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Un mathématicien turc enseignant en France sort de prison



Des manifestants tenant une banderole sur laquelle il est inscrit : "Liberté aux académiciens qui veulent la paix - libérez Fusun Ustel et Tuna Altinel," devant le tribunal d'Istanbul le 16 juillet 2019. AFP / Ozan KOSE

Un mathématicien turc enseignant dans une université en France est sorti de prison mardi en Turquie après 81 jours de détention préventive pour des accusations de "terrorisme" qu'il a qualifiées d'"absurdes".

Tunal Altinel, 53 ans, a été accueilli à sa sortie de prison dans la province de Balikesir (ouest) par ses proches et des dizaines de supporters qui se sont précipités sur lui pour l'enlacer ou lui offrir des fleurs, selon un correspondant de l'AFP.

"Je ressens de la joie, non pas juste d'être libéré, mais en fait de voir le soutien de tant de gens dans la lutte pour la paix, la justice et la démocratie", a déclaré à l'AFP M. Altinel, portant une chemise blanche et arborant un large sourire.

Peu avant, à l'ouverture de son procès, un juge avait ordonné sa remise en liberté provisoire en attendant la prochaine audience, le 19 novembre.

Le mathématicien, maître de conférences à l'Université Claude-Bernard Lyon 1, est accusé d'être membre d'une "organisation terroriste", en l'occurrence le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une groupe armé qui livre une guérilla à l'Etat turc depuis 1984.

Cette accusation, que M. Altinel qualifie non seulement d'"absurde" mais aussi d'"antidémocratique", repose sur sa participation à une réunion en France d'une amicale kurde, en février dernier, au cours de laquelle il a traduit en français les propos d'un intervenant.

S'il est libre en attendant la prochaine audience dans son procès, M. Altinel reste sous le coup d'une mesure administrative le privant de son passeport, ce qui l'empêche donc de quitter le territoire turc.

Son avocate, Meriç Eyüboglu, a fait savoir à l'AFP qu'une demande sera faite pour que le passeport de M. Altinel lui soit restitué au plus vite.

Deuxième procès
En sortant de prison, M. Altinel a déclaré que les conditions dans lesquelles s'était déroulée son incarcération avaient été "très favorables", à la fois sur le plan matériel et des "relations humaines".

Cet enseignant a ainsi initié ses codétenus au français à l'aide d'un vieux Bescherelle, ajoutant qu'il avait parallèlement "beaucoup appris d'eux". "C'était comme une école pour moi".

M. Altinel a été arrêté en mai en Turquie, où il s'était rendu pour ses congés. Le gouvernement français avait alors exprimé sa "préoccupation".

Le consul général de France à Istanbul, Bertrand Buchwalter, était présent à l'audience mardi, aux côtés d'une délégation de collègues universitaires arrivés de France.

Au cours de l'audience, le mathématicien a rejeté les accusations portées contre lui, demandant à être acquitté.

"Monsieur le juge, je ne suis membre d'aucune organisation terroriste, la seule raison pour laquelle je suis écroué depuis bientôt trois mois, c'est d'avoir aidé à organiser une réunion légale d'une association légale", a-t-il déclaré.

Il est par ailleurs poursuivi dans le cadre d'un autre procès pour avoir fait de la "propagande terroriste" en signant en 2016, comme plus de 2.000 autres universitaires turcs, une pétition demandant l'arrêt des opérations des forces de sécurité dans le sud-est de la Turquie. La prochaine audience dans le cadre de ce procès aura lieu le 26 décembre.

Diplômé du lycée francophone Galatasaray à Istanbul, M. Altinel réside à Lyon depuis 1996.

Les milieux universitaires sont soumis à de fortes pressions en Turquie, notamment depuis la tentative de coup d'Etat du 15 juillet 2016 qui a été suivie de purges massives n'ayant pas épargné les facultés.

Un mathématicien turc enseignant dans une université en France est sorti de prison mardi en Turquie après 81 jours de détention préventive pour des accusations de "terrorisme" qu'il a qualifiées d'"absurdes". Tunal Altinel, 53 ans, a été accueilli à sa sortie de prison dans la province de Balikesir (ouest) par ses proches et des dizaines de supporters qui se sont précipités sur...