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Lifestyle - Un peu plus

Tolérance zéro

Photo bigstock

Tolérance, fait de respecter la liberté, les opinions, l’attitude... d’autrui. Synonymes : largeur, indulgence, respect, compréhension. On en est bien loin. Loin des fondements d’une démocratie que nous ne sommes plus. Loin des fondements mêmes des religions qui prônent la tolérance.

La tournure qu’ont pris les événements autour de « l’affaire Mashrou’ Leila » en est la preuve. La haine s’est déversée sur ce groupe et leurs fans, tour à tour accusés d’être des dévots du diable, d’encourager les propos blasphématoires qui au final n’en n’étaient pas. L’art est interprétable et c’est là son essence. Mais la lecture qui a été faite de leurs paroles a dépassé tout entendement. Citer le Père, le Fils ou la Trinité ne sont pas des insultes. Comme l’avaient chanté avant eux Queen, les Rolling Stones et d’autres. Mais cela en a blessé plus d’un. La tolérance s’inscrit ici aussi. Respecter leur blessure, même si, pour certains, elle n’était pas vraiment fondée. Sauf que la tolérance n’a pu trouver sa place dans cette cabale digne d’un autre temps lancée par une personne qui avait décidé de faire parler d’elle. L’incompréhension s’est installée, et avec elle la haine et la violence.

La tolérance a volé en éclats. Le respect également. Et maintenant, les gens sont déchaînés autour de ce qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Surtout pas chez nous. Jusqu’à aujourd’hui, nous étions considérés comme le pays le plus ouvert de la région. Un pays où la liberté d’expression demeurait encore intouchable. Un pays où les communautés vivaient entre elles sans grand couac. Et presque 30 ans après la fin de la guerre fratricide qui avait écrasé le pays sous les décombres, la haine s’est exacerbée. Ce pays du Moyen-Orient envié pour sa tolérance n’est devenu rien d’autre qu’un dépôt de haine. Les gens se haïssent. Haïssent l’opinion des autres, la liberté des autres, l’attitude des autres. Haïssent l’autre tout simplement. Ils ne se comprennent plus et chacun y va de son jugement, pensant qu’il a raison, qu’il a la science infuse. C’est ce que cet épiphénomène a démontré. Il a confirmé ce qu’on craignait : le Liban de nos ancêtres n’est plus. Et même s’il a connu conflits, guerres et occupations, il n’a jamais été aussi divisé. À tous les niveaux. Et même s’il y a toujours eu plusieurs Liban, sa pluriculturalité et sa diversité étaient sa plus belle définition.

Que sommes-nous devenus ? Et surtout pourquoi ? Des questions aux réponses floues. La crise, la faim, la corruption, l’allégeance aux zaïms, la pollution, la peur ? Que sommes-nous devenus ? Pourquoi une partie de la population est-elle devenue aussi raciste, tellement homophobe, si intolérante ? Et surtout, pourquoi ces sentiments ont-ils pris le pas sur ce qui faisait le charme de ce pays ? Pourquoi sommes-nous de moins en moins nombreux à nous accrocher aux derniers lambeaux de la liberté ? Ces questions nous pourrissent l’existence. Elles nous éloignent les uns des autres. Elles nous confinent dans des espaces de plus en plus petits. Elles nous poussent à déserter les rivages de ce qu’on appelait le pays du miel et de l’encens. Le miel a désormais un goût amer et l’encens n’a plus la même odeur. Pourtant, au-delà de l’œuvre sucrée des abeilles et des effluves du bakhour, nous avions tant créé. Au fil des siècles, de la couleur pourpre aux lettres de l’alphabet, nous avons été à la fois enviés, jalousés, admirés et respectés. Et il n’en n’est plus rien. Ailleurs, on nous regarde avec pitié et mépris. Avec tristesse aussi parfois.

Nous sommes un des seuls peuples au monde à avoir autodétruit son pays. Nous sommes un des seuls peuples à avoir marché à reculons. À ne pas avoir appris les leçons de cette guerre que personne n’a gagnée. À s’être disjoints comme jamais. Et cette grande mascarade autour de Mashrou’ Leila a sonné le glas du peu de liberté(s) qui nous restai(en)t. Cela n’aurait jamais dû avoir lieu. Mais ça le fut. On dit que l’on divise pour mieux régner. Mais aujourd’hui, régner sur qui ? Et sur quoi surtout.

Tolérance, fait de respecter la liberté, les opinions, l’attitude... d’autrui. Synonymes : largeur, indulgence, respect, compréhension. On en est bien loin. Loin des fondements d’une démocratie que nous ne sommes plus. Loin des fondements mêmes des religions qui prônent la tolérance. La tournure qu’ont pris les événements autour de « l’affaire Mashrou’...

commentaires (6)

La tolérance, il y a des maisons pour ça .. ( Georges C. )

CHARLES OBEGI

23 h 17, le 10 août 2019

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Commentaires (6)

  • La tolérance, il y a des maisons pour ça .. ( Georges C. )

    CHARLES OBEGI

    23 h 17, le 10 août 2019

  • ET LA TETE DE L,ACTRICE MADONA A LA PLACE DE LA TETE DE LA SAINTE VIERGE N,EST PAS UNE INSULTE ? QUELLE AURAIT ETE VOTRE REACTION SI ON LE FAISAIT SUR LA PHOTO DE VOTRE MERE, CHERE MADAME ? LE SILENCE AU NOM DE LA TOLERANCE OU VOTRE DROIT DE VOUS EXPRIMEZ CONTRE LIBREMENT... LIBERTE D,EXPRESSION AUSSI... ET JE PARLE DE L,ECRASANTE MAJORITE DES GENS QUI SE SONT EXPRIMES CONTRE, REJETANT L,UN OU DEUX ILLUMINES QUI ONT PREFERE DES MENACES. FAUT JUGER AVEC JUSTICE ET SAVOIR QUE LA LIBRE EXPRESSION QUI DEPASSE LES BORNES AURA POUR REPONSES D,AUTRES LIBRES EXPRESSIONS QUI LA CONDAMNENT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 30, le 10 août 2019

  • Dire que tout ça, à cause d'un sous-groupe de métal rouillé et troué. C'est même plus Medea qui me préoccupe, son style littéraire était ( est) tourné vers le future, c'est quand, pour une autre journaliste plutôt orientée vers la nostalgie larmoyante , on arrive pas à comprendre où dans notre mémoire populaire et collective on a eu à s'attacher à des insultes visant nos Saints et nos valeurs bien orientales ? Medea, dakhilek n'aggravons pas les choses, avant de vous attaquez à nos symboles libanais, assurez vous qu'ils n'appartiennent à aucune des communautés religieuses qui nous composent, même la payenne s'il y en avait. C'est notre liberté de les respecter de façon INTRINSÈQUE.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 09, le 10 août 2019

  • Le charme du pays ne se complète que par la liberté de provoquer ? d'enfoncer le clou dans la plaie d'une communauté déjà vulnérable ,vivant avec les autres presque à couteau tiré ? Medea Azouri vient pour la deuxième fois voire peut-être une troisième la semaine prochaine de diaboliser une grande partie de la population libanaise . Pourquoi et pour qui ? Pour un quatuor qui n'a trouvé pour écrire sa piètre chanson que le thème de la trinité ? La liberté , la tolérance , l'homophobie etc... sont bafouées dans les pays les plus laïcs dont la France qui vient il y a juste quelques semaines seulement de pénaliser l'homophobie.

    Hitti arlette

    09 h 39, le 10 août 2019

  • La boucle est bouclée avec cet énième papier sur Mashrou3 Leila qui n'apporte rien de nouveau? Khlossna yaaneh? Please rassurez-moi et dites oui c'est finiiiiiii!!!

    Tina Chamoun

    09 h 00, le 10 août 2019

  • Cent pour cent d'accord avec cette analyse tout à fait exacte de la société libanaise actuelle. En plein vingt-et-unième siècle, nous revenons aux méthodes moyenâgeuses de l'Inquisition et des procès en sorcellerie. Comment est-on tombé si bas? Nous sommes la risée du monde civilisé, non seulement à cause de cette affaire qui n'est qu'un épiphénomène, mais du fait de l'incapacité de ce peuple à se choisir des gouvernants compétents et intègres qui mettraient ce pays sur les rails de la modernité.

    Georges Airut

    06 h 46, le 10 août 2019

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