La polémique qui oppose, depuis un certain temps, le ministre de la Défense, Élias Bou Saab, au chef des Forces libanaises, Samir Geagea, au sujet des couloirs de contrebande à la frontière libano-syrienne risque de se répercuter négativement sur les mesures prévues pour fermer ces points de passage illégaux.
Depuis un certain temps, les FL réclament à cor et à cri la fermeture de ces couloirs de manière définitive, d’autant que les contrebandiers à l’œuvre font subir au Trésor un manque à gagner estimé à plusieurs milliards de dollars. Bien que le ministre de la Défense ait annoncé à maintes reprises que des décisions ont été prises pour fermer ces points de passage, les camions de contrebande, que les caméras de télévision ont capté en flagrant délit, n’ont pas été pour autant inquiétés.
Selon une source ministérielle, il serait erroné de faire assumer à l’armée seule – chargée de mettre en œuvre les décisions du ministère de la Défense – la responsabilité de la poursuite des violations qui, en définitive, est une responsabilité partagée avec d’autres institutions comme les Douanes, les Forces de sécurité intérieure, la Sécurité de l’État et la Sûreté générale. Celles-ci ont le devoir de déployer leurs unités sur le terrain pour contrôler et fermer les points de passage illégaux, estime la source.
(Lire aussi : Bou Saab se défend face aux accusations de Geagea sur les corridors de contrebande)
Il est également notoire de constater, comme le relève une source issue des milieux souverainistes, que le Hezbollah est aux abonnés absents dans cette affaire, une attitude d’autant plus surprenante que le parti chiite est déployé des deux côtés de la frontière et peut par conséquent largement aider aux opérations destinées à fermer les couloirs de contrebande. Une contribution susceptible de concrétiser les slogans brandis par le Hezbollah pour combattre la corruption. La contrebande n’est-elle donc pas l’une des manifestations de la corruption que le parti chiite affirme vouloir combattre ?
Dans les milieux souverainistes, le mot d’ordre est à la fermeture de ces couloirs illégaux le plus tôt possible, une mesure à mettre sur le compte des réformes que le Liban s’est engagé à mettre en branle dans le cadre de la conférence de Paris dite CEDRE. Ces réformes sont d’autant plus urgentes que le Premier ministre, Saad Hariri, a annoncé hier, dès son retour de Washington, que le gouvernement va bientôt plancher sur l’examen du budget 2020 sur la base de nouveaux critères susceptibles de réduire encore plus qu’en 2019 le déficit du budget.
La fermeture des couloirs de contrebande et la délimitation des frontières ne devraient en aucun cas être liées à des considérations politiques ou régionales, estime-t-on encore dans les milieux souverainistes où l’on insiste sur le caractère éminemment économique d’une telle mesure à même de renflouer les revenus dont est actuellement privé l’État et qui profitent pour l’heure à des individus et des groupes.
Quant à la requête de délimitation de la frontière est qui sépare le Liban de la Syrie – formulée par plusieurs pays occidentaux dont les États-Unis et la France – elle remonte à la période qui précède la guerre syrienne, sauf que le Liban n’a rien fait à ce jour pour remédier à cette situation. La Syrie non plus d’ailleurs, bien que Damas se soit plainte à maintes reprises de la situation chaotique à la frontière qui, en définitive, profite au régime en place qui a utilisé pendant bien longtemps ces points de passage pour laisser filtrer des combattants et des terroristes en provenance de Syrie, comme ce fut le cas avec le groupe palestinien Fateh el-Islam. Des sources issues des milieux du 14 Mars indiquent que ces couloirs, qui échappent au contrôle des autorités respectives des deux pays, continuent de servir aujourd’hui les intérêts du régime de Hafez el-Assad dans la mesure où ils permettent l’acheminement au Liban des armes en provenance d’Iran sans aucune interception. Le problème se pose également dans le cas de ceux parmi les réfugiés syriens qui, même après avoir décidé de retourner en Syrie, ont réussi à rebrousser chemin en utilisant ces voies de passage pour regagner le Liban.
Autant de violations qui feront dire à un ministre que la délimitation des frontières avec la Syrie et un meilleur contrôle de cette frontière sont tout aussi importants que la délimitation des frontières terrestre et maritime avec Israël que le Liban s’attelle en ce moment à parachever, par le biais d’une médiation américaine.
Lire aussi
Les FL déterminées à « aller jusqu’au bout » sur le dossier des passages illégaux
Contrebande : Samy Gemayel interpelle le ministre des Finances
commentaires (8)
S'il y a deux Etats au monde à avoir rendu nul et non avenu le régime des sanctions US, ce sont bien l'Iran NPR et la Corée du Nord. Bien conscients de leur défaite, les yankys en sont déjà à frapper à leur porte pour tenter d'obtenir sous les dehors de dialogue ce qu'ils n'ont pas obtenir par la force. Différents à bien des égards, les deux pays comptent aussi à leur actif l'expérience d'un échec, celle d'avoir fait une fois confiance aux Etats-Unis : l'accord de 2015 pour l'Iran et le sommet de Singapour pour la Corée du Nord. Mais à regarder de près, cet échec a bien servi à renforcer la position politique de ces deux pays car dans l'un comme l'autre cas, ce sont les Etats-Unis qui ont fait faux bond de leurs engagements pris dans le cadre des accords signés. De toute sa courte l'histoire, l'Amérique ne s'est jamais sentie aussi "isolée" et "démunie" face aux adversaires qui déjouent un à un ses plans. Tout ça grâce à un clown à la tête de cet état bandit . Dieu le reconduise en 2020 .
FRIK-A-FRAK
14 h 45, le 21 août 2019