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Liban - Crise politique

« Soixante-douze heures pour changer de comportement, sinon... »

Forcing du PSP et des FL en vue d’une démission de Hariri

Le centre-ville de Beyrouth a été le théâtre, hier soir, de dérapages violents. Mohamed Azakir/Reuters

C’est un week-end crucial qui attend le Liban et le gouvernement, le Premier ministre, Saad Hariri, ayant donné à ses partenaires politiques un ultimatum de 72 heures, assorti d’une menace à peine voilée d’une éventuelle démission si les comportements politiques à l’origine des multiples blocages empêchant la mise en place des réformes inhérentes aux promesses d’aides internationales au Liban ne sont pas modifiés.

L’ultimatum de 72 heures est l’aboutissement d’une longue journée de tractations et de contacts menés loin des feux de la rampe, au rythme des mouvements de protestation populaires contre la politique fiscale et économique de l’exécutif, pour empêcher notamment le Premier ministre de démissionner. Les manifestations et les sit-in qui ont couvert l’ensemble du territoire libanais, du nord au sud, s’étaient poursuivis pour la seconde journée consécutive, gagnant simultanément en violence et en ampleur au fur et à mesure que la journée avançait, sans que la fermeté affichée par le Premier ministre n’ait le moindre effet sur les protestataires. Presque du jamais-vu au Liban où le soulèvement populaire a fait craindre des débordements incontrôlables. Sur le terrain, l’explosion de colère générale s’est exprimée par des slogans et des critiques des plus agressifs et insultants contre des officiels qui sont cependant restés cloîtrés dans leur silence. Seule l’opposition représentée par les Forces libanaises, le PSP et les Kataëb a fait entendre sa voix pour mettre la pression sur le chef du gouvernement, l’appelant à démissionner et plaidant pour la formation d’un cabinet composé de spécialistes ; un coup supplémentaire porté à la cohésion d’une équipe ministérielle qui s’est montrée jusqu’à aujourd’hui incapable de s’entendre sur les questions et les dossiers engageant le sort du pays, et au sein de laquelle chaque partie tire la couverture de son côté.

Si Saad Hariri voulait hier démissionner, c’est essentiellement pour ces motifs qui peuvent bien résumer son message à la nation retransmis en direct à la télévision, en fin de journée, et dans lequel il n’a ménagé aucune des composantes de son équipe. Sans nommer personne mais sans mâcher ses mots non plus, le chef du gouvernement a affirmé qu’il n’a aucun problème à céder sa place à quiconque aurait de meilleures solutions aux problèmes qui se posent dans le pays et qu’il avait longuement énumérés en exposant ses efforts pour les régler. Il devait ensuite poser l’ultimatum de 72 heures durant lesquels ses « partenaires » sont supposés « montrer à la communauté internationale et aux manifestants » qu’ils s’engagent sérieusement dans les réformes, notamment celles qui sont jugées indispensables dans le cadre de CEDRE, comme la mise en place du comité de régulation du secteur de l’électricité ou la hausse de la facture de l’électricité, toutes deux rejetées par le chef du CPL Gebran Bassil, vis-à-vis de qui Saad Hariri n’a pas caché son exaspération. Comment interpréter autrement, sinon, l’allusion faite par Saad Hariri à la menace de « renverser la table », employée quelques jours plus tôt par son ministre des Affaires étrangères, dans son discours pour la commémoration du 13 octobre 1990? Gebran Bassil avait essayé un peu plus tôt de se dédouaner et de dédouaner le clan politique auquel il appartient, houspillé depuis lundi par les manifestants, en s’étendant sur les transformations structurelles proposées par le fondateur de son parti, le président Michel Aoun, dans le document de réformes qu’il avait présenté il y a quelques années. Il n’en demeure pas moins que le chef du CPL, qui s’exprimait au terme d’un entretien avec le président Michel Aoun, à Baabda, est revenu à la charge pour jeter la faute sur ses détracteurs, les accusant de ne pas l’avoir laissé entreprendre les réformes promises, et s’en prenant plus particulièrement, encore une fois, aux Forces libanaises, mais sans les nommer. Il les a accusées de « vouloir provoquer une guerre économique et la chute du pouvoir en place », avant de mettre en garde contre le chaos et la discorde si jamais le gouvernement actuel démissionnait.

Une crise qui va crescendo

Exacerbée par l’explosion de colère populaire, la crise entre les parties politiques rivales semble s’orienter, compte tenu des positions des uns et des autres hier, vers plus d’aggravation, avec la guerre ouverte déclarée par le PSP contre le mandat Aoun et l’insistance des Forces libanaises à démissionner d’un gouvernement « au sein duquel notre présence n’a plus aucun sens », devait affirmer en soirée le chef des FL, Samir Geagea, à la LBCI. Si le PSP rejoint les FL dans l’appel à la démission – auquel Saad Hariri était le matin sensible –, il se distingue de cette formation par le fait qu’il cible plus précisément le mandat Aoun auquel il fait assumer la responsabilité de la situation actuelle dans le pays. Toujours sur la LBCI, le leader druze, Walid Joumblatt, a imputé cette responsabilité à M. Bassil, lui reprochant de jouer au « chef d’État » et d’avoir « miné le mandat ». Dans le même ordre d’idées, le député Marwan Hamadé a vu dans le spectacle de la rue « l’aboutissement normal des concessions faites par Saad Hariri à Gebran Bassil et à Hassan Nasrallah dont la politique a conduit à l’isolement du Liban de son environnement arabe et international ». Selon lui, le Liban « se doit de revenir à une présidence équilibrée, sinon il s’oriente vers la faillite et l’éclatement ». « C’est ce qui explique, a-t-il ajouté, le fait que Walid Joumblatt a ciblé le mandat dans son ensemble, signifiant que la démission du chef de l’État est nécessaire. »

De sources concordantes, Saad Hariri était tout autant sensible à ce discours et au ressentiment d’une rue qu’il n’a tenté à aucun moment de calmer. Sa volonté de démissionner a motivé dans la matinée le report du Conseil des ministres qui était prévu à 14h à Baabda, et si l’annonce de son discours à la nation a été décalée à deux reprises, c’est pour donner leur chance aux contacts politiques qui se sont intensifiées et auxquels des capitales occidentales se seraient associées, notamment la France, engagées aux côtés du chef du gouvernement dans les efforts pour un redressement du pays.

C’est un week-end crucial qui attend le Liban et le gouvernement, le Premier ministre, Saad Hariri, ayant donné à ses partenaires politiques un ultimatum de 72 heures, assorti d’une menace à peine voilée d’une éventuelle démission si les comportements politiques à l’origine des multiples blocages empêchant la mise en place des réformes inhérentes aux promesses d’aides...

commentaires (2)

Quitte ou double ....C'est ou Poutine , oú l'Oncle Sam ! Je parie sur Poutine !

Chucri Abboud

11 h 25, le 19 octobre 2019

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Commentaires (2)

  • Quitte ou double ....C'est ou Poutine , oú l'Oncle Sam ! Je parie sur Poutine !

    Chucri Abboud

    11 h 25, le 19 octobre 2019

  • SOIXANTE DOUZE HEURES POUR QUE L,ABRUTISSEMENT ET L,INCOMPETENCE SE DESABRUTISSENT ! SOIXANTE DOUZE HEURES POUR QUE LE GENDRE S,OCCUPE UNIQUEMENT DE SON POSTE ET ARRETE DE FOURRER... USANT DE SA QUALITE DE GENDRE... LE NEZ DANS TOUS LES AUTRES MINISTERE ET SURTOUT DANS CELUI DU PREMIER MINISTRE. C,EST LUI LE PREMIER DANGER POUR LE LIBAN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 35, le 19 octobre 2019

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