Trois questions à Jihad Bitar, directeur de Smart ESA, à l’occasion du lancement du Prix Entrepreneur HEC

P.H.B.

L’Orient-Le Jour et l’ESA, en partenariat avec la Chambre de commerce de Beyrouth et du Mont-Liban (CCIAB), l’incubateur Smart ESA et HEC alumni groupement Liban ont lancé un nouveau concours de start-up, le Prix Entrepreneur HEC. Quelles en sont les modalités ?

Le prix récompensera la start-up dont le projet est le plus créatif, le plus viable économiquement à long terme, et qui a le plus de chance de s’exporter. Il est réservé aux sociétés en phase de création, ou qui ont été fondées depuis moins de deux ans et dont le chiffre d’affaires est inférieur à 500 000 dollars. Les candidats ont jusqu’au 15 juillet pour postuler. Les start-up sélectionnées bénéficieront d’une formation à l’ESA, puis dix finalistes pourront présenter leur projet devant un jury d’experts en novembre. Le vainqueur remportera un chèque de 10 000 dollars et un programme d’incubation de trois mois à Station F Paris, la plus grande structure de ce type au monde.

Ce concours est lancé à un moment où l’écosystème semble traverser une période difficile…

Le secteur pâtit, en général, de la hausse des taux d’intérêt, qui encourage les investisseurs et les banques à placer leurs fonds plutôt que de les investir dans des start-up. Mais il est particulièrement difficile pour une start-up libanaise aujourd’hui de trouver des financements en dessous de 500 000 dollars, les fonds d’investissement préférant miser sur de gros tickets. Ce problème, qui est propre au Liban, touche aussi bien les start-up qui ont besoin d’un capital de départ que celles qui cherchent à se développer. La circulaire n° 331 de la Banque du Liban a permis de donner un élan au secteur, mais son rôle n’est pas de remplacer l’État, qui doit prendre la relève, en mettant par exemple des subventions en place.

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L’accès au financement est-il le seul obstacle au développement du secteur ?

Non. Il y a aussi un manque de codeurs (développeurs) de qualité sur le marché local. Il y a également beaucoup d’accélérateurs qui ont ouvert ces dernières années, ce qui a contribué à multiplier le nombre de start-up prêtes à aller sur le marché, mais sans moyens pour le faire. Enfin il y a beaucoup de start-up qui ont été soutenues alors que leur projet, bien qu’innovant, n’était pas suffisamment mûr pour être lancé sur le marché.