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Liban - Réformes

Aoun et Berry s’apprêtent à passer à l’acte

La commission ad hoc se réunit cet après-midi ; prochain Conseil des ministres lundi.

Nabih Berry à l’issue de son entretien avec Michel Aoun, hier. Photo Dalati et Nohra

Le président de la République, Michel Aoun, et le chef du législatif, Nabih Berry, n’ont jamais caché leur mécontentement quant au retard mis à approuver les réformes qui devraient faire partie intégrante du budget 2020, et ce en dépit de l’unanimité que fait cette question, sur son principe du moins, dans les milieux politiques. Mais aujourd’hui, ils semblent déterminés à passer à l’acte.

Telle est l’impression qui se dégage des propos tenus par le président du Parlement à l’issue de son entretien avec le chef de l’État, hier à Baabda. Il s’agit de la toute première rencontre entre les deux hommes depuis la tenue de la table de dialogue économique élargie sous la houlette de M. Aoun, le 2 septembre dernier. « La rencontre avec le président était excellente. Et la discussion a porté sur les sujets d’actualité, notamment la situation économique et financière, le budget et la situation au Liban-Sud (dans la zone frontalière), ainsi que les retombées sur le Liban de l’offensive turque en Syrie », a déclaré Nabih Berry. « Je me suis entendu avec le chef de l’État pour convoquer » le comité économique d’urgence « si le budget 2020 n’est pas finalisé d’ici à la semaine prochaine », a-t-il ajouté.

Le président de la Chambre exerce clairement un forcing dans le sens d’une rapide mise sur pied du budget 2020, souligne à L’Orient-Le Jour un proche du Premier ministre Saad Hariri, assurant que M. Berry met la pression sur tous les protagonistes, y compris ceux qui gravitent dans l’orbite de Baabda.

Il n’en demeure pas moins que les propos de Nabih Berry sont intervenus comme pour faire barrage à une crise politique qui commençait à poindre en raison de divergences entre les composantes gouvernementales autour des modalités d’application des réformes exigées par la communauté internationale.



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Cette mésentente s’est notamment fait sentir lors de la réunion tenue mercredi par la commission ministérielle ad hoc chargée de la question des réformes. À l’heure où le ministre du Travail, Camille Abousleiman (Forces libanaises), réitérait l’opposition de sa formation à toute loi des finances qui n’inclurait pas de réformes, le tandem chiite, mais aussi les Marada de Sleiman Frangié, par la bouche du ministre des Travaux publics, Youssef Fenianos, exprimaient des craintes quant à un manquement du gouvernement à son engagement à remettre le projet de budget au Parlement, dans les délais prévus par la Constitution, soit le 15 octobre.

À en croire certains médias locaux, les ministres du tandem Baabda-CPL auraient pris des positions moins tranchées par rapport à celles exprimées par le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, lors de sa conférence de presse de mardi dernier concernant la nécessité de s’engager à inclure les réformes dans le budget 2020.

Mais une source ministérielle confie à L’OLJ que le chef du CPL a profité de la séance du Conseil des ministres, hier au Sérail, pour réitérer son attachement à un projet de budget incluant les réformes qu’il conviendrait d’opérer pour bénéficier des aides prévues par la conférence de Paris (CEDRE, avril 2018). M. Bassil converge ainsi avec M. Abousleiman, et par la même occasion les FL, sur ce plan.

En face, et selon notre correspondante Hoda Chedid, le ministre des Finances Ali Hassan Khalil, bras droit de Nabih Berry, et son camp (le 8 Mars) tiennent à ce que le budget soit transmis au Parlement dans les délais et estiment que les réformes exigent de longs mois d’examen. Se félicitant de la position de M. Bassil, une source ministérielle explique que le parti de Samir Geagea est attaché au principe des réformes. Meerab estime aussi que le budget devrait inclure toutes les réformes qui pourraient être opérées dans de très brefs délais. Il est possible aussi que soient publiés des décrets et des décisions ministérielles (en dehors de la loi des finances) pour mettre à exécution d’autres mesures, ajoute-t-on de même source, avant de souligner qu’il serait bon de commencer à s’entendre sur les réformes à long terme, telles que la privatisation, pour ne citer que cet exemple.

Pour ce qui est de la polémique autour des délais, on rappelle dans certains milieux politiques que ceux-ci expirent le premier mardi après le 15 octobre, c’est-à-dire le 22 octobre. Le gouvernement a donc suffisamment le temps pour finaliser les débats et soumettre le projet à la Chambre.



(Lire aussi : Bassil : La détresse économique que nous vivons doit être l’occasion de corriger le tir)



Politique politicienne ?
Parallèlement à son caractère économique et financier, le débat concernant le budget 2020 devrait être perçu sous un angle éminemment politique, dans la mesure où l’écrasante majorité des protagonistes y prennent part. Dans ce contexte, le « léger désaccord » entre les formations de Samir Geagea et Gebran Bassil ne devrait pas être isolé du contexte politique tendu dans lequel il est intervenu. Cette nouvelle polémique a eu lieu à l’heure où le leader des FL, Samir Geagea, n’en finit pas de critiquer le cabinet, allant même jusqu’à plaider, depuis le Canada, pour la démission de ce qu’il appelle « la majorité gouvernementale » et la formation d’un cabinet de technocrates.

Pour l’instant, une donnée semble sûre : il n’est pas question pour Meerab de claquer la porte du cabinet Hariri, dans la mesure où il est temps de rectifier le tir des 25 dernières années. « Nous insistons pour que les réformes soient examinées et approuvées. Et nous appelons tout le monde à faire de même », assure à L’OLJ le ministre des Affaires sociales, Richard Kouyoumjian, tout en insistant sur le fait que « dans le cas contraire, les FL seront obligées de dévoiler la vérité à l’opinion publique ».

En face, le CPL semble s’attendre à des actes concrets de la part de leur partenaire chrétien qui « brandit le slogan de la réforme ». Citée par l’agence al-Markaziya, une source au sein du directoire du parti appelle les FL « à faire leurs preuves dans la pratique ».

Lors de sa séance d’hier, le Conseil des ministres a poursuivi l’examen du projet de budget 2020. Selon le ministre de l’Information Jamal Jarrah, le gouvernement a examiné « toutes les propositions présentées par la commission ad hoc chargée des réformes ». M. Jarrah a par ailleurs fait savoir que le Conseil des ministres poursuivra les débats lundi à 16 heures, précisant que la séance pourrait être précédée par une réunion de la commission des réformes. Celle-ci devrait se réunir cet après-midi au Sérail.



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commentaires (4)

Il faudra passer à l'acte pour sauver le pays des grèves et du mécontentement du peuple .

Antoine Sabbagha

19 h 35, le 11 octobre 2019

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Commentaires (4)

  • Il faudra passer à l'acte pour sauver le pays des grèves et du mécontentement du peuple .

    Antoine Sabbagha

    19 h 35, le 11 octobre 2019

  • Aoun et Berry passent à l'acte pour résoudre les problèmes de l'économie... Alors gibran rencontre hassan... Le ministre des affaires étrangères et celui qui doit tout aux etrangers vont résoudre notre économie. Une autre bizzarerie à la libanaise... 1, 2, 3 tous ensembles: riont et pleurons en même temps...

    Wlek Sanferlou

    18 h 05, le 11 octobre 2019

  • QUE TOUS PASSENT A L,ACTE. ASSEZ DE TERGIVERSATION, D,ABRUTISSEMENT ET D,IMMENSE HEBETUDE ET D,INCOMPETENCE. LE PEUPLE EN A MARRE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 26, le 11 octobre 2019

  • Bien avant de résoudre le problème de 2020, qui aurait une réponse responsable quand à la grève annoncée le14 octobre par les boulangeries et les minotiers?

    Esber

    06 h 56, le 11 octobre 2019

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