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Liban - Éclairage

La crise de Qabr Chmoun risque-t-elle de faire imploser le gouvernement ?

Les contacts devraient reprendre la semaine prochaine pour régler la crise née de l’affaire de Qabr Chmoun et pour que le gouvernement reprenne ses réunions. Archives/Dalati et Nohra

Le chef du Parti démocrate libanais, Talal Arslane, ne veut toujours rien entendre et persiste dans sa requête consistant à déférer l’affaire de Qabr Chmoun devant la Cour de justice. M. Arslane justifie sa demande en maintenant sa thèse du guet-apens, et par conséquent du crime prémédité, d’où l’importance selon lui que soit saisie cette juridiction d’exception chargée de plancher sur des affaires liées à la sécurité de l’État.

Alors que l’enquête se poursuit pour déterminer les circonstances de l’incident, étape fondamentale et incontournable avant toute décision concernant la compétence du tribunal, le chef du PDL persiste à qualifier, en amont, l’incident de tentative d’assassinat visant le ministre d’État pour les Affaires des réfugiés, Saleh Gharib, dont deux des gardes du corps qui l’accompagnaient (et relevant de l’équipe de sécurité de M. Arslane) ont été tués. Par conséquent, fait valoir le responsable druze, le crime n’a pas besoin d’être qualifié dans la mesure où vingt balles ont été retrouvées dans le véhicule qui transportait le ministre, qui, selon lui, a échappé à la mort par miracle.

Pas la peine non plus d’attendre la fin de l’enquête, ni de déférer le dossier devant le tribunal militaire, comme l’avait suggéré le chef du Parlement, Nabih Berry, encore moins devant les tribunaux ordinaires, martèle M. Arslane. Le chef du PDL table principalement sur le soutien que lui confère le Hezbollah qui avalise son point de vue, une position explicitement exprimée par le secrétaire général du parti chiite, Hassan Nasrallah, lors de sa dernière apparition télévisée.


(Lire aussi : Qabr Chmoun : le Hezbollah entre en jeu)

Face à M. Arslane, le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, brandit le slogan du respect des procédures et des lois en vigueur, en soulignant l’importance de laisser l’enquête prendre son cours loin de toute pression politique, tout en réitérant sa position de départ consistant à dire qu’il reste ouvert à toutes les solutions. M. Joumblatt n’a d’ailleurs pas tardé à remettre à la justice des partisans ayant pris part aux accrochages, alors que le PDL s’est abstenu de le faire, affirmant qu’il ne livrera ses partisans qu’à titre de témoins et a posteriori, après que la Cour de justice eut été saisie de l’affaire.

Une attitude pour le moins incompréhensible et d’autant plus surprenante que la partie, qui persiste à défendre la thèse d’un crime prémédité portant atteinte à la sécurité de l’État, a intérêt à livrer au plus tôt les personnes réclamées par la justice qui sera alors à même de qualifier le crime comme tel, soutiennent des observateurs. De quoi M. Arslane a-t-il exactement peur? s’interrogent ces observateurs, et pourquoi refuse-t-il à ce jour de remettre ses hommes pour éclaircir cette affaire ?

Pour Walid Joumblatt, toute solution devrait commencer par là. La position du chef du PSP vient rejoindre celles de M. Berry et du chef du gouvernement, Saad Hariri, ainsi qu’une pléthore de forces politiques opposées à l’axe syro-iranien dont relève M. Arslane.

Usant de ses prérogatives, M. Hariri refuse à ce jour de réunir le Conseil des ministres, paralysé depuis le début de la crise, et profondément divisé autour du règlement à adopter pour mettre fin au bras de fer interdruze. De toute évidence, le Premier ministre préfère voir un compromis se mettre en place avant que l’exécutif ne reprenne ses activités, conformément à l’usage selon lequel les dossiers litigieux et complexes doivent être réglés en dehors du Conseil des ministres, afin de préserver a minima la cohésion interne du gouvernement et lui épargner le risque d’implosion.


(Lire aussi : Qabr Chmoun : le président de la Chambre œuvre à un compromis politique)

Le camp du 8 Mars, qui conteste cette logique, a œuvré de son côté à assurer une majorité au sein du gouvernement soutenant l’option de la saisine de la Cour de justice, ayant rameuté autour de M. Arslane, outre le Hezbollah, le Courant patriotique libre, les Marada et la Rencontre consultative, les ministres relevant du mouvement Amal ayant préféré rester hors du jeu et soutenir l’initiative proposée par M. Berry, à savoir le recours au tribunal militaire.

Dans les milieux informés, on affirme craindre que ce nouveau clivage ne finisse par faire sauter le gouvernement, qui serait alors acculé à l’expédition des affaires courantes, faute de pouvoir en former un autre.


(Lire aussi : L’ouverture de Joumblatt sur Aoun et Arslane : une initiative mort-née ?)


On le sait déjà : un gouvernement de majorité est une option à écarter, M. Hariri ayant déjà refusé de présider une équipe qui n’inclurait pas Amal, le PSP et les FL. Par ailleurs, le fait d’envisager la désignation d’une autre personnalité que M. Hariri, en l’occurrence Nagib Mikati, mettrait automatiquement fin au compromis présidentiel, sur base duquel avait été élu le président Michel Aoun. Une aventure dans laquelle la plupart des parties en présence ne sont vraisemblablement pas disposées à s’engager.

Selon des sources ministérielles, M. Hariri attend le retour du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, de Washington pour plancher sur la situation en vue de trouver une issue qui devrait commencer par une réconciliation entre le CPL et le PSP.

Pour certains observateurs, la persistance du camp favorable à la saisine de la Cour de justice pourrait être un indicateur de la volonté de ce camp, celui du 8 Mars, de porter un coup fort aux forces dites souverainistes ou du moins de manier une carte de pression face à leurs adversaires politiques. Cette attitude serait justifiée par l’appréhension que ressent le camp relevant de l’axe de la résistance de tout changement régional ou d’une modification des équilibres en présence, à l’ombre notamment du bras de fer entre les États-Unis et l’Iran.



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commentaires (4)

Il est temps d'en finir avec ces dinosaures fossilisés comme joumgirouette et ses alliés, Berry inclus. Ils tirent le pays par le bas.

FRIK-A-FRAK

10 h 49, le 20 juillet 2019

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Commentaires (4)

  • Il est temps d'en finir avec ces dinosaures fossilisés comme joumgirouette et ses alliés, Berry inclus. Ils tirent le pays par le bas.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 49, le 20 juillet 2019

  • CA DEPEND DU DEGRE D,ABRUTISSEMENT QUI FRAPPE TOUS LES PROTAGONISTES... A COMMENCER PAR L,EMETTEUR DU GAZ METHANE QUI ENVENIMA L,ATMOSPHERE ET PROVOQUA LE MALHEUR.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 34, le 20 juillet 2019

  • A quoi bon élire un chef de l'Etat, si celui-ci a les mains liées par un autre chef de...? Pourquoi constituer un gouvernement que l'on empêche ensuite par tous les moyens imaginables de gouverner ? Pourquoi tolérer un chef du Parlement qui se croit tout permis ? Pourquoi accepter une Justice incapable de fonctionner correctement pour TOUS ? Pourquoi continuer ce système des compromis à la libanaise en tout, qui ne nous a apporté que des catastrophes qui augmentent en empirant à tous les niveaux de la société ? Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 32, le 20 juillet 2019

  • Que de complots ourdis par l'étranger !

    Chucri Abboud

    09 h 47, le 20 juillet 2019

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