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Liban - Développement

À Tripoli, un centre d’apprentissage de l’arabe social et immersif

Depuis son ouverture en 2017, le Levantine Institute, porté par un Franco-Libanais, connaît un succès croissant.

Alexandre Khouri

Qui aurait parié, il y a encore quelques années, qu’un centre de langue arabe basé à Tripoli drainerait des centaines d’étudiants venus des quatre coins du globe ? Et pourtant, ce sont des Européens, des Américains, des Sud-américains, et même des Japonais qui affluent de plus en plus nombreux pour apprendre l’arabe au Levantine Institute. Situé dans le quartier central de Zehrieh, à deux pas des souks, le centre a séduit 250 étudiants en 2018 et 325 depuis le début de cette année, et ce malgré les recommandations défavorables de la plupart des ambassades étrangères concernant la capitale du Liban-Nord. Comment expliquer cet engouement ?

« Il y a une approche de la langue à Tripoli complètement différente de celle qu’on trouve à Beyrouth. Il y a moins de cosmopolitisme ici, l’identité arabe y est donc plus prononcée d’une certaine manière. C’est quelque chose qui correspond davantage aux attentes d’un Occidental qui vient en Orient », explique Alexandre Khouri, fondateur du centre. À 31 ans, ce Franco-Libanais diplômé en relations internationales de l’USJ se souvient des difficultés qu’il éprouvait à apprendre l’arabe lorsqu’il est venu de Caen s’installer au Liban, en 2008, y faire ses études : « J’ai rencontré des centaines d’étudiants étrangers en échange à Beyrouth qui étaient confrontés à ce problème. À l’époque, certains d’entre nous partaient à Damas et en revenaient avec un niveau bien meilleur que celui des autres, tout simplement parce que c’est la pratique quotidienne qui fait la différence dans l’apprentissage d’une langue. Le problème à Beyrouth, c’est que les étudiants étrangers se retrouvent souvent à devoir parler français ou anglais, alors qu’ils souhaitent avant tout progresser en arabe. » Pour favoriser l’apprentissage rapide et efficace du dialecte arabe levantin et de l’arabe classique, le Levantine Institute a donc parié sur une immersion totale, loin de Beyrouth.

Pour faciliter l’apprentissage, le Levantine Institute propose également la location de chambre, en solo ou partagée. « Tripoli souffre cruellement d’un manque d’infrastructures touristiques et d’accueil des étudiants étrangers. À Beyrouth, on trouve des colocations, des foyers, etc. Ici, c’est soit très mal communiqué, soit introuvable sur internet, et encore plus difficile à trouver quand on ne parle pas l’arabe », souligne Alexandre Khouri. En sus des cours sont proposés des conférences, des visites, des projections de films, et des cours optionnels d’histoire du Levant, de calligraphie arabe ou encore de cuisine libanaise.

Entreprise sociale

Les étudiants, qui ont en général entre 20 et 25 ans, sont souvent issus de filières d’études en sciences politiques ou sociales, et ont souvent un penchant pour l’humanitaire. À travers le Levantine Institute, ils ont la possibilité de faire du volontariat durant leur séjour, l’école ayant repris à son compte une association, Maan, qui propose un centre de soutien scolaire aux enfants libanais et syriens les plus démunis du quartier en anglais et en français, en sciences, en histoire. « C’est très enrichissant pour ces petits d’être en contact avec des Occidentaux au niveau linguistique, surtout pour les enfants syriens qui ont été déclassés du cursus scolaire libanais et qui ont besoin de se remettre à niveau. L’idée est d’arriver à maintenir ces enfants-là dans l’école, sans que les parents n’aient à débourser un sou (une partie des revenus générés par les cours du Levantine finance Maan) : l’institut s’inscrit aussi dans une démarche d’entreprise sociale », souligne Alexandre Khouri.

Le jeune homme, dont la mère est française et le père libanais, originaire du Akkar, a lui-même travaillé dans plusieurs ONG auprès des Nations unies au Liban. C’est dans ce contexte qu’il a été confronté à de nombreux enfants déscolarisés victimes de la guerre en Syrie. Après un deuxième master en migration, mobilité et développement à la School of Oriental and African Studies, en 2014, en Angleterre, il avait en outre passé un an et demi à Paris au sein du Comité international de la Croix-Rouge. C’est à son retour au Liban, en avril 2017, qu’il avait décidé d’ouvrir les portes de la Levantine Institute, avec un profond désir de voir Tripoli s’ouvrir et retrouver ses lettres de noblesse : « Tripoli souffre d’un manque d’attention et d’investissement de la part de l’État, et ce alors que cette ville a une richesse incroyable, que ce soit historique ou architecturale. Avec le Levantine Institute, nous voulons casser cette idée que Tripoli n’est qu’une ville de passage touristique pour les étrangers. »


Qui aurait parié, il y a encore quelques années, qu’un centre de langue arabe basé à Tripoli drainerait des centaines d’étudiants venus des quatre coins du globe ? Et pourtant, ce sont des Européens, des Américains, des Sud-américains, et même des Japonais qui affluent de plus en plus nombreux pour apprendre l’arabe au Levantine Institute. Situé dans le quartier central de...

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Y apprend t on l’arabe litteraire ou le libanais? L’ecrit ou le phonetique?

Marie-Hélène

05 h 27, le 18 octobre 2019

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Commentaires (1)

  • Y apprend t on l’arabe litteraire ou le libanais? L’ecrit ou le phonetique?

    Marie-Hélène

    05 h 27, le 18 octobre 2019

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