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Assemblage d'un sous-marin franco-brésilien, avec Bolsonaro, mais boudé par la France

Le président brézilien, Jair Bolsonaro. Photo REUTERS/Amanda Perobelli

Le président brésilien Jair Bolsonaro a participé vendredi à une cérémonie aux accents nationalistes pour l'assemblage du deuxième sous-marin de fabrication franco-brésilienne, sans aucune présence diplomatique française en raison du climat glacial des relations bilatérales.

La construction de nouveaux sous-marins vise à assurer la protection des 8.500 km de côtes et des gisements de pétrole du pays, et la cérémonie a donné l'occasion au président d'extrême droite de réaffirmer la souveraineté du Brésil sur l'Amazonie et de poursuivre la polémique avec la France, sans la nommer.

L'assemblage du sous-marin Humaita est la dernière étape en date d'un ambitieux programme entre la France et le Brésil qui prévoit la construction de cinq submersibles, dont un à propulsion nucléaire.

La coque du sous-marin à propulsion classique a été assemblée au chantier naval flambant neuf d'Itaguai, dans l'Etat de Rio de Janeiro, après la mise à flot du premier sous-marin de la série, Riachuelo, en décembre 2018.

Le groupe français DCNS (aujourd'hui Naval Group) avait remporté en 2009 un contrat de 6,7 milliards d'euros, prévoyant notamment des transferts de technologie et la construction d'un chantier naval ultra-moderne.

Vendredi, le président Bolsonaro, entouré de plusieurs ministres, a symboliquement actionné un levier pour l'assemblage de l'énorme submersible, dont la mise a l'eau est prévue en 2022.

Ni l'ambassadeur de France au Brésil Michel Miraillet ni le consul général à Rio Jean-Paul Guihaumé n'avaient fait le déplacement.

"A partir du moment où la présence du président Bolsonaro était annoncée, l'instruction avait été donnée par Paris qu'il n'y ait pas de présence diplomatique française", a déclaré une source diplomatique à l'AFP.

Les relations entre Paris et Brasilia sont quasiment gelées depuis le mois d'août en raison d'une brouille qui a atteint son paroxysme avec les incendies en Amazonie.

Le président français Emmanuel Macron avait accusé son homologue brésilien d'avoir menti sur ses engagements en faveur de l'environnement et avait soulevé la question d'une "internationalisation" de l'Amazonie.

Jair Bolsonaro avait insisté pour obtenir des excuses qui ne sont jamais venues et s'était attaqué au physique de la Première dame Brigitte Macron sur Facebook, tout en laissant ses ministres insulter copieusement le président français.

"Les ennemis de l'étranger"

"Nous ne permettrons pas (..) que de l'étranger on tente de nous mettre dans la situation de colonisés", a dit vendredi, dans un bref discours, M. Bolsonaro, qui avait accusé M. Macron d'avoir "une mentalité colonialiste".

Quand le Brésil a "vu remise en cause sa souveraineté sur l'Amazonie, j'ai eu la satisfaction (...) d'aller devant (l'assemblée générale de) l'ONU dire au monde entier que l'Amazonie est à nous", a-t-il ajouté, en référence encore une fois à son différend avec Paris.

"Nous vaincrons les ennemis de l'étranger avec la technologie et les moyens de dissuasion", a-t-il conclu, devant le submersible franco-brésilien.

Le sous-marin Humaita, de classe Scorpène, muni de torpilles lourdes et de missiles, mesure 76 mètres et pèse plus de deux tonnes.

La mise à l'eau du sous-marin nucléaire Alvaro Alberto, qui ne prévoit pas de transfert de technologie française pour ce qui est du réacteur, devrait avoir lieu en 2029, six ans après la date prévue.

Le projet a été retardé notamment par des restrictions budgétaires liées à la récession historique de 2015 et 2016 dont le Brésil peine encore à se relever.

Il a également été secoué par des soupçons de malversations d'Odebrecht, chargé de la construction du chantier naval dans le cadre d'un consortium avec Naval Group, et qui s'est retrouvé au coeur d'un vaste scandale de corruption.

Le président brésilien Jair Bolsonaro a participé vendredi à une cérémonie aux accents nationalistes pour l'assemblage du deuxième sous-marin de fabrication franco-brésilienne, sans aucune présence diplomatique française en raison du climat glacial des relations bilatérales. La construction de nouveaux sous-marins vise à assurer la protection des 8.500 km de côtes et des...