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Économie - Réformes

Budget 2019 : le Liban ne sera pas jugé « sur les chiffres », assure Nicolas Nahas

Le député est revenu sur le désaccord qui est apparu entre le Premier ministre, Saad Hariri, et la commission des Finances concernant les changements apportés au texte.

Le Parlement se réunira pendant trois jours à partir de mardi. Photo Reuters

Le député Nicolas Nahas, membre de la commission parlementaire des Finances et du Budget, a déclaré hier lors d’un entretien à la radio la Voix du Liban que « la communauté internationale ne jugera pas le Liban sur les chiffres du budget pour 2019, mais sur le sérieux avec lequel les réformes budgétaires seront mises en œuvre ».

Le député s’exprimait sur les différences existantes entre les objectifs de réduction du déficit public évoqués par le gouvernement, la commission et le Fonds monétaire international (FMI) au cours des trois mois de débats qui ont abouti à la mouture du projet de loi de finances qui doit être adopté par le Parlement en principe la semaine prochaine. Ce dernier doit se réunir mardi, mercredi et jeudi prochains.

Si l’exécutif s’est entendu fin mai sur une version du texte tablant sur un ratio déficit/PIB de 7,59 %, la commission a affirmé avoir réussi mardi à baisser cet objectif d’un point. Des objectifs sur lesquels le FMI ne semble pas vouloir miser, à en croire ses conclusions publiées le 2 juillet suite à la visite d’une délégation composée de ses experts dans le cadre des consultations annuelles menées par l’organisation au titre de l’article IV de ses statut et relative à sa mission en matière de surveillance aux niveaux monétaire, économique et financier. L’organisation a en effet expliqué qu’au regard des éléments dont elle disposait à l’issue de sa visite, le Liban afficherait un ratio déficit/PIB de 9,75 % en 2019.


(Lire aussi : Budget : la paralysie gouvernementale va-t-elle compromettre le vote des lois de règlement ?)



Ne pas reprendre à zéro

M. Nahas est en outre revenu sur le désaccord qui est apparu entre le Premier ministre, Saad Hariri, et la commission concernant les changements apportés par cette dernière au texte que le gouvernement lui avait transmis. « Nous n’avons plus le temps de ne pas être d’accord », a souligné le député, rappelant que tous les blocs parlementaires étaient représentés lors des réunions de la commission. « Reprendre les débats sur le budget depuis zéro pendant les prochaines réunions plénières du Parlement enverrait un mauvais signal à la communauté internationale », a-t-il ajouté.

Le Premier ministre, qui avait notamment estimé en juin que la commission prenait trop de temps pour réexaminer le projet sur lequel l’exécutif avait mis un mois à s’entendre, s’est de son côté contenté de soutenir, en marge d’une visite au palais présidentiel de Baabda, que les réformes étaient « impopulaires » et que les dirigeants les avaient séquencées « sur trois ans ». Jeudi, M. Hariri a présidé une réunion au Grand Sérail à laquelle ont notamment participé le président de la commission, le député Ibrahim Kanaan, et le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, pour préparer le terrain en amont des réunions du Parlement.

Mais le texte final ne convainc pas tout le monde. Jeudi, le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, a jugé que le texte du budget pour l’année en cours n’était pas à la hauteur des enjeux. Dans un tweet publié hier, le député Ziad Hawat (bloc FL) lui a emboîté le pas en déclarant qu’il fallait « un budget exceptionnel » pour faire face « à une situation exceptionnelle ». Enfin, les militaires à la retraite, qui craignent des coupes sur leurs indemnités et pensions, ont prévu d’organiser un sit-in à Beyrouth mardi pour tenter d’empêcher le vote du budget.


(Lire aussi : Geagea : Le budget 2019 n'est pas à la hauteur des enjeux)



La loi de finances pour 2019 sera adoptée avec plus de six mois de retard sur le délai maximum prévu par la Constitution pour la procédure d’adoption normale – plus de cinq mois en ce qui concerne la procédure exceptionnelle. Son vote et sa mise en œuvre sont néanmoins très attendus par les soutiens du pays qui veulent vérifier la capacité des dirigeants libanais à réformer le pays avant de débloquer l’enveloppe de plus de 11 milliards de dollars, réservée depuis la Conférence de Paris d’avril 2018 (CEDRE), devant être investis dans des projets de réhabilitation des infrastructures du pays consignés dans le programme d’investissement (Capital Investment Plan, CIP) préparé par le gouvernement.

La situation financière du Liban est précaire, avec un déficit public qui a atteint plus de 11 % du PIB en 2018 (6,2 milliards de dollars, +67,5 %), tandis que sa dette publique a frôlé la barre des 86 milliards (+ 5 %), un niveau équivalant à plus 150 % du PIB environ – selon les estimations.



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Le député Nicolas Nahas, membre de la commission parlementaire des Finances et du Budget, a déclaré hier lors d’un entretien à la radio la Voix du Liban que « la communauté internationale ne jugera pas le Liban sur les chiffres du budget pour 2019, mais sur le sérieux avec lequel les réformes budgétaires seront mises en œuvre ». Le député s’exprimait sur les...

commentaires (3)

Le pays sera jugé sur la tronche de ses politiciens peut-être ?

Remy Martin

19 h 30, le 16 juillet 2019

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Commentaires (3)

  • Le pays sera jugé sur la tronche de ses politiciens peut-être ?

    Remy Martin

    19 h 30, le 16 juillet 2019

  • SERA-T-IL JUGE PAR HASARD SUR LES INTENTIONS ET LES SOUHAITS ? QUI SERONT LES IGNORANTS QUI FERAIENT UN TEL JUGEMENT ? SUREMENT PAS LES EX DONATEURS ET LES EX INVESTISSEURS DE L,EX CEDRE !

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    11 h 13, le 14 juillet 2019

  • Les caisses de l'Etat sont vides mais certains ministères ont assez d'argent public pour organiser les dépenses des sorties dominicales du candidat déclaré aux prochaines élections présidentielles, en lui fournissant l'aide nécessaire humaine et matérielle pour sa protection rapprochée. Quant aux retraités de l'armée, ils peuvent attendre !

    Un Libanais

    17 h 02, le 13 juillet 2019

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