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Liban - Décryptage

Entre les États-Unis et le Liban, des relations qui se compliquent

Les événements qui ont marqué l’actualité ces derniers jours ont montré que les relations entre les États-Unis et le Liban, traditionnellement au beau fixe, connaissent actuellement quelques remous, sans doute liés au bras de fer que se livrent depuis des mois l’Amérique de Donald Trump et l’Iran. Ainsi, plus la tension monte entre les deux parties et plus la situation se complique au Liban, contraignant les responsables à déployer des trésors de diplomatie pour tenter de concilier l’inconciliable.

Selon une source diplomatique libanaise, depuis que la guerre des pétroliers a commencé, la situation est devenue pratiquement impossible, les États-Unis cherchant par tous les moyens à montrer que leur influence reste la plus importante au Liban, alors que l’Iran, grâce au Hezbollah, n’a pas vraiment besoin de déployer des efforts pour obtenir que les positions libanaises soient en sa faveur. Mais, dans cette lutte d’influence qui ne dit pas clairement son nom, plusieurs dossiers récemment ouverts ont poussé un nombre de plus en plus important de Libanais à modifier leur perception du rôle des États-Unis dans leur pays.

C’est ainsi par exemple que la position affichée du secrétaire d’État adjoint pour les questions du Proche-Orient, David Schenker, au sujet des déplacés syriens installés au Liban a été considérée assez choquante. Selon les informations ayant filtré au sujet de la rencontre de Schenker avec le président de la République, ce dernier aurait soulevé la question du retour des déplacés syriens dans leur pays, où plus de 70 % du territoire est désormais pacifié. Le chef de l’État aurait même précisé à son interlocuteur américain que, jusqu’à présent, 352 000 Syriens installés au Liban sont rentrés chez eux et ils n’ont rencontré aucun obstacle. Michel Aoun aurait ainsi demandé à Schenker de pousser son pays à faciliter le processus du retour.Toutefois, le responsable américain aurait réitéré la position officielle de l’administration américaine qui est de refuser tout retour des réfugiés syriens chez eux avant l’adoption d’une solution politique.

Il en ressort que, s’il est vrai que sur le plan politique, les Libanais restent divisés sur le dossier syrien, la présence massive des réfugiés devient pesante pour la plupart d’entre eux, sur le plan économique comme en matière de soins, de santé et d’éducation. Ainsi, de plus en plus de Libanais ont le sentiment que le dossier du retour des déplacés syriens chez eux est devenu un bras de fer politique qui se joue à leurs dépens entre, d’un côté, une partie de la communauté internationale, et de l’autre le régime syrien et ses alliés.Le dossier israélo-palestinien et ce qui a été dit sur le fameux « deal du siècle » ne rassure pas non plus les Libanais sur les intentions américaines à leur égard. Même si les détails de ce projet américain pour la paix entre Israël et les Palestiniens n’ont pas encore été officiellement dévoilés, il est clair que toutes les versions possibles prévoient l’implantation des réfugiés palestiniens dans les pays d’accueil. Cela est vrai dans l’absolu, et surtout au Liban. Or, ce sujet reste très sensible dans notre pays où, par précaution, le refus de l’implantation a même été inclus dans la Constitution. Or nul n’ignore que les dispositions de la Constitution peuvent ne pas être respectées, surtout si la communauté internationale fait pression dans ce sens, dans un pays qui, pendant des années, a placé les décisions internationales au-dessus des décisions nationales.

Un autre sujet a suscité aussi une réaction négative chez une grande partie des Libanais : ce sont les interventions américaines dans le dossier de celui qu’on appelle désormais « le bourreau de Khiam ». Sous le prétexte que Amer Élias Fakhoury a le passeport américain, l’ambassade des États-Unis a envoyé un médecin pour l’examiner, alors que des avocats américains ont pris en charge sa défense. Selon certains médias, les pressions américaines pour le relâcher pourraient devenir plus pesantes, mais l’affaire a pris une telle ampleur sur le plan populaire qu’il est désormais pratiquement impossible d’empêcher qu’un procès lui soit intenté. L’arrestation de l’ancien bourreau de la prison de Khiam est pratiquement devenue une affaire nationale.


(Lire aussi : L’USS Ramage au port de Beyrouth : un double message politique)


L’Académie de l’homme
Enfin, le vote hier à l’Assemblée générale des Nations unies en faveur du projet présidentiel de création au Liban d’une « Académie de l’homme pour la rencontre et le dialogue » a mis en évidence la position américaine. Sur les 167 pays qui ont participé à la séance de vote, le projet a obtenu 165 voix pour et deux voix contre, celles d’Israël et des États-Unis. Le Liban ne comptait évidemment pas sur un vote favorable de la part d’Israël, qui devient d’ailleurs un État-nation juif. Par contre la position des États-Unis l’a surpris. Certes, le représentant de ce pays a salué l’initiative libanaise, mais il a justifié le vote négatif en disant que son pays est en faveur d’une politique d’austérité de l’ONU. C’est pourquoi, par principe, il ne peut pas voter en faveur d’un tel projet qui entraînera de nouvelles dépenses. C’est aussi, selon lui, dans ce même esprit que les États-Unis ont décidé de suspendre leur contribution au financement de l’Unrwa. Pour le Liban, le résultat est le même, alors qu’il aurait voulu avoir les États-Unis à ses côtés dans ce projet qui lui tient à cœur.

À ces dossiers nouveaux, on peut ajouter celui des sanctions économiques qui pèse de plus en plus, alors que l’on annonce de nouvelles sanctions sur des personnalités non chiites, alliées au Hezbollah.En échange de ces décisions « qui dérangent », les États-Unis cherchent à mettre en avant des points positifs. Ils mettent ainsi l’accent sur l’aide militaire consistante qu’ils fournissent à l’armée libanaise, les projets d’investissements de compagnies américaines dans l’exploitation du gaz et du pétrole au large des côtes libanaises, ainsi que leur médiation au sujet du tracé des frontières maritime et terrestre avec Israël.

Les événements qui ont marqué l’actualité ces derniers jours ont montré que les relations entre les États-Unis et le Liban, traditionnellement au beau fixe, connaissent actuellement quelques remous, sans doute liés au bras de fer que se livrent depuis des mois l’Amérique de Donald Trump et l’Iran. Ainsi, plus la tension monte entre les deux parties et plus la situation se complique...

commentaires (5)

Les USA font ce que les sionistes leur disent de faire

Eleni Caridopoulou

20 h 28, le 17 septembre 2019

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Commentaires (5)

  • Les USA font ce que les sionistes leur disent de faire

    Eleni Caridopoulou

    20 h 28, le 17 septembre 2019

  • L,IDYLLE EST AVEC LA FILLE AINEE... L,ARMEE... DU LIBAN ET NON AVEC LE FILS ET LA FILLE ADOPTIFS QUI ONT ET RESPECTENT D,AUTRES PARENTS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 20, le 17 septembre 2019

  • Ca serait amusant de donner une green card americaine a tous les libanais...les premiers a prendre l avion pour les USA serait la base du Hezbollah ,ceux qui servent de cher a canon au profit de l imperialisme perse.

    HABIBI FRANCAIS

    11 h 32, le 17 septembre 2019

  • "...les points positifs des Etats-Unis pour le Liban: - l'aide militaire - projets d'investissements de compagnies américaines pour l'exploitation du gaz et du pétrole - leur médiation au sujet du tracé des frontières maritimes et terrestres avec Israël Tous ces "points positifs" ne servent en définitive que les seuls intérêts des Etats-Unis et d'Israël Et comme notre Etat Libanais est faible et dominé aussi par une autre puissance à travers sa milice armée chez nous...notre avenir de problèmes permanents jamais résolus est tout tracé !!! Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 59, le 17 septembre 2019

  • Face à toutes ces révélations faites par notre experte es journalisme , on ne peut plus douter que les yanky ne sont là que pour nous mettre des bâtons dans les roues , en essayant de tirer un max de profit sur le plan des ressources . On entend encore certains nous dire que trump-pete et sa clique seraient une solution pour notre bien-être. On est pris en otage par ces scélérats .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 04, le 17 septembre 2019

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