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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Assad à la reconquête des richesses de l’Est

Pétrole, eau, blé, coton... Le nord-est de la Syrie regorge de denrées stratégiques pour Damas.

Des gisements de pétrole en Syrie. Photo d’archives/AFP

Ces dernières heures, avec l’aide de son allié russe, le régime syrien se sera emparé de plus de territoires qu’au cours des douze derniers mois, presque sans tirer un seul coup de feu. Alors qu’Ankara et ses supplétifs rebelles syriens poursuivent leur offensive, lancée le 9 octobre, à la frontière syro-turque contre les milices kurdes des FDS (Forces démocratiques syriennes), dominées par les YPG (Unités de protection du peuple) qu’Ankara considère comme « terroristes », Damas continue de progresser dans le Nord, profitant du départ des troupes américaines.

Les forces progouvernementales ont ainsi pris en deux jours les villes de Manbij et de Kobané, deux villes-clés près de la frontière avec la Turquie, et commenceraient à prendre pied dans la ville de Raqqa. Damas se fraye ainsi peu à peu un chemin lui permettant de reprendre le contrôle du nord-est du pays, une région stratégique à bien des égards. Elle abrite en effet l’eau des barrages de Tabqa, d’al-Baath ou de Tichrine (dans la province de Raqqa), la quasi-totalité du pétrole du pays mais aussi son grenier à grain et à coton. Entre Deir ez-Zor et Hassaké, où se trouvent les deux principaux gisements pétroliers du pays, « se trouvent 90 % des ressources pétrolières de Syrie (…) et la Jazira représente la moitié de la production de céréales du pays et 80 % du coton », explique Fabrice Balanche, géographe français spécialiste de la Syrie, contacté par L’Orient-Le Jour, notant que « pour le futur, la mainmise de Damas sur cette région sera une source de richesse indiscutable ». De quoi « soulager » le régime dans la crise économique qu’il traverse.

Le conflit syrien a provoqué la destruction d’une grande partie des infrastructures et de l’agriculture – déjà affectée par les problèmes climatiques et politiques d’avant-guerre – du pays. À cela s’ajoutent les sanctions économiques imposées par les Occidentaux sur son pétrole – qui comptait avant guerre pour 35 % des exportations et 20 % des recettes publiques, selon le site The Syria Report. « La reprise de la région va certes permettre l’augmentation de la capacité de production de pétrole à l’intérieur de la Syrie, mais celle-ci ne sera pas fulgurante », nuance, quant à lui, Joseph Daher, professeur affilié à l’Institut européen de Florence, contacté par L’OLJ.


(Lire aussi : Poutine et Assad prêts à récupérer leur mise)

Partage des richesses

Certes les puits de pétrole syriens ne sont pas comparables à ceux de l’Irak ou de l’Arabie saoudite, mais ils permettront au régime de retrouver « une certaine indépendance énergétique, ce qui signifie : plus de pénurie de fuel. C’est une bonne nouvelle, surtout à l’entrée de l’hiver », poursuit M. Balanche, ajoutant par ailleurs qu’ils lui suffiront à « faire tourner le pays et avoir un petit surplus qu’il pourra vendre à quelques milliards de dollars par an », et ainsi l’aider à moins dépendre d’autres pays de la région.

« Quand les hydrocarbures ne sont pas fournis par l’Iran, Damas rentre systématiquement en crise, comme cela a été le cas à plusieurs reprises », résume, de son côté, Joseph Daher. Avant le conflit, la production de pétrole brut de Syrie atteignait les 385 000 barils par jour (bpj) et 21 millions de mètres cubes de gaz. En 2016, la production avait chuté à 2 000 bpj et 6,5 millions de mètres cubes de gaz, selon le ministre du Pétrole et des Ressources minérales, Ali Ghanem, cité par les médias officiels. Des statistiques revues à la hausse avec la reprise au groupe État islamique des champs gaziers et pétroliers de Homs. En 2017, la production dans cette région était ainsi remontée à environ « 17 millions de mètres cubes de gaz et 24 000 barils de pétrole brut », d’après la même source.

L’exploitation du pétrole devrait, d’après les analystes, rester cantonnée à l’échelle de la Syrie. Pas d’exportations en vue, du moins pas au-delà du Moyen-Orient, compte tenu des sanctions qui pèsent sur Damas.

Mais même si le régime s’apprête à reprendre la main dans cette région, « il existait déjà une cogestion de certaines ressources avec les FDS. C’est par exemple le cas pour les eaux de Tabqa, où lorsque des agents du régime venaient, ils contrôlaient en partie le barrage », explique M. Daher. Cette cogestion s’effectuait aussi pour le pétrole et le blé – des heurts ont parfois éclaté entre Damas et les Kurdes sur ce dernier point, les deux voulant chacun leur part du gâteau. « Les Syriens se procuraient déjà du pétrole vis-à-vis des FDS à travers une quasi-contrebande dans la région par le biais d’entremetteurs », poursuit l’expert. Le régime étant maintenant de retour dans la région, que va-t-il advenir des entremetteurs et commerçants liés aux FDS ? Seront-ils remplacés par des agents du régime ? C’est la grande question.

La reprise en main des ressources du pays par le régime ne se fera néanmoins pas sans passer à la caisse. Damas s’est largement endetté auprès des Russes – qui lui fournissent une grande assistance alimentaire, notamment en blé – mais aussi des Iraniens, qui lui livrent du pétrole. On l’a encore vu il y a quelques mois après que le pétrolier « Adrian-Darya 1 », qui a été retenu à Gibraltar près d’un mois, indiquait sur son plan de route qu’il faisait route vers le port syrien de Baniyas. « En 2018, la Syrie se procurait déjà entre deux et quatre millions de tonnes de grains à blé de la Russie (…) 40 % de la production agricole du pays a été détruite », poursuit Joseph Daher. « Téhéran et Moscou vont se rembourser, surtout sur le pétrole », explique Fabrice Balanche. « Moscou a d’ailleurs décroché les contrats d’exploitation du pétrole syrien dans le partage des richesses syriennes qui s’est effectué récemment », conclut-il.


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commentaires (3)

Reconquête vous dites ? quand il s'agit de la LIBÉRATION DE SON TERRITOIRE AGRESSÉ PAR UN COMPLOT OCCIDENTAL HONTEUX ET QUI A FOIRÉ, HAMDELLAH ! Le héros BASHAR EL ASSAD est plus grand que ça, il ne va pas ruminer la lâcheté des usa et consorts, il va plutôt penser à RECONSTRUIRE SON PAYS . PAR CONTRE , ON ATTEND QUE LE LOUP FINAL , LE VRAI LOUP SORTE DES BOIS . VOUS SAVEZ TOUS QUI C'EST. A L'ORÉE DE CE BOIS LES RÉSISTANTS L'ATTENDENT AVEC DES BÂTONS ET DES CAILLOUX ET SANS PITIÉ AUCUNE . LES TRUMP-PETE, ERDO , MACRON , BORIS ETC... C'EST DU MENU FRETIN DEVANT LUI .

FRIK-A-FRAK

10 h 18, le 17 octobre 2019

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Commentaires (3)

  • Reconquête vous dites ? quand il s'agit de la LIBÉRATION DE SON TERRITOIRE AGRESSÉ PAR UN COMPLOT OCCIDENTAL HONTEUX ET QUI A FOIRÉ, HAMDELLAH ! Le héros BASHAR EL ASSAD est plus grand que ça, il ne va pas ruminer la lâcheté des usa et consorts, il va plutôt penser à RECONSTRUIRE SON PAYS . PAR CONTRE , ON ATTEND QUE LE LOUP FINAL , LE VRAI LOUP SORTE DES BOIS . VOUS SAVEZ TOUS QUI C'EST. A L'ORÉE DE CE BOIS LES RÉSISTANTS L'ATTENDENT AVEC DES BÂTONS ET DES CAILLOUX ET SANS PITIÉ AUCUNE . LES TRUMP-PETE, ERDO , MACRON , BORIS ETC... C'EST DU MENU FRETIN DEVANT LUI .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 18, le 17 octobre 2019

  • Tout présage le commencement prochain de la reconstruction de la Syrie , et la Chine a déjà commencé à inspecter ces horizons fructueux . Malheur aux retardataires occidentaux qui prétendent bouder cette machine en marche tant que Bachar est au pouvoir . Quant à nous , devrions-nous encore une fois laisser passer e train ?

    Chucri Abboud

    08 h 59, le 17 octobre 2019

  • L.INVASION IDIOTE DE L,APPRENTI MINI SULTAN ERDO L,OTTOMAN A OUVERT LA VOIE A LA REUNIFICATION DE TOUTE LA SYRIE SOUS L,EGIDE D,ASSAD AVEC L,AVAL RUSSE ET OCCIDENTAL. BETISE PLUS GRANDE NE FUT JAMAIS COMMISE PAR LE DESPOTE OTTOMAN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 52, le 17 octobre 2019

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