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Liban - Reportage

Croisement Chevrolet, les manifestants refusent d’entrer en confrontation avec l’armée

Les protestataires, surtout les femmes, ont essayé de négocier avec les militaires pour accéder au croisement. Sans succès. Finalement, ils ont bloqué toutes les artères qui y mènent.

Plusieurs dizaines de manifestants, hier en matinée, à Aïn el-Remmaneh. Photo N.M.

Après une longue nuit festive, les manifestants à Aïn el-Remmaneh et Furn el-Chebback se sont réveillés hier au bruit de deux camions de militaires qui les ont obligés, à coups de crosse, à quitter les lieux.

Depuis le premier jour du mouvement, les protestataires avaient coupé le croisement de Chevrolet, comme c’est le cas dans de nombreuses autres routes du pays, et dressé une immense tente sur les lieux. Lundi, à la suite de négociations avec les militaires, ils ont accepté d’enlever la tente. En retour, on leur a assuré qu’ils pouvaient rester. « Aujourd’hui (hier) à l’aube, vers 5 heures, des militaires sont venus nous chasser des lieux usant de la force, raconte Pascal. Plusieurs jeunes ont été blessés, parmi eux des femmes. »

Il poursuit : « Aïn el-Remmaneh a sa symbolique. C’est la région de la résistance chrétienne. Toute une brigade a été dépêchée ici pour ouvrir la route. Pourquoi veulent-ils nous réprimer ? C’est une question que j’adresse au commandant en chef de l’armée (le général Joseph Aoun). »

Hier, en début d’après-midi, le déploiement de l’armée était impressionnant dans le périmètre de Chevrolet, où les manifestants ont été refoulés vers Chiyah. Des militaires forment un rempart humain pour empêcher les protestataires de se diriger vers le croisement.

Les responsables en poste ont refusé d’expliquer les raisons pour lesquelles ils empêchent les manifestants d’avancer. Plusieurs protestataires soulignent de leur côté que « les militaires veulent garder ouverte la route qui mène vers le ministère de la Défense ». « Or l’autoroute menant à Hazmieh est libre, affirme Michel. Ils veulent plutôt nous adresser un message politique, puisque l’appartenance politique de la région est connue (la région compte des partisans et sympathisants des Forces libanaises). De plus, le secteur Chevrolet est un point stratégique, puisque c’est un point de rencontre de plusieurs régions : Furn el-Chebback, Aïn el-Remmaneh, Hazmieh, Sin el-Fil, Tahouita et Chiyah. S’ils réussissent à briser les rassemblements ici, l’intensité du mouvement pourrait baisser. »


(Lire aussi : L’aveul'éditorial de Issa GORAIEB)


« Je veux un chef de l’État »

Les manifestants sont catégoriques. Ils ne bougeront pas d’un iota mais refusent d’entrer en confrontation avec l’armée. « Nous restons pacifiques par respect pour l’armée, affirment nombre d’entre eux. Nous ne voulons pas revenir aux événements de 1990 (en référence à la guerre d’élimination qui a éclaté entre l’armée menée par le général Michel Aoun, alors Premier ministre d’un gouvernement transitoire, et les Forces libanaises). Nous avons des parents qui se sont enrôlés dans l’armée. »

Pendant de longues heures, les femmes ont mené les négociations avec les responsables militaires pour éviter que les hommes ne provoquent les soldats. « Ils reçoivent des ordres qu’ils doivent appliquer, martèle Pamela, la vingtaine. Nous (les manifestants) rentrons chez nous et mangeons. Cela fait six jours qu’ils sont ici. Personne ne se soucie d’eux. Nous n’allons pas affronter l’armée. »

En début d’après-midi, les militaires n’avaient toujours pas ouvert la voie devant les protestataires dont le nombre augmentait considérablement, la mobilisation étant faite via

WhatsApp. L’indignation est perceptible. Ici, les revendications sont les mêmes que celles formulées partout ailleurs dans le pays : démission du gouvernement, formation d’un gouvernement de technocrates, élections législatives anticipées, restitution des deniers publics… mais aussi que le chef de l’État Michel Aoun s’adresse aux citoyens, six jours après le début des manifestations. « N’est-il pas le père de tous ? Ses enfants ne méritent pas qu’il s’adresse à eux ? » lance une manifestante. Et Michel d’insister : « J’ai un père, je veux un chef de l’État. »

Vers 15h, les protestataires qui n’avaient pas pu avancer vers le croisement de Chevrolet ont réussi à bloquer toutes les artères qui y mènent. « Allez les gars. Plus besoin d’avancer. Le secteur est bloqué », lance Issam.



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