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Économie - Sanctions

Feu vert pour la liquidation de Jammal Trust Bank

Le siège de Jammal Trust Bank à Adliyé (Beyrouth). Photo P.H.B.

La banque libanaise Jammal Trust Bank, visée fin août par des sanctions du Trésor américain qui l’accuse de faciliter « les activités bancaires du Hezbollah », a annoncé hier qu’elle avait obtenu le feu vert de la Banque du Liban pour entamer son processus de liquidation. La banque centrale, sous le contrôle de laquelle l’établissement libanais avait été placé après l’annonce des sanctions, a confirmé cette annonce dans un communiqué distinct.

Le conseil d’administration de JTB a affirmé avoir été « contraint » de prendre cette décision « malgré la bonne situation de la banque sur le plan monétaire (...) et son respect des règles et usages bancaires locaux et internationaux ». La petite banque, dont les actifs représentant moins de 0,4 % du total du secteur bancaire du pays, a souligné que sa décision était motivée par son « attachement aux droits de ses déposants et de ses employés ».


(Lire aussi : Les sanctions US contre le Hezbollah « touchent tout le Liban », déplore Berry)


Agences toujours ouvertes

Le gouverneur de la BDL, Riad Salamé a, pour sa part, précisé que « le montant des avoirs fixes et les droits de la banque concernée », ainsi que les sommes réservées par le « fonds de garantie des dépôts », étaient « en principe suffisants pour couvrir l’intégralité des engagements » de JTB « dans le respect des lois libanaises et des règlements » de la BDL. « Tous les fonds des déposants seront garantis (…) les droits (salaires et indemnités, NDLR) des employés de la banque seront préservés », a-t-il ajouté.

« L’ordre de priorité des créanciers de JTB n’est pas connu, pas plus que le calendrier du processus. Ce qui est certain, c’est que les (25, NDLR) agences de la banque sont toujours ouvertes pour répondre aux demandes de leurs clients », explique une source bancaire anonyme. Une information confirmée par une des agences de la banque contactée par L’Orient-Le Jour. « Il n’est toutefois pas certain, pour l’instant, que les dépôts à terme puissent être immédiatement débloqués », ajoute la source contactée. S’agissant enfin des liquidités disponibles pour solder les dettes de la banque, la source ajoute que la BDL devrait assurer les fonds qui pourraient éventuellement manquer à JTB en utilisant les actifs de cette dernière comme garantie.

Le Trésor américain avait annoncé, le 29 août dernier, des sanctions contre la JTB et l’avait officiellement qualifiée d’organisation « terroriste » pour avoir fourni des services financiers au conseil exécutif du Hezbollah et à la Fondation des martyrs, basée en Iran. « Les institutions financières corrompues comme Jammal Trust Bank sont une menace directe à l’intégrité du système financier libanais », avait affirmé la sous-secrétaire au Trésor en charge de la Lutte contre le financement du terrorisme, Sigal Mandelker. Ces sanctions entraînent le gel des avoirs de la banque aux États-Unis, et lui interdisent toute transaction via le système financier américain ou toutes les opérations libellées en dollars.


(Lire aussi : L’administration américaine ne cible aucune autre banque libanaise, martèle l’ABL)


La JTB a démenti à plusieurs reprises les accusations américaines, affirmant respecter les lois et réglementations libanaises et internationales imposées aux banques, notamment celles en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. L’annonce des sanctions imposées à JTB a alimenté des rumeurs évoquant la possibilité que d’autres établissements libanais soient visés, alors que l’administration américaine a récemment augmenté la pression sur le parti chiite – courant septembre, le président Donald Trump a signé un décret qui renforce les sanctions pour lutter contre le terrorisme –, et ajoute quatre responsables du Hezbollah dans sa liste noire. L’Association des banques du Liban (ABL) a écarté ce scénario à plusieurs reprises depuis fin août. Il reste que l’inscription de la JTB sur la liste de l’OFAC (organisme de contrôle financier, dépendant du département du Trésor des États-Unis) condamne a priori la banque à suivre la même trajectoire que celle empruntée en 2011 par la Lebanese Canadian Bank (LCB). Cette dernière avait été accusée à l’époque par les autorités américaines d’avoir blanchi de l’argent pour un groupe de trafiquants liés au parti chiite. Quelques mois plus tard, la LCB était absorbée par un des membres du top 10 libanais, la SGBL, avec la bénédiction de la BDL, qui avait facilité le financement de la transaction – estimée aux environs d’un demi-milliard de dollars. Pour l’heure, aucune information officielle concernant l’identité d’un potentiel acquéreur – qui pourrait être un des membres du top 16 des grandes banques du pays en termes de dépôts (supérieurs à 2 milliards de dollars) – n’a été divulguée.




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