ne nous faisaient plus peur. Et le combat sur le Ring en a été une des preuves. Comme avant lui les soulèvements de Tyr et de Nabatiyé. Comme avant lui la chaîne humaine de 170 km. Comme avant lui ces femmes devenues des boucliers humains. Ces femmes sur lesquelles vous avez osé lever la main.

Mardi 29 octobre, quelques heures avant la démission de Saad Hariri et notre première bataille gagnée, face aux ordures probablement shootées au Captagon, s’est opposé le Liban. Le Liban comme on l’a toujours rêvé. Uni au-delà des appartenances religieuses et des appartenances politiques. Uni quoi qu’il advienne. Et ça, la racaille ne l’a pas compris. Ni leurs zaïms d’ailleurs. Depuis le début de la révolution d’octobre, les Libanais ont donné une grande leçon de pacifisme au monde entier. Et qui l’aurait cru ? Qui aurait cru que ce peuple, toujours à deux doigts du machkal, l’insulte au bout des lèvres, le klaxon coincé sous la paume, le sang chaud dans les veines, serait aujourd’hui le symbole d’une révolution pacifiée, d’amour et d’humour ? Pas nous. Mais sûrement pas eux. Parce que personne n’aurait imaginé un seul instant que l’aigreur, l’anxiété, la violence, le désabusement ou le mépris que nous éprouvions tout un chacun vis-à-vis de notre peuple se transformeraient, laylé bala daou amar (« une nuit sans la lumière de la lune »), en un immense, un gigantesque, un incommensurable amour pour l’autre. Et pour notre pays surtout. Et face à cet amour, personne ne peut rien. Personne.

Et ça, vous ne l’avez pas compris. Vous n’avez pas compris que quel que soit votre nombre : 150 connards à mobylette ou 500 000 dans la rue, vous ne pouvez plus rien contre nous. Parce que la vie est plus forte que la mort. Parce que les Libanais sont plus forts que toutes les allégeances que vous nous avez imposées. Parce que nous transcendons le confessionnalisme. Parce que nous voulons reconquérir notre pays, son avenir, le nôtre et celui de nos enfants. Parce que petit à petit, même vos zeeran vous lâcheront. Parce que face à leur haine, nous déployons nos sourires. Face à leurs destructions, nous reconstruisons. Face à leurs slogans d’un autre temps, nous chantons. Bil rouh… bass bala damm. C’est l’âme tout entière d’un pays qui est née le 17 octobre. Et même si dans toutes les révolutions, le sang a dû se déverser, nous ferons en sorte qu’il ne coule pas.

Oui, nous sommes inquiets pour après. Inquiets de ce qui va suivre. Inquiets pour l’économie, la livre, nos emplois. Inquiets, mais pas effrayés. Parce qu’au fond, nous savons qu’une révolution a besoin de temps. Qu’une guérison a besoin de temps. Qu’une nouvelle République a besoin de temps. Que le nettoyage des institutions a besoin de temps. Que vos condamnations ont besoin de temps. Que le retour des investissements a besoin de temps.

Et cela prendra le temps qu’il faut. Nous ne sommes pas pressés. Nous avons appris durant ces trop longues et nombreuses années, à coups de résignation et de résilience, ce qu’était la patience. Et patients, nous le serons, parce que nous n’avons plus peur.

Vous aurez beau agiter vos doigts, proférer des menaces, évoquer une crise économique sans précédent, une possible guerre fratricide… nous n’avons plus peur. Plus peur de vous. Ni de vos sbires. Nous sommes les phénix qui renaissons de vos cendres.

L’ère de la peur est révolue. Révolues sont la frayeur et les menaces. Révolu le temps où un seul doigt levé faisait trembler des dizaines de milliers de gens. Révolu ce temps-là. Ce temps où n’importe quel petit voyou faisait la loi au nom de son zaïm. Où n’importe quel petit incident cloîtrait les Libanais dans leurs maisons. C’est fini. Définitivement fini. Et si...

commentaires (8)

Face à l'index levé, beaucoup de majeurs sont près à s'y opposer!

Nicolas Rubeiz

21 h 04, le 02 novembre 2019

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Commentaires (8)

  • Face à l'index levé, beaucoup de majeurs sont près à s'y opposer!

    Nicolas Rubeiz

    21 h 04, le 02 novembre 2019

  • L'OLJ à 15h54 : Les Libanais ne sont pas tombés dans le piège du chaos. (Hassan Nasrallah). Un piège du chaos venant de Nabatieh, de Sour... Même un banlieusard sur mobylette avec ou sans matraque ne croirait pas cette baliverne.

    Un Libanais

    17 h 16, le 01 novembre 2019

  • Belle description de cette belle et pacifique révolution incarnée par ce Liban des lumières uni dans toute sa diversité confessionnelle, ethnique, sociale, générationnelle, face à celui de l'obscurantisme et de l'autoritarisme!

    OMAIS Ziyad

    15 h 12, le 01 novembre 2019

  • C’est un article. Que dis-je? Cette prière, que tous libanais devraient retenir et répéter pour ne point faillir. Bannir la peur et vivre libres comme nous l’avions fait avant l’arrivée des palestiniens, puis syriens et les iraniens tremper leurs barbes dans nos affaires internes et faire leur guerre sur notre SOL et nous confisquer notre joie de vivre et notre innocence.

    Sissi zayyat

    11 h 31, le 01 novembre 2019

  • Ce qu'il faut retenir: transcendons le confessionnalisme, bâtissons une nouvelle République. Tout simplement.

    EZZEDINE Hussein

    11 h 01, le 01 novembre 2019

  • PERSONNE N,A PLUS PEUR DES MERCENAIRES REMUNERES. LES MANIFESTANTS LIBANAIS L,ONT BIEN PROUVE. ON TIENT BON ET ON CONFRONTE SANS POURTANT ATTAQUER... MAIS JUSQU,A QUAND ?

    JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

    09 h 16, le 01 novembre 2019

  • et oui ,la longue et désastreuse guerre(entre autres) avait rendu le Liban bien malade et il fallait, à son peuple, le temps de la convalescence;ça y est ,il a retrouvé ses forces! de plus ,il a appris!!!!!!!J.P

    Petmezakis Jacqueline

    08 h 01, le 01 novembre 2019

  • Oui, oui, ouiiiiiii

    Marie-Hélène

    03 h 55, le 01 novembre 2019

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