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Moyen Orient et Monde - Syrie

Face à l’offensive turque, les Kurdes se jettent dans les bras du régime

Les forces turques ont conquis toute la région frontalière de Tal Abyad, jusqu’à l’ouest de Ras al-Aïn.

Un combattant rebelle proturc à Tal Abyad, hier. Khalil Ashawi/Reuters

Les Kurdes syriens ont annoncé hier soir avoir conclu un accord avec Damas pour le déploiement de l’armée syrienne près de la frontière turque, au cinquième jour de l’offensive d’Ankara contre les forces kurdes dans le nord-est de la Syrie. « Afin de faire face à l’agression turque et empêcher qu’elle se poursuive, nous sommes parvenus à un accord avec le gouvernement syrien pour que l’armée se déploie le long de la frontière turco-syrienne dans le but de soutenir les Forces démocratiques syriennes (FDS) », a annoncé dans un communiqué l’administration kurde. Outre le soutien à cette alliance de combattants kurdes et arabes, il est précisé dans le communiqué que l’armée syrienne est « appelée à libérer toutes les localités occupées par l’armée turque et ses supplétifs syriens » depuis le début de cette offensive. L’agence de presse étatique SANA avait annoncé peu auparavant que l’armée syrienne allait envoyer des troupes dans le nord du pays pour « affronter l’agression » de la Turquie, qui y mène depuis cinq jours une offensive pour éloigner de sa frontière la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), épine dorsale des FDS, considérée comme une organisation « terroriste » par Ankara. Plus tôt dans la journée, les forces turques et leurs alliés locaux ont avancé en profondeur dans le pas. L’assaut de la Turquie vise à instaurer une « zone de sécurité » profonde de 32 kilomètres pour séparer sa frontière des territoires contrôlés par les YPG. Cette « zone » serait susceptible d’accueillir une partie des 3,6 millions de Syriens réfugiés en Turquie. L’offensive turque a provoqué un tollé international. Partenaires des Occidentaux dans la lutte antijihadiste, les forces kurdes ont accusé Washington de les avoir abandonnées, en retirant lundi leurs soldats des abords de la frontière, ouvrant la voie à l’offensive turque. Celle-ci doit se concentrer dans un premier temps sur une bande de territoire frontalière entre les villes de Tal Abyad et Ras al-Aïn, distantes d’environ 120 kilomètres. Hier, les forces turques ont conquis Tal Abyad, selon l’agence turque Anadolu et l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Il n’y a plus que Ras al-Aïn qui échappe aux forces turques qui se sont emparées de 40 villages depuis mercredi, selon l’OSDH. « Ces forces ont conquis toute la région frontalière, de Tal Abyad jusqu’à l’ouest de Ras al-Aïn. »

Retrait américain

Les combats et les bombardements turcs ou de leurs supplétifs ont été violents hier, tuant au moins 26 civils selon l’OSDH. Parmi ces victimes au moins dix ont péri dans un raid de l’aviation turque à Ras al-Aïn, selon l’OSDH. L’agence locale kurde ANHA a rapporté la mort de son correspondant. Le président américain Donald Trump a ordonné « un retrait délibéré des forces américaines » du nord de la Syrie, selon le chef du Pentagone Mark Esper qui a évoqué « moins » de 1 000 soldats. « Nous n’avons pas abandonné les Kurdes », s’est-il défendu. En cinq jours, 104 combattants kurdes et plus de 60 civils ont été tués dans les violences, selon un dernier bilan de l’OSDH. Plus de 130 000 personnes ont été déplacées d’après l’ONU. Samedi, neuf civils ont été « exécutés » par des rebelles proturcs, selon l’OSDH. Ankara assure que toutes les mesures sont prises dans le cadre de son opération pour éviter les pertes civiles. La Turquie a annoncé la mort de quatre soldats en Syrie et de 18 civils dans la chute de roquettes kurdes sur des villes frontalières turques. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a répété hier sa détermination à poursuivre l’offensive. « Ceux qui pensent pouvoir nous contraindre à reculer avec ces menaces se trompent », a-t-il dit après que Berlin et Paris ont annoncé la suspension des ventes d’armes qui pourraient être utilisées contre les forces kurdes. Rome a ensuite demandé un « moratoire » européen sur les « ventes d’armes à la Turquie ».

Le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel ont appelé hier soir la Turquie à cesser son opération qui « risque de créer une situation humanitaire insoutenable et d’aider Daech à réémerger ». Hier, « 785 (proches) de membres étrangers de l’EI ont fui le camp de Aïn Issa », ont affirmé les autorités kurdes. « Ils ont attaqué les gardes et ouvert les portes. » « Toutes les familles de membres de l’EI ont fui », a indiqué un responsable kurde, Abdel Kader Mouahad.

Quelque 12 000 combattants de l’EI, des Syriens, des Irakiens mais aussi 2 500 à 3 000 étrangers originaires de 54 pays, sont détenus dans les prisons sous contrôle des Kurdes, selon leurs statistiques. Les camps de déplacés accueillent quelque 12 000 étrangers, 8 000 enfants et 4 000 femmes.

Source : AFP

Les Kurdes syriens ont annoncé hier soir avoir conclu un accord avec Damas pour le déploiement de l’armée syrienne près de la frontière turque, au cinquième jour de l’offensive d’Ankara contre les forces kurdes dans le nord-est de la Syrie. « Afin de faire face à l’agression turque et empêcher qu’elle se poursuive, nous sommes parvenus à un accord avec le gouvernement...

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