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Culture - Théâtre

Des bandits drôlement patriotiques

Venu d’Italie, un texte signé et mis en scène  par Marcello Cotugno dans le cadre du Festival du théâtre européen.  


La pièce italienne « Ne les appelez pas bandits », un texte signé et mis en scène par Marcello Cotugno. Photo Ramzi Haidar/Dar el-Mousawir

En avant-dernier maillon des pièces données au théâtre al-Madina à travers le Festival du théâtre européen au Liban, place à l’Italie qui présente « Ne les appelez pas bandits », un texte signé et mis en scène  par Marcello Cotugno.  

Entre humour grinçant et poésie, voilà un percutant mais long moment de scène  qui aurait gagné à être un peu abrégé. Sur des thèmes (parfois redondants) qui se chevauchent et se recoupent  entre conduite morale, patriotisme, corruption, liberté d’expression, trahison, attrait et mensonge de la politique et de l’amour, pour tracer en fin de compte le portrait de l’unification de l’Italie à l’époque de Garibaldi.

En langue italienne d’une délicieuse musicalité (une savoureuse écoute qui berce et ravit le spectateur) et bien articulée par des comédiens au-dessus de tout éloge, avec une traduction en anglais projetée à même un espace servant d’écran adroitement inséré au décor. 

Deux acteurs - Paolo de Vita et Mimmo Mancini - tiennent carrément sur leurs épaules le verbe et les situations de cette trame chaotique. Ils vivent, sans emphase inutile, mais avec juste ce qu’il faut de gestuelle crédible sous les feux de la rampe, d’histoires et peut-être de fables et fabulations. Pour tisser le portrait d’une classe moyenne un peu perdue et tiraillée entre diverses aspirations. Et qui affronte  avec une sorte d’incertitude les remous des données politiques d’une époque alors au destin qui se précise.

Dans un décor amusant de forêt en carton-pâte avec rocher, tronc d’arbre et béance d’une caverne, les deux compères attifés de leurs chiffes et haillons vivent en proscrits pour avoir volé une brebis. Là, pour fuir la réalité et l’occulter, un flot de paroles. Et des petits tours qu’ils se jouent et jouent à tous ceux qui passent dans leurs parages de haute montagne. Et il n’y a pas que les « bersaglieri » hostiles. Les nonnes  parfois bien musclées ont aussi des griffes : elles rosseront  copieusement l’un des deux gandins pour avoir osé faire des avances. Elles frappent précis aux zones érogènes qui font mal, pour faire lamentablement glapir l’attaquant.

Entre petites querelles et réconciliations qui prêtent à sourire entre frangins guère ennemis mais plus portés à la tendresse, Carlo et Cosimo Capitoni content en un sympathique chapelet burlesque leurs (més)aventures. Et tentent de voir clair dans ces jours troubles entre1859 et1863 où se forge la notion d’une nation.

Brigands proscrits et affublés du nom de révolutionnaires, les deux sans doute à tort, ils seront rattrapés par la justice (ou injustice ?) et l’ordre établi les jette en prison. L’un des deux, vite blanchi, sera maire et sauvera son frère qui croyait encore bien naïvement à l’idéal en tenant sa baïonnette.

Si certains dialogues sont inutilement répétitifs (le symbole du poulpe est usé ici jusqu’à la corde) et les répliques tombent parfois dans le verbiage par leur insistance, la mise en scène est par contre louable. Elle est nerveuse et dynamique.

Mais il ne faut pas croire qu’il y a seulement deux acteurs superbes dans cette pièce, mais quatre ! Car il faut compter avec la partition musicale et l’éclairage. La musique est étonnamment vivante dans ce huis-clos qui ne manque pas de divertissants instants teintés d’un jeu décontracté, pour ne pas dire un peu folichon, aux abords clownesque. La musique donc pour les alertes d’un danger imminent, ainsi que les détentes et la zone espoir, par le biais d’une tourbillonnante mélodie folklorique sans doute de la région  des Pouilles.

Quant aux lumières, elles sculptent l’espace surtout avec l’atmosphère de prison : se dessinent alors les barreaux des  chambres froides et lugubres  des cellules  où l’air n’arrive pas. Et pour ce qui est des épisodes tragi-comiques dans les bois où se cachent les deux faux gredins, l’éclairage est un allié de taille et un vrai mur de soutènement pour les entourloupes verbales, menées tambour battant par les deux protagonistes aux multiples visages.

En avant-dernier maillon des pièces données au théâtre al-Madina à travers le Festival du théâtre européen au Liban, place à l’Italie qui présente « Ne les appelez pas bandits », un texte signé et mis en scène  par Marcello Cotugno.   Entre humour grinçant et poésie, voilà un percutant mais long moment de scène  qui aurait gagné à être un peu abrégé. Sur...

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