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Liban - Compromis présidentiel

La rue a remis les compteurs à zéro

La démission de Saad Hariri serait imminente. Mohammad Azakir/Reuters

Les manifestations populaires ininterrompues depuis jeudi soulèvent la question de leur aboutissement. Cet élan populaire a redonné espoir à de nombreux Libanais, y compris à l’étranger, qu’un éveil citoyen reste possible en dépit des désillusions de 2005 puis de 2015.

Formant en l’apparence un corps hétéroclite sans meneurs déclarés, les manifestants ont des revendications pas forcément uniformes, mais qui convergent sur la démission du gouvernement. Cette hypothèse implique, à défaut d’un changement de la caste politique dans son ensemble, une révision du positionnement politique des parties au pouvoir. Le partenariat entre le Premier ministre Saad Hariri et le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, issu du compromis présidentiel de 2016, prendrait-il fin avec le cabinet ?

Les Forces libanaises et le Parti socialiste progressiste se sont dit prêts hier à appuyer Saad Hariri s’il prenait la décision de démissionner. Les FL plaident pour un cabinet de technocrates et continuent, confie une source FL, d’envisager l’option de leur démission, même indépendamment de celle du Premier ministre, mais s’abstiennent de s’attaquer directement au compromis Hariri-Aoun pour ne pas paraître comme s’attaquant à la présidence de la République perçue comme un symbole de la présence chrétienne au pouvoir. Le PSP reste seul, avec des figures chrétiennes indépendantes, comme l’ancien député Farès Souhaid, à contester le compromis dans son ensemble. « C’est notre rue qui va dans ce sens », dit une source du parti.



(Lire aussi : Le tandem Amal-Hezbollah dans la rue : réaction « spontanée » ou mot d’ordre politique ?)



Une démission de Saad Hariri signerait la fin du compromis, et non sa propre fin politique comme il pourrait le craindre, surtout si une dynamique d’opposition, joignant PSP, FL et Futur, venait à se constituer, disent les milieux du PSP. La question qui demeure est de savoir si un tel scénario a des chances de se constituer.

M. Hariri a préféré hier donner au gouvernement un répit en adressant un ultimatum de 72 heures à ceux qui, au sein du cabinet, entravent selon lui les réformes qu’il propose.

Un cadre du courant du Futur précise à L’Orient-Le Jour que « ce discours est clairement dirigé contre le CPL et le Hezbollah » et est à comprendre comme « annonçant la démission de Saad Hariri dans les prochaines 72 heures ». Il aurait dejà pris sa décision de démissionner (voir par ailleurs). « Il a fait ce qu’il peut et la situation est devenue intenable », ajoute-t-il en précisant que la rue haririenne ne peut plus tolérer davantage de concessions.

Pour ce cadre, il ne fait pas de doute que les FL et le PSP sont prêts à démissionner. Deux options se poseraient dès lors pour Saad Hariri : former un nouveau cabinet, mais sous quelles conditions, ou exercer une opposition en bonne et due forme.

Mais comment le faire de manière à recouvrer son autonomie en dehors du compromis avec le CPL ? Pour le cadre du Futur, ce sera soit un nouveau cabinet « avec les FL et le PSP », soit une opposition « à l’intérieur » du Liban et non depuis l’exil.

« La population a remis les aiguilles du 31 octobre 2016 (date de l’élection de Michel Aoun, NDLR) à zéro », déclare le député Marwan Hamadé à L’OLJ. « Il faut donc repartir sur de nouvelles bases, dans le sens d’une meilleure gouvernance, la réaffirmation de la neutralité du Liban, le rétablissement des bons rapports avec les pays arabes », ajoute-t-il. Cela semble avoir peu de chance de se faire au sein de l’actuel cabinet, à en croire le cadre du Futur, pour qui le discours attendu de Hassan Nasrallah aujourd’hui ne devrait pas changer grand-chose à la décision de démission du Premier ministre.


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