Le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, a sévèrement critiqué dimanche le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, qui a fait allusion samedi à Tripoli, dans le cadre d'une tournée au Liban-Nord à l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rachid Karamé, le 1er juin 1987, dont la responsabilité avait été attribuée par l’appareil sécuritaire syro-libanais de l’époque au leader des FL.
"Je ne comprends pas la nécessité des propos de Bassil à Tripoli. Il ne parle pas de la situation actuelle. Il revient au passé, ramène le pays 50 ans en arrière, et en parle avec un coeur de pierre", a déclaré M. Geagea dans un entretien à la radio, ajoutant que la façon dont Gebran Bassil a été accueilli était un signe. "Il doit arrêter ses discours communautaires", a exhorté le leader des FL, lié par une entente avec le CPL qui a notamment conduit les Forces libanaises à soutenir l'accession de Michel Aoun à la présidence en 2016. "Je ne comprends pas ce que cherche Bassil en attisant les querelles communautaires", a-t-il ajouté.
Les propos tenus par M. Bassil rappellent ceux sur la guerre druzo-chrétienne de la Montagne que ce dernier avait tenu dimanche dernier, lors de sa tournée dans la Montagne druzo-chétienne. Ces propos avaient suscité la colère de partisans de Walid Joumblatt qui avaient bloqué le convoi du ministre d'Etat pour les affaires des Réfugiés, Saleh Gharib, qui accompagnait le leader du CPL. Un échange de tirs est ensuite survenu. Deux gardes du corps de M. Gharib, affilié à Talal Arslane, rival traditionnel de Walid Joumblatt sur la scène druze, avaient été tués. L'incident avait ravivé les tensions dans le pays.
"Les discours enflammés ont produit ce qui s'est produit dans la Montagne. Plutôt que de s'excuser de ses propos, Bassil a torpillé le gouvernement afin de pousser à la saisine de la Cour de justice", a affirmé M. Geagea. "Ce qui compte, c'est que les enquêtes se poursuivent. Il ne faut pas tirer de conclusions hâtives", a-t-il ajouté.
Mardi, les tensions politiques nées des incidents armés de la Montagne avaient contraint le Premier ministre Saad Hariri à annuler la tenue du Conseil des ministres. "Il n'y aura pas de réunion du gouvernement dans les jours qui viennent. Il s'agit d'un crime contre la Nation au vu de la situation", a estimé le chef des FL, ajoutant qu'"il est inacceptable que le ministre des Affaires étrangères torpille le gouvernement en raison de calculs d'épicier".
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commentaires (11)
Sois beau (fils) et tais-toi !
Tina Chamoun
12 h 32, le 08 juillet 2019