Rechercher
Rechercher

À La Une - Conflit

Le guêpier yéménite, symbole des failles de la stratégie offensive saoudienne

La politique saoudienne consiste à "tirer d'abord et à poser des questions ensuite", affirme à l'AFP Bessma Momani, professeure à l'Université canadienne de Waterloo. "C'est impulsif et sans stratégie de sortie à long terme"

Un homme se tient près d'un véhicule des forces gouvernementales yéménites, calciné après une frappe aérienne menée par les Emirats arabes unis, le 30 août 2019 près d'Aden. Photo REUTERS/Fawaz Salman

Le guêpier yéménite, où l'Arabie saoudite conduit une coalition militaire depuis plus de quatre ans sans progrès significatif, illustre les failles d'une politique étrangère très offensive, sous la conduite de l'ambitieux prince héritier Mohammad ben Salmane, avancent des analystes.

Guerre au Yémen, blocus du Qatar ou encore confrontation diplomatique avec le Canada: le royaume sunnite a adopté une politique volontariste voire parfois même belliqueuse, dans le cadre de sa lutte pour la suprématie régionale contre l'Iran chiite.
Cette politique consiste à "tirer d'abord et à poser des questions ensuite", affirme à l'AFP Bessma Momani, professeure à l'Université canadienne de Waterloo. "C'est impulsif et sans stratégie de sortie à long terme", ajoute-t-elle.

Le royaume a semblé tempérer cette approche après le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi par des agents saoudiens, en octobre 2018 dans le consulat de son pays à Istanbul. De jeunes conseillers ont été notamment écartés de l'entourage du prince héritier. Le meurtre a gravement terni sa réputation tout en mettant à l'épreuve les relations du royaume avec son grand allié américain.


(Lire aussi : Le gouvernement yéménite veut un dialogue direct avec les Emirats)




"Erreurs stratégiques"
Des spécialistes écartent toutefois l'idée d'un changement substantiel, alors que Mohammad ben Salmane continue de contrôler les principaux leviers du pouvoir --y compris le poste de ministre de la Défense-- et poursuit une campagne de répression contre les dissidents.
"L'Arabie saoudite a commis des erreurs stratégiques ces dernières années, en partie parce que, pour la première fois, le pays assume un rôle de leader indépendant dans la région", commente pour sa part Hussein Ibish, chercheur à l'Arab Gulf States Institute à Washington.
Selon lui, le royaume "n'était pas préparée à ce rôle (...) et l'armée saoudienne n'était pas conçue pour de grandes +expéditions+ internationales".

Riyad affirme devoir mener une énergique politique étrangère pour faire face à ce qu'elle appelle "l'expansionnisme iranien". Mais le Yémen, où Téhéran est accusé de soutenir les rebelles houthis, est la meilleure illustration des errements de cette politique.

Riyad avait tablé sur une victoire rapide mais s'est enlisée et les rebelles menacent de plus en plus des villes saoudiennes avec des attaques de drones et des tirs de missiles. Malgré le soutien de puissances occidentales, dont les Etats-Unis, la coalition dirigée par Riyad peine à faire la différence contre des combattants aux tactiques de guérilla.
L'arsenal acquis à coup de milliards de dollars reste mal adapté au terrain yéménite, selon des spécialistes. La nécessité de moderniser l'armée saoudienne, qui a multiplié des bavures contre les civils, est également mise en avant.


(Pour mémoire : Frappe de la coalition au Yémen : la Croix-Rouge évoque un bilan supérieur à 100 morts)



Clivage
Cette intervention a en outre provoqué la pire catastrophe humanitaire au monde, selon l'ONU.
Et la situation a encore empiré ces dernières semaines: dans un nouveau front qui menace de diviser le Yémen, le gouvernement soutenu par Riyad a été chassé de sa capitale "temporaire" Aden par des séparatistes sudistes, appuyés par les Emirats arabes unis, pourtant principal allié régional de Riyad. Cela "montre à quel point la stratégie initiale du Yémen était imparfaite", estime Bessma Momani. "Si le Yémen est à nouveau divisé (...) l'Arabie saoudite aura peut-être deux voisins belliqueux à affronter".

Cette récente crise a mis en exergue un clivage entre Riyad et Abou Dhabi. Les Emirats, qui ont annoncé en juillet un retrait partiel de leurs troupes du Yémen, semblent vouloir limiter les pertes dans un contexte de tensions régionales croissantes. Pour l'Arabie saoudite, en revanche, aucune stratégie de sortie aisée du Yémen n'apparaît.

Sollicité par l'AFP, le ministère saoudien de l'Information n'a pas voulu faire de commentaire.
Pour tenter de mettre fin au conflit, Washington s'apprête à entamer des pourparlers directs avec les houthis et convaincre Riyad d'adopter une approche diplomatique, selon le Wall Street Journal.
Des pourparlers proposés par Riyad sont aussi considérés comme le seul moyen de sortir de l'impasse dans le sud du Yémen. "L'Arabie saoudite (...) a toutes les clés d'une solution", a récemment assuré à l'AFP Faraj al-Bahsani, gouverneur de la province de Hadramaout, dans le sud du Yémen.


Lire aussi

L'ONU déplore une "multitude" de crimes de guerre au Yémen


Pour mémoire

Au Yémen, l'EI revendique un attentat contre des séparatistes

Le Yémen face au risque d'une "guerre civile dans la guerre civile"

Le processus de paix au Yémen : cinq ans d’erreurs à répétition

Le guêpier yéménite, où l'Arabie saoudite conduit une coalition militaire depuis plus de quatre ans sans progrès significatif, illustre les failles d'une politique étrangère très offensive, sous la conduite de l'ambitieux prince héritier Mohammad ben Salmane, avancent des analystes.Guerre au Yémen, blocus du Qatar ou encore confrontation diplomatique avec le Canada: le royaume sunnite a...

commentaires (2)

ILS AVAIENT TROP LAISSER LES CHOSES SE DEGRADER AVANT DE DECIDER D,INTERVENIR. UNE ERREUR MAJEURE !

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 59, le 05 septembre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • ILS AVAIENT TROP LAISSER LES CHOSES SE DEGRADER AVANT DE DECIDER D,INTERVENIR. UNE ERREUR MAJEURE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 59, le 05 septembre 2019

  • Si l'olj décide d'en parler aujourd'hui, cela voudra dire que les saouds sont tellement mal qu'ils sont obligés de le faire. Mais il faudra aller plus loin encore, les bensaouds sont sur le point de s'écrouler au point où ils cherchent à se rapprocher de la Syrie du héros Bashar que leur glabre ministre des AE el jubeir nous annonçait sa fin depuis plus de 8 ans. Ces mêmes bensaouds cherchent un moyen de se rapprocher avec l'Iran npr, tellement les houtis sont entrain de les tabasser proprement. La voilà cette coalition arabe, hahahaha...otan arabe hahahaha....

    FRIK-A-FRAK

    20 h 43, le 04 septembre 2019

Retour en haut