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Culture - Rencontre

Zain Duraie, la nouvelle voix de la femme arabe

Sélectionné au prestigieux Festival international de Venise et meilleur court-métrage arabe au Festival de Gouna (Égypte), « Give up the Ghost » (Salam) fait de son auteure réalisatrice jordanienne, Zain Duraie, la jeune battante du cinéma arabe.


Zain Duraie, la cinéaste jordanienne sélectionnée à Venise pour son « Give up the Ghost » (Salam) © Festival de Venise

Elle a fait un rêve. Et aujourd’hui, ce rêve elle le partage avec tous les amoureux du 7e art. Après avoir écumé, petite, aux bras de son père, les salles de cinéma (et versé de chaudes larmes en voyant Titanic), la jeune Zain Duraie, 30 ans, décide d’adopter le milieu cinématographique comme une seconde famille. Ses premiers pas d’actrice, elle les fera à l’école où elle est appelée par le théâtre. « J’ai senti que je voulais rentrer dans ce monde-là et pas un autre. » Mais très vite, elle s’orientera vers la mise en scène. « Un tas de questions me traversaient l’esprit quand je voyais un film : comment assure-t-on l’éclairage ? Comment l’image peut-elle avoir son propre langage ? Pendant ma dernière année scolaire, je faisais des recherches sur ces sujets-là et décidais de les résoudre moi-même. » S’en suit un départ pour le Canada afin de poursuivre des études en mise en scène et en scénario.

Infatigable, travailleuse et déterminée

De retour en Jordanie, Zain Duraie se sent pourtant perdue. « On croit qu’après avoir eu le diplôme, on va passer très vite à la réalisation. Il n’en est rien. C’est très joli d’avoir des idées et d’écrire une histoire, mais comment la transformer visuellement et que doit-elle drainer comme significations ? » Invitée par la réalisatrice Annemarie Jacir sur le tournage de son film When I Saw You (Quand je vous ai vu), la jeune Zain est prête à tout faire. « J’installais les chaises, portais du matériel lourd, rien que pour être sur le set. C’est alors qu’Annemarie m’ouvre les yeux. Par sa simplicité et sa manière d’être à l’écoute des autres, elle me soutient et m’aide à me retrouver. »

Encouragée, Duraie réalise par la suite son premier film Horizon d’une durée de 17 minutes. Depuis, elle continue sur cette trajectoire où elle fait entendre le plus souvent la voix des femmes. Après Venise et Gouna (Égypte), où Give up the Ghost (Salam) décroche le prix du meilleur court-métrage arabe, la réalisatrice est même reconnue au récent Festival de Malmö pour le film arabe où elle obtient le prix pour la production de son long-métrage.

« Je ne suis pas de ces cinéastes qui font du cinéma dans le but uniquement d’en faire. J’utilise ce medium artistique comme outil pour briser les clichés et changer le regard que porte l’Occident sur l’Orient. J’ai un cri dans le ventre et je veux le porter loin. Et même si j’ai progressé cinématographiquement, le thème reste le même depuis mes débuts », explique la jeune femme. Give up the Ghost est né de cette colère. Portrait d’une femme qui décide un jour de ne plus être soumise au diktat de son mari, qu’elle aime pourtant, et de sa belle-famille, Salam (Maria Zreick) donne l’impression de se soumettre à la réalité de sa société. Silencieuse, car ce ne sont pas les mots qui changent les choses, mais les actes, elle combat ces fantômes qui ne sont autre que l’entourage, à commencer par le mari et ses parents, ainsi que toute la société.

Zain Duraie est une pasionaria. Elle est prête à se battre pour les causes qu’elle défend. « Nous ne sommes pas des victimes, poursuit-elle. Nous savons très bien ce que nous voulons, mais les sociétés patriarcales du monde arabe et de la Jordanie d’où je suis issue, sont dominantes et font de nous, les femmes, des victimes. Il faut changer totalement ces préjugés et ces clichés. Et cela commence par la femme elle-même. Il suffit qu’elle ait plus de confiance en elle pour s’affirmer en société. »

Parlant de son long-métrage en développement, The Sea Needs to Heave (La mer doit se soulever), qui a reçu le prix de l’Institut du film suédois à Malmö, la cinéaste jordanienne dira : « Le long-métrage est un défi, certes, mais un court suppose beaucoup de contraintes. Il faut faire passer le message en peu de temps. » Infatigable, Zain Duraie n’aime pas tromper son public « parce qu’il le sent », dit-elle. « Je veux partager avec lui une œuvre authentique et vraie. » Entourée d’une équipe de production qui a cru en elle depuis le début, notamment Alaa Alasad, et d’acteurs qui deviennent souvent ses amis (« parce que je les aime et que je dois les soutenir dans leurs performances »), la jeune réalisatrice sait exactement où elle va. « Un metteur en scène, pour moi, doit savoir diriger ses acteurs et tirer la flamme qui est en eux. Certes, l’éclairage, le décor ou tout le reste qui contribue à faire un film sont importants, mais l’essentiel, ce sont les acteurs. Et le réalisateur, s’il leur fait confiance, peut leur donner le tempo exact. Parfois, il suffit d’un mouvement, d’une parole pour que le film trouve sa véritable signification. » Pour la jeune réalisatrice, l’art est l’arme la plus forte au monde qui touche les autres par le cœur et les émotions et non par la violence. Si l’on n’est pas convaincu qu’un film peut parvenir à changer un peu l’esprit des gens (surtout dans le monde arabe), alors à quoi cela sert-il d’en faire ? Zain Duraie, une cinéaste à suivre.


Elle a fait un rêve. Et aujourd’hui, ce rêve elle le partage avec tous les amoureux du 7e art. Après avoir écumé, petite, aux bras de son père, les salles de cinéma (et versé de chaudes larmes en voyant Titanic), la jeune Zain Duraie, 30 ans, décide d’adopter le milieu cinématographique comme une seconde famille. Ses premiers pas d’actrice, elle les fera à l’école où elle est...

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