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Liban - Médias

Le chef de l’État s’entretient au téléphone avec le propriétaire de la MTV

Laure Sleiman écartée sans ménagement de l’Agence nationale d’information.

Laure Sleiman a présidé aux destinées de l’ANI onze années durant. Photo tirée de sa page Facebook

Le rôle irremplaçable de miroir et d’amplificateur joué par les médias, et en particulier les télévisions, dans l’explosion sociale qui a conduit au soulèvement populaire actuel a été évoqué hier dans un entretien téléphonique du chef de l’État, Michel Aoun, avec le directeur de la MTV, Michel Murr. Si l’on en ignore la teneur exacte, on peut en deviner l’orientation modératrice.

Dans une mise au point consécutive à la propagation de cette information, assortie de commentaires divers sur les réseaux sociaux, M. Murr a cru bon de confirmer que « l’appel téléphonique a bien eu lieu », et qu’il est « bienvenu », mais que « les commentaires qui l’accompagnent sont soit inventés, soit exagérés ».

« Ni le chef de l’État ne cherche à réprimer l’information ni la MTV n’accepte que quiconque s’ingère dans sa politique et ses choix, a ajouté M. Murr. La chaîne a un grand respect pour le président et sa fonction, tout en restant fermement attachée aux libertés d’information. »

Des rumeurs ont fait état d’un appel similaire reçu par le propriétaire de la LBCI, Pierre Daher, mais elles ont été démenties par l’intéressé.


La directrice de l’ANI remplacée

Cela dit, s’il fallait encore une preuve des méthodes expéditives en vigueur dans les sphères du pouvoir, le remplacement provisoire hier de Laure Sleiman à la tête de l’Agence nationale d’information (ANI, officielle) par un rédacteur de cette agence, Ziad Harfouche (apparenté CPL), en serait une.

Dans la forme, Mme Sleiman précise à L’Orient-Le Jour qu’elle a été notifiée de son remplacement vers 13h par une note signée du ministre de l’Information Jamal Jarrah, et transmise à l’un de ses assistants par un planton du ministère. La note, qui ne donne aucune explication à ce remplacement, est datée du 17 octobre, mais la décision aurait été prise, selon le ministre de l’Information, Jamal Jarrah, le 9 octobre.

Mme Sleiman, qui dirige l’ANI depuis 11 ans, s’est dit offensée de la forme prise par la notification, précisant « qu’en tant que directrice, elle aurait dû en être avisée par le ministre en personne ».



(Lire aussi : L’aveul'éditorial de Issa GORAIEB)


« La conscience tranquille »

Sur le fond, Mme Sleiman, dont le bureau est jonché de cartons de rangement, assure à L’OLJ qu’elle part « la conscience tranquille ». Elle estime « possible » que sa mise à l’écart soit due au fait que l’agence a « couvert en continu la révolution qui se déroule dans la rue » et assure « n’avoir fait que son devoir » en rapportant « la voix de ceux qui sont sans voix ».

« Mon devoir est d’informer, pas de faire de la politique, explique-t-elle. J’ai rapporté des événements qui intéressent deux millions de Libanais. S’il est vrai que l’Agence nationale d’information est une agence officielle, elle ne rapporte pas que les informations concernant les officiels. D’ailleurs, ce sont les Libanais qui à travers leurs impôts financent l’agence. Nous relatons la vérité sur ce qui se passe ; nous avons donné la parole aux Libanais, tout en évitant soigneusement tout ce qui pouvait insulter ou diffamer. Nous n’avons fait que notre métier de journalistes. »

Et Laure Sleiman d’ajouter, en passant, que l’ANI a couvert sans faille les activités et voyages du ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, « souvent sans être du voyage et de ses agréments, mais simplement de service ».

Laure Sleiman a également la conscience tranquille en raison du travail effectué pour moderniser une agence qu’elle affirme avoir « sauvé des décombres ». Depuis, assure-t-elle, l’ANI s’était dotée d’une messagerie de nouvelles brèves (flashes), s’apprêtait à lancer une cinquième édition en langue arménienne et tirait fierté des efforts en cours pour sauver de précieuses archives. « S’il fallait exprimer un regret, ce serait celui d’avoir si souvent sacrifié mon foyer à ma carrière », a-t-elle confié à une chaîne de télévision.

Apparentée par certains aux Forces libanaises, Mme Sleiman assure toutefois n’avoir jamais été affiliée à ce parti. Son remplacement intervient quatre jours après la démission des ministres FL du gouvernement (19 octobre).


Jarrah s’explique

Le ministre de l’Information, Jamal Jarrah, s’est expliqué hier sur le remplacement de Mme Sleiman. Après avoir réuni à son bureau le directeur de son ministère, Hassan Falka, ainsi que le nouveau directeur de l’ANI, Ziad Harfouche, et le directeur de Radio-Liban, Mohammad Gharib, le ministre les a appelés à « agir selon ce qu’exige l’intérêt national et professionnel ».

« L’ANI, a-t-il ajouté, a toujours été, et continuera d’être, un facteur de rassemblement des Libanais », mettant en garde contre « un populisme qui conduirait à l’inconnu ».



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commentaires (9)

Le vrai president a parle et menace L'autre president supplie une TV de ne pas trop lcritiquer le pouvoir Un autre ministre jette dehors en une lettre la responsable de l'Agence Nationale d'Informations en poste depuis 11 ans parcequ'elle a couvert les manifestations en temps reel et comme son devoir le lui demande ET APRES CELA ON VEUT NOUS FAIRE CROIRE QUE CE GOUVERNEMNT (ET CE PRESIDENT) PEUVENT RESTER EN PLACE ?

LA VERITE

18 h 17, le 23 octobre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • Le vrai president a parle et menace L'autre president supplie une TV de ne pas trop lcritiquer le pouvoir Un autre ministre jette dehors en une lettre la responsable de l'Agence Nationale d'Informations en poste depuis 11 ans parcequ'elle a couvert les manifestations en temps reel et comme son devoir le lui demande ET APRES CELA ON VEUT NOUS FAIRE CROIRE QUE CE GOUVERNEMNT (ET CE PRESIDENT) PEUVENT RESTER EN PLACE ?

    LA VERITE

    18 h 17, le 23 octobre 2019

  • Aoun par telephomr à MTV, hassan par TV à nous tous, nos deux chefs d'état n'arrivent toujours pas à comprendre que le peuple libanais en a marre de la poubelle dans laquelle ils l'ont forcé. Ayib, ayib et ayib

    Wlek Sanferlou

    17 h 19, le 23 octobre 2019

  • En bref ils n'ont toujours rien compris! Ni le Président n'est capable de sortir le pays de la mouise dans laquelle il l'a mise depuis son apparition dans la politique, ni le gouvernement ne sera capable de le faire, encore moins les députés qui dépendent d'eux au lieu que ce soit le contraire. Aoun et Bassil avait tout fait pour empêcher la présence des FL dans ce gouvernement. Une fois qu'ils aient échoué il sont passé a la contre attaque en lançant de fausses informations en veux tu en voila! Ils n'osent pas demander de nouvelles élections car ils savent que cette fois ci, si les élections sont faite avec une loi équitable, les FL auront au moins 30 a 35 députes et donc la main haute pour le choix d'un Président qui se comportera en homme d’état et non comme un comptable de second plan... Ça dérange le Hezbollah et tous ses plans puisqu'il n'aura aucun levier de pression comme il l'a avec Aoun et ses acolytes en raison des millions qu'ils leurs ont octroyé directement ou indirectement.

    Pierre Hadjigeorgiou

    11 h 00, le 23 octobre 2019

  • Le Liban est l' exemple de la liberté d'expression de la région et il doit rester ainsi , et il faut être aveugle pour ne pas transmettre ce qui se passe chaque jour comme protestations populaires .

    Antoine Sabbagha

    10 h 59, le 23 octobre 2019

  • Ces mass media sont plus déchâinées que les manifestants ! Dans n'importe quelle dñemocratie , on doit mettre un terme aux abus de la presse aussi qui ne sont plus que désinformation ! L'information officielle se doit d'être toujours modérée et impartiale

    Chucri Abboud

    10 h 30, le 23 octobre 2019

  • Il est capable de téléphoner au directeur de la MTV, mais depuis 6 jours il n'a pas eu le courage de s'adresser aux Libanais, lui le "chef...de quel...état" exactement ??? Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 50, le 23 octobre 2019

  • Le remplacement de Laure Sleiman dans ces circonstances n’est pas acceptable. On cherche à contrôler davantage l’information et à masquer la vérité. C’est une insulte au peuple libanais qui manifeste pour la transparence et la non corruption !

    Joseph KHOURY

    08 h 42, le 23 octobre 2019

  • C'EST UN AUTRE ABU DE POUVOIR.

    Gebran Eid

    04 h 02, le 23 octobre 2019

  • AU LIEU DE S,ENTRETENIR AVEC LE DIRECTEUR DE LA MTV POUR LUI DEMANDER DE MODERER LES INFORMATIONS IL AURAIT MIEUX FAIT LE CHEF DE L,ETAT DE S,ADRESSER A SON PEUPLE REVOLTE ET PROMETTRE D,ENTENDRE SA VOIX ET DE RESPECTER SES REVENDICATIONS, DU MOINS CERTAINES, CAR LA VOIX DU PEUPLE C,EST LA VOIX DE DIEU !

    LA LIBRE EXPRESSION

    01 h 29, le 23 octobre 2019

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