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Économie - Monnaie

Change dollar/livre libanaise : pas de pénurie, mais un problème de circulation

Les taux interbancaires sur le dollar restent stables.

Photo Bigstock

Alors qu’il ne se passe plus une journée sans que la situation économique et financière du pays ne soit au cœur du débat public, il est devenu plus difficile, ou cher, d’acheter des dollars avec des livres libanaises sur le marché local, comme le tonne depuis quelques semaines le syndicat des représentants des agents de change dans le pays.

Si la parité entre la livre libanaise et le billet vert est stable depuis 1997 – le taux officiel fixé par la Banque du Liban est de 1507,5 livres pour un dollar – les banques et les agents de change sont autorisés à le moduler pour inclure leur marge, dans une certaine limite. Les premières peuvent généralement traiter leurs opérations en comptant le dollar entre 1516 et 1518 livres, tandis que les seconds sont autorisés à aller au-delà. Selon plusieurs sources concordantes, la limite tolérée peut grimper jusqu’à 1550, 1560 livres pour un dollar. « Au-delà, l’agent peut être sanctionné », explique à L’Orient-Le Jour une source bancaire qui recommande aux usagers ayant constaté des abus de les rapporter au service dédié à la Banque centrale. Selon certains témoignages, des agents de change ont parfois vendu des dollars à des prix supérieurs à 1 600 livres.

305 bureaux de change sont enregistrés dans tout le pays, selon les chiffres de leur syndicat (qui compte 190 membres inscrits). L’Orient-Le Jour a démarché anonymement une dizaine d’entre eux, établis entre Beyrouth et Jounieh.


(Pour mémoire : Les bureaux de change libanais annulent la grève prévue aujourd’hui)

 

Depuis un mois

Sur le terrain, tous ont assuré ne pas ou ne plus avoir de dollars à vendre depuis environ un mois, refusant même de communiquer le prix de vente. « On ne peut pas fixer de prix si on n’a rien en stock », a plaisanté l’un eux. « Nous préférons ne pas en vendre plutôt que de faire comme certaines personnes qui se fournissent sur le marché noir et revendent leurs devises à des prix prohibitifs », lâche un autre, sous couvert d’anonymat. « Cette situation dure depuis environ un mois. En conséquence, notre secteur est quasiment à l’arrêt », relève un troisième, qui échange également des métaux précieux, entre autres valeurs. Les agents sont par contre plus volontaires lorsqu’il s’agit d’acheter des dollars, annonçant des prix gravitant généralement autour de 1 550 livres l’unité.

« Il y a moins de dollars en circulation. C’est un fait », constate pour L’Orient-Le Jour une source bancaire. « Les causes en sont connues et sont étroitement liées à la fragilité de la situation financière du pays, qui oblige la Banque du Liban à limiter autant que possible la circulation de devises sur le marché pour en garder le contrôle. Elle doit également veiller à maintenir le niveau de ses réserves en devises ainsi que la croissance des dépôts bancaires, afin d’être capable de continuer à gérer l’endettement public, la dollarisation de l’économie et le taux de change fixe entre la livre et le billet vert », résume-t-elle.

Conséquence, certaines banques – une partie d’entre elles n’ont pour l’instant pas changé leurs habitudes – ont progressivement resserré les modalités de mise en disponibilité des dollars. Certains établissements ne permettent plus désormais à leurs clients de retirer plus de 1 000 dollars par jour, quand d’autres limitent les conversions, avec des plafonds quotidiens ou mensuels (le seuil de 10 000 dollars par mois a été évoqué par une source travaillant dans un des établissements). Enfin, des banques tentent simplement de conseiller à leurs clients de renoncer à certaines opérations de conversions, lorsqu’elles ne sont pas indispensables.


(Lire aussi : Le FMI n’a pas exhorté le Liban à laisser flotter la livre, assure le conseiller de Hariri)

Pas de pénurie

Face à ces restrictions, les professionnels qui doivent payer leurs fournisseurs en dollar, à l’image des distributeurs de carburant (voir encadré) se retrouvent parfois contraints d’effectuer une partie de leurs transactions dans des bureaux de change, qui eux-mêmes se fournissent auprès des banques ainsi que sur le marché. « Il y a désormais trop de demandes sur le dollar par rapport à l’offre, ce qui pousse certains agents à gonfler les prix, quand ils ont des réserves en stock », note le banquier contacté.

Ce dernier écarte toutefois catégoriquement le fait que le pays soit en pénurie de billets verts, indiquant que les réserves de la BDL ont augmenté de plus de deux milliards depuis fin juin dans le sillage de l’actualisation de ses nouvelles opérations d’ingénierie financière, alors que les rumeurs concernant de nouvelles injections se sont multipliées. Au courant de l’été, l’agence de notation financière Standard & Poor’s a estimé que les réserves disponibles de devises de la BDL – soit qui peuvent être effectivement utilisées – atteindraient 19,2 milliards de dollars à la fin de l’année sans tenir compte des mouvements les plus récents enregistrés au courant de l’été. Enfin, le taux interbancaire sur le dollar – taux d’intérêt en vigueur sur les prêts à court terme entre les banques – est stable (il était à 8 % hier), ce qui signifie qu’il n’y a a priori pas de problème de liquidités.

Sur le terrain, plusieurs indices laissent enfin supposer que certains bureaux de change prétendent ne plus avoir de dollars à vendre aux clients qu’ils ne connaissent pas pour privilégier leurs habitués. Une société de transport établie dans le nord du pays a ainsi indiqué à L’Orient-Le Jour n’avoir « aucune difficulté » à se fournir en billets verts auprès de son bureau de change habituel. « Nous les achetons juste plus cher, aux environs de 1 560 livres », ajoute-t-il. Une personne qui venait d’échanger plusieurs centaines de dollars en livres dans un bureau de change a, de son côté, témoigné avoir vu l’agent avec qui il avait traité assurer au client suivant qu’il n’avait plus rien à vendre. Enfin, une des sources contactées a évoqué une rumeur – non vérifiée – selon laquelle certains bureaux de change seraient mieux servis que d’autres par les banques chez qui ils se fournissent en dollars. Contacté, le président du syndicat des agents de change, Mahmoud Mrad, n’était pas disponible pour éclairer ce point.

Toutes les personnes interrogées affirment enfin que la situation pourra difficilement évoluer en l’absence d’une amélioration notable de la conjoncture sur le plan économique, mais également politico-sécuritaire au niveau régional.


Pour mémoire 

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Alors qu’il ne se passe plus une journée sans que la situation économique et financière du pays ne soit au cœur du débat public, il est devenu plus difficile, ou cher, d’acheter des dollars avec des livres libanaises sur le marché local, comme le tonne depuis quelques semaines le syndicat des représentants des agents de change dans le pays.Si la parité entre la livre libanaise et le...

commentaires (8)

NOUS AVAONS APPRIS TOUS A LA FACULTE QUE QUAND LES INTERETS SONT HAUTs SUR LES DEPOTS ET SUR LES PRETS C'EST UN SIGNE DE FAILLITTE CERTAINS QU'IL FAUT ETRE STUPIDE DE PENSER QUE METTRE SON ARGENT A 7 OU 8 % DANS LES BANQUES LIBANAISES EN LIVRES LIBANAISES ET QUE LA LIVRE NE SERA JAMAIS DEVALUEE CONTRE LE DOLLAR , C'EST MMETTRE SANS RISQUE SON ARGENT EN DOLLAR A 7 OU 8% DEJA ON HURLE QUAND ON DOIT CHANGER LA LIVRE CONTRE LE DOLLAR A 1560 CAD A (1560-1507=53 DIVISE PAR 1507= 3.51 % EN MOINS ) ENLEVER AUSSI LES 10% SUR LES INTERETS CAD 0.08 A 8% ON ARRIVE DONC A PRESQUE 3.5% NET EN REALITE mais tout cela est cache au peuple naif qui croit faire de bonnes affaires. Si cela est vrai EXPLIQUEZ MOI POURQUOI LES BANQUES LIBANAISES D'ORIGINE DE PAR LE MONDE NE METTENT PAS UN CENTIMES DE LEUR DEPOT AU LIBAN? Nous avons connu la devaluation fraccassante due a la guerre alors que le dollar valait 3.3 livres libanaises Elle ne sera pas moins fracassante avec le deficit actuel et futur surtout que dans le budjet propose je n'ai pas vu une piastre retournee a l'Etat par la poursuite des gens corrompus ou les changements dans les douanes ou autres domaines AINSI VA LA VIE AU LIBAN MAIS CELA NE FERA JAMAIS UN MAKE LEBANON GREAT AGAIN

LA VERITE

15 h 14, le 18 septembre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • NOUS AVAONS APPRIS TOUS A LA FACULTE QUE QUAND LES INTERETS SONT HAUTs SUR LES DEPOTS ET SUR LES PRETS C'EST UN SIGNE DE FAILLITTE CERTAINS QU'IL FAUT ETRE STUPIDE DE PENSER QUE METTRE SON ARGENT A 7 OU 8 % DANS LES BANQUES LIBANAISES EN LIVRES LIBANAISES ET QUE LA LIVRE NE SERA JAMAIS DEVALUEE CONTRE LE DOLLAR , C'EST MMETTRE SANS RISQUE SON ARGENT EN DOLLAR A 7 OU 8% DEJA ON HURLE QUAND ON DOIT CHANGER LA LIVRE CONTRE LE DOLLAR A 1560 CAD A (1560-1507=53 DIVISE PAR 1507= 3.51 % EN MOINS ) ENLEVER AUSSI LES 10% SUR LES INTERETS CAD 0.08 A 8% ON ARRIVE DONC A PRESQUE 3.5% NET EN REALITE mais tout cela est cache au peuple naif qui croit faire de bonnes affaires. Si cela est vrai EXPLIQUEZ MOI POURQUOI LES BANQUES LIBANAISES D'ORIGINE DE PAR LE MONDE NE METTENT PAS UN CENTIMES DE LEUR DEPOT AU LIBAN? Nous avons connu la devaluation fraccassante due a la guerre alors que le dollar valait 3.3 livres libanaises Elle ne sera pas moins fracassante avec le deficit actuel et futur surtout que dans le budjet propose je n'ai pas vu une piastre retournee a l'Etat par la poursuite des gens corrompus ou les changements dans les douanes ou autres domaines AINSI VA LA VIE AU LIBAN MAIS CELA NE FERA JAMAIS UN MAKE LEBANON GREAT AGAIN

    LA VERITE

    15 h 14, le 18 septembre 2019

  • Le titre de cet article est du grand n'importe quoi.

    Mounir Doumani

    15 h 07, le 18 septembre 2019

  • Silence assourdissant du Hezbollah qui devrait fournir la BDL en $....

    HABIBI FRANCAIS

    13 h 48, le 18 septembre 2019

  • Vous me rappelez le poème du vieux marin (Rime of the Ancient Mariner): "Water, water, every where, and all the boards did shrink; Water, water, every where, Nor any drop to drink." Le sens de cette métaphore liquide ne vous aura pas échappé, vous qui rapportez que le dollar est abondant mais que le marché en serait asséché ...

    M.E

    10 h 36, le 18 septembre 2019

  • Je vous demande pardon M. Hage Boutros, mes compétences en économie sont presque nulles, mais j’ai consulté un ami économiste, un homme de confiance. Il m’a dit texto que le Liban vit une situation financière comme si la monnaie locale est dévaluée. Cette situation a toutes les caractéristiques d’une dévaluation, sauf le nom. Là je dois tirer un chapeau au visionnaire M. Ziyad Makhoul. Il a annoncé, il y a juste un an, dans un édito qui a fait date, cette dévaluation. Il manque beaucoup au débat. Il était l’hirondelle qui a annoncé le Printemps arabe, et la dévaluation de la livre… C. F.

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    09 h 36, le 18 septembre 2019

  • QUE DIEU NOUS GARDE DU PIRE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 13, le 18 septembre 2019

  • C’est comme l’histoire de celui qui tombe du dixième étage et qui se dit à chaque étage qu’il passe en tombant: "jusque là ça va"...

    Gros Gnon

    08 h 25, le 18 septembre 2019

  • Cette situation était prévisible et va empirer de mois en mois. Déjà pleins de distributeurs de divers banques ne sont plus alimentés en dollar ou le sont en quantités dérisoires. Les rares qui n'ont pas modifiés leurs habitudes seront obligées de le faire au risque de se vider à leurs tours. Les cartes de retraits étrangères sont soumis à 3-4% de commissions et en ajoutant les frais de la banque émettrice de la carte on arrive à 7-8% du montant retiré, ce qui est du vol. La vérité est que la pénurie existe

    Elie H

    00 h 44, le 18 septembre 2019

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