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Lifestyle - Carnet de bord

III- Libanité, entraide et hospitalité !

Mais qu’est-ce qui se passe dans ta tête ? A-t-on idée de prendre une telle décision dans le contexte actuel ? Quitter le Canada, à l’aube de la quarantaine, avec femme et enfant en bas âge, alors qu’on a un beau parcours professionnel et académique en Amérique, pour rentrer au Liban... Ils sont nombreux à trouver l’idée farfelue. Et pourtant, nous rentrons, parce que ce pays, que nous avons quitté enfant, est aussi le nôtre... Nous rentrons y travailler, y apporter notre contribution. Ceci est la suite du carnet de bord de notre retour.


Photo bigstock

Certains s’en sont déjà rendu compte, il y a un agenda caché derrière ce carnet de bord. Ces articles sont commandités par des forces étrangères qui veulent interférer dans les affaires internes libanaises… Bon, j’exagère, mais il semble que les théories du complot sont légion dans ce pays. Loin de moi l’idée de m’immiscer dans les questions politiques locales et régionales, je n’en ai pas les compétences. C’est un exercice bien trop hasardeux et ils sont déjà très nombreux à donner leurs avis là-dessus. Mais cette tendance que nous avons collectivement à accorder une importance démesurée à pratiquement tout autour de nous rend difficile l’appréciation des petites choses de la vie.

Malgré les difficultés quotidiennes et un contexte géopolitique lourd et difficile, il reste un grand nombre de choses à apprécier au Liban.

Cette fameuse entraide libanaise, par exemple, elle existe vraiment, et lorsqu’on veut aider ou se faire aider, on trouve toujours une manière d’y arriver. Ma femme m’appelle l’autre soir : « Je ne trouve pas les clés de la maison, tu peux venir nous ouvrir ? » « Yalla, j’arrive dans quelques minutes, pas d’inquiétudes. » Une fois sur place, on a vite fait de se rendre compte que les clés sont bel et bien dans l’appartement, dans la serrure de la porte... Impossible d’ouvrir donc… Nous habitons un étage élevé, grimper du balcon n’est donc pas non plus une option.

Un moment, nous nous sommes sentis quelque peu démunis. Mais c’était sans compter la gentillesse et la débrouillardise de notre poste de darak local. À peine contactés, ces derniers ont pris les choses en main. En moins de cinq minutes, un camion/winsh était réquisitionné, la longue échelle solidement installée sur le trottoir pour grimper les quelques étages vers notre appartement, et un officier dans notre appartement !

Une telle opération, bloquer la rue, grimper quelques étages pour accéder à un balcon puis à un appartement, aurait été difficilement envisageable ailleurs… Mais quand la débrouillardise légendaire des Libanais se mêle à un sentiment du devoir d’aider l’autre, le résultat est épatant !

Une fois la porte ouverte, les habitants de l’immeuble, les voisins, et quelques personnes du quartier se sont regroupés dans la rue, l’occasion de faire connaissance et de rire ensemble de cette mésaventure. Only in Lebanon…Le lendemain, des amis de passage au Liban nous appellent : « Yalla, on a une réservation ce soir au Music Hall. » « Ce soir ? Mais nous sommes mercredi, et j’ai du boulot demain… » Face à leur insistance, nous n’avons pas eu le choix sinon de sacrifier nos bonnes vieilles habitudes et une longue nuit de sommeil pour faire plaisir aux visiteurs. Il est un peu de notre devoir, maintenant, de soutenir la fameuse hospitalité libanaise ! Et tant pis si nous sommes un peu fatigués au bureau le lendemain.

Le boulot, justement, parlons-en… J’ai la chance de travailler avec une équipe incroyable, dévouée, réunie autour d’une idée bien paradoxale : encourager le développement économique au Liban grâce à des principes équitables (Fair Trade, comme on l’appelle ailleurs). Œuvrer de manière équitable, au Liban de surcroît, c’est possible !

Si l’on veut contribuer à trouver une issue au marasme que traverse le pays, une partie de la solution doit impérativement passer par le développement de l’économie inclusive, faite par les Libanais, pour les Libanais, et qui devra s’inscrire éventuellement dans ce marché mondialisé qui ne demande que des produits de qualités du Liban. Je vous laisse, mon taboulé m’attend !


Les épisodes précédents 

Le sentiment d’un retour aux sources

À contresens, nous rentrons au Liban !


Découvrez, en parallèle, le carnet de bord de Anne R. qui, elle, quitte le Liban : 

Première rentrée parisienne pour mes petits Beyrouthins

Ce sens de l’entraide si libanais

Comment faire rentrer un grand appartement beyrouthin dans un petit appartement parisien ?

« Nous quittons » le Liban

Certains s’en sont déjà rendu compte, il y a un agenda caché derrière ce carnet de bord. Ces articles sont commandités par des forces étrangères qui veulent interférer dans les affaires internes libanaises… Bon, j’exagère, mais il semble que les théories du complot sont légion dans ce pays. Loin de moi l’idée de m’immiscer dans les questions politiques locales et...

commentaires (5)

Ne pensez pas que le Canada est le paradis avec des hivers froids et des étés chauds , le paradis est le Liban que les libanais doivent prendre soin

Eleni Caridopoulou

16 h 26, le 23 novembre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • Ne pensez pas que le Canada est le paradis avec des hivers froids et des étés chauds , le paradis est le Liban que les libanais doivent prendre soin

    Eleni Caridopoulou

    16 h 26, le 23 novembre 2019

  • Et pan ! CK envoie un bazooka teinté d'humour dans les dents des sceptiques, déclinistes, catastrophiques et autres bileux. Il est revenu dans son pays pour y travailler, dans un domaine passionnant !

    Marionet

    19 h 42, le 20 septembre 2019

  • Voilà enfin des paroles vraies, loin de la sinistrose ambiante arrosée de nostalgie mal orientée. Pour réussir, la 1ere des qualités c'est de positiver. Regianni nous dit : Venise n'est pas en Italie, Venise c'est chez n'importe qui , fais lui l'amour dans un grenier et foutez vous des gondeliers ... Venise n'est pas là où tu crois Venise aujourd'hui c'est chez toi , où tu vas où tu veux c'est l'endroit où tu es heureux.....

    FRIK-A-FRAK

    13 h 18, le 20 septembre 2019

  • PATRIOTISME OU NECESSITE DE RETOUR ? DANS LES DEUX CAS BON RETOUR.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 52, le 20 septembre 2019

  • Après 35 ans au Canada , je n hésiterai point une minute , je prendrai vivement ma retraite au Liban pour 2 raisons: 1- l entraide 2- la joie de vivre RM

    Robert Moumdjian

    05 h 00, le 20 septembre 2019

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