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Culture - Festival de Baalbeck

Vive le Requiem de Verdi au temple de Bacchus

Le joyau de Verdi, avec un très beau casting, va retentir ce 26 juillet soir entre les vieilles pierres chargées d’histoire du temple de Bacchus à ciel ouvert.

Les solistes Maria Agresta, Daniela Barcellona, Giorgio Berrugi, John Relyea, et le maestro Toufic Maatouk.

Un rendez-vous à ne pas manquer par les mélomanes ce 26 juillet, dans le cadre du Festival de Baalbeck, le Requiem de Verdi servi par plus de 150 musiciens : des choristes (le chœur de l’Université antonine), des instrumentistes (l’orchestre de chambre de la radio roumaine) et quatre solistes haut de gamme (Maria Agresta, soprano; Daniela Barcellona, mezzo-soprano ; Giorgio Berrugi, tenor ; et John Relyea, basse) dont les prestations ne sont plus à présenter tant public et critiques internationaux les ovationnent aux quatre points cardinaux. Le tout sous la direction du maestro Toufic Maatouk.

Cette soirée est le fruit d’une étroite collaboration entre musiciens et chanteurs pour donner corps et voix à cette œuvre monumentale qui prend à la gorge et qui a pour cadre toutes les ivresses des libations avec ici des notes en grappes sublimes à la fois sombres, opalescentes et lumineuses.

Pour ce projet qui allie la beauté extrême de la musique et celle d’un site millénaire, le sens de l’éphémère et de l’éternel, de l’élévation et de la concupiscence, le mot d’explication est donné par son instigateur, le maestro Toufic Maatouk, qui en est à son deuxième rendez-vous couronné de succès avec Baalbeck, l’ancienne ville du Soleil.

« Quand j’ai commencé à chercher une idée musicale pour célébrer les 40 ans de la chorale de l’Université antonine, mon choix fut le Requiem de Verdi, raconte Toufic Maatouk. Et j’ai proposé l’idée au Festival international de Baalbeck, qui a accepté de l’insérer dans sa programmation 2019 et de la produire pour cet été. Ce choix s’est fait parce que le Requiem est l’une des œuvres “choraliques” – permettez-moi ce léger barbarisme ! – les plus imposantes du XIXe siècle. » Ce Requiem, composition liturgique des opéras, s’engage dans le genre dramatique, explique le maestro. « Il fut composé après la mort d’Alessandro Manzoni (1785-1873), poète majeur de l’Italie du XIXe siècle. À la différence d’autres compositeurs comme Wolfgang Amadeus Mozart, Luigi Cherubini ou Hector Berlioz, Verdi s’est inspiré de textes latins en modifiant leurs structures. Qualifié de “messe des morts”, le Requiem prend avec Verdi une dimension passionnément romantique et charnelle. La théâtralité affleure à chaque note : les abîmes y sont noirs et inquiétants, la félicité suspendue et angélique. Verdi passe de l’un à l’autre au moyen de fulgurantes ruptures du discours ou en organisant de gigantesques crescendos. » Et maestro Maatouk de poursuivre : « Par cet opéra déguisé, Verdi prouve non seulement qu’il maîtrise à la perfection la transposition musicale des sentiments humains, mais aussi que son génie de compositeur dépasse de loin la “musique d’opéra” à laquelle il a souvent été, à tort, exclusivement associé. Composé en mémoire d’Alessandro Manzoni, le Requiem de Verdi ne serait-il qu’un opéra dédié à la mort plus qu’à un grand écrivain ? »

Grands contrastes

Toufic Maatouk affirme ne pas pouvoir qualifier cette œuvre gigantesque de Verdi comme « le plus grand défi à affronter, vu que chaque fois que je suis face à une œuvre musicale vocale ou instrumentale, je la traite comme une aventure, un voyage à travers l’expérience que le compositeur a vécue, en vue de comprendre la pensée du compositeur. Et dans le cas du Requiem de Verdi, l’idée omniprésente est la description menaçante du Jugement dernier. » L’œuvre, maîtrisée à travers le thème Dies irae, deuxième mouvement du Requiem, symbolise l’enfer, thème récurrent de cette œuvre. Ce thème illustre l’opposition de Verdi à la théologie religieuse de la peur. Le grand défi de cette œuvre, à part le travail technique musical, reste de cibler l’idée que Verdi voulait transmettre à travers la musique. Le Requiem de Verdi présente de grands contrastes destinés à émouvoir le public, comme dans tous ses opéras. Et là, spécialement et seulement dans le « sanctus » qui est bref et gai, le compositeur utilise un double chœur pour rappeler les siècles précédents où régnait la musique sacrée qui avait recours aux doubles chœurs, toujours dans le but de donner un cachet ecclésiastique à son œuvre. Ce qui porta le chef d’orchestre et compositeur allemand Hans von Bülow à qualifier le Requiem de Verdi d’« opéra en robe d’ecclésiastique ».

Deux chœurs participent à ce travail : la chorale de l’Université antonine, avec quelques membres de la chorale de la radio roumaine ; 70 choristes avec plus de 70 musiciens de l’orchestre de la radio roumaine seront sur scène pour émerveiller le public. Pour compléter cette grande formation et distribution, un « cast » à la taille de Baalbeck dont les chanteurs sont considérés parmi les plus connus au monde actuellement pour leurs interprétations et performances de scène lyrique. Musique au sommet, en solistes, avec Maria Agresta (soprano), Daniela Barcellona (mezzo-soprano), Giorgio Berrugi (tenor) et John Relyea (basse).

Toute l’émotion humaine dans sa force et sa vulnérabilité affleure dans cette partition immortelle et universelle. Une œuvre qui figure parmi les requiem les plus écoutés et les plus aimés. Bien sûr, on pense à Charpentier, Mozart, Brahms, Liszt, Fauré, Bruckner, Dvorak…

Pour son exceptionnelle beauté sonore dans un cadre unique, taillé à sa mesure et démesure, un moment très attendu.

Cette œuvre majeure du répertoire musical n’aurait pas vu le jour sans la collaboration, outre le Festival de Baalbeck, de plusieurs partenaires : l’ambassade d’Italie, l’Institut culturel italien et l’Université antonine.


Un rendez-vous à ne pas manquer par les mélomanes ce 26 juillet, dans le cadre du Festival de Baalbeck, le Requiem de Verdi servi par plus de 150 musiciens : des choristes (le chœur de l’Université antonine), des instrumentistes (l’orchestre de chambre de la radio roumaine) et quatre solistes haut de gamme (Maria Agresta, soprano; Daniela Barcellona, mezzo-soprano ; Giorgio Berrugi,...

commentaires (2)

"Ce qui porta le chef d’orchestre et compositeur allemand Hans von Bülow à qualifier le Requiem de Verdi d’« opéra en robe d’ecclésiastique »." Il faut noter ici que von Bülow a émis cette boutade après avoir juste jeté un coup d'oeil à la partition, et l'a utilisée comme excuse pour ne pas diriger le Requiem...Il s'est fait vertement tancer par Brahms, qui a dit:"Bülow a émis une sottise! Seul un génie peut avoir composé une oeuvre pareille!" Quelques années plus tard, Bülow a changé d'avis après avoir écouté une performance de ce chef-d'oeuvre, et il a présenté ses excuses à Verdi.

Georges MELKI

14 h 42, le 22 juillet 2019

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Commentaires (2)

  • "Ce qui porta le chef d’orchestre et compositeur allemand Hans von Bülow à qualifier le Requiem de Verdi d’« opéra en robe d’ecclésiastique »." Il faut noter ici que von Bülow a émis cette boutade après avoir juste jeté un coup d'oeil à la partition, et l'a utilisée comme excuse pour ne pas diriger le Requiem...Il s'est fait vertement tancer par Brahms, qui a dit:"Bülow a émis une sottise! Seul un génie peut avoir composé une oeuvre pareille!" Quelques années plus tard, Bülow a changé d'avis après avoir écouté une performance de ce chef-d'oeuvre, et il a présenté ses excuses à Verdi.

    Georges MELKI

    14 h 42, le 22 juillet 2019

  • BRAVO

    LE FRANCOPHONE

    00 h 46, le 22 juillet 2019

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