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Liban - Gouvernement

Les nominations retardées par les tensions

À la faveur de la médiation de Nabih Berry, Saad Hariri et Walid Joumblatt se réuniront « probablement » bientôt.

Saad Hariri et Walid Joumblatt au Sérail, le 1er avril 2019. Photo d’archives/Dalati et Nohra

Le dossier des nominations, tant au niveau du Conseil constitutionnel que pour ce qui est des postes vacants au sein de l’administration, continue à faire du surplace en attendant une entente politique élargie. Sauf que celle-ci semble encore lointaine, notamment du fait du bras de fer qui n’en finit pas d’opposer le Courant patriotique libre aux Forces libanaises. Un contexte politique tendu dans lequel pourrait se tenir une réunion entre le Premier ministre, Saad Hariri, et le leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, pour ramener à la normale leurs rapports perturbés depuis des mois.

Dans l’attente d’une entente autour des nominations, le Conseil des ministres tiendra donc demain à 11 heures au Sérail une séance ordinaire, pour examiner notamment des questions en suspens.

Il n’en reste pas moins que l’épineuse question des nominations continue de faire l’objet de contacts politiques en vue d’un accord quasi général qui faciliterait la tâche au cabinet Hariri, comme ce fut le cas pour les cinq anciens magistrats que le Parlement avait élus au Conseil constitutionnel, lors de sa séance tenue mercredi dernier. On sait que les cinq autres membres du CC doivent incessamment être désignés par l’exécutif. Une source proche du CPL confie à L’Orient-Le Jour que les contacts sont en cours, tout en rejetant les accusations selon lesquelles sa formation cherche à accaparer tous les postes administratifs chrétiens.

Le bras de fer opposant les aounistes à leur partenaire chrétien, à savoir les Forces libanaises, est donc encore loin de s’estomper. C’est cette impression qui se dégage des propos tenus samedi par le chef des FL, Samir Geagea. Dans une interview accordée à la chaîne MTV, M. Geagea a réitéré l’attachement de sa formation à des nominations qui obéiraient à un mécanisme clair fondé sur le mérite, tout en décochant des flèches en direction de M. Bassil. « Saad Hariri, le PSP, le mouvement Amal et les FL plaident pour un mécanisme clair. Pourquoi M. Bassil n’en veut-il pas ? » s’est interrogé le leader des FL, avant de renvoyer, une fois de plus, la balle dans le camp du président de la République, Michel Aoun.

À une question portant sur un possible entretien avec le chef de l’État pour mettre un terme aux tensions opposant les deux partis au sujet des nominations, M. Geagea a répondu en estimant que « cette possibilité n’est pas exclue, si les conditions propices sont réunies et si certains dossiers sont réglés ».

Interrogé par L’OLJ, Fadi Saad, député FL de Batroun, clarifie la position de sa formation au sujet des nominations. « Nous ne demandons pas de concessions de la part du chef du CPL. D’ailleurs, il ne peut pas nous en faire parce que les postes en question ne lui appartiennent pas », lance M. Saad, avant d’insister sur le fait que ce qui importe le plus aux FL reste le respect d’un mécanisme clair. Il va même jusqu’à déclarer que « si les prochaines nominations sont conformes à un mécanisme clair, Meerab ne s’y opposera pas, même si elles sont jugées monochromes en faveur du CPL ». « Les agissements de certains proches du sexennat portent gravement atteinte à l’image d’un mandat qui se veut le plus fort depuis la mise sur pied de l’accord de Taëf », déclare encore le député de Batroun, dans ce qui sonne comme un appel au chef de l’État à contenir les ambitions du leader du CPL.


(Lire aussi : Suspendues pour l’instant, les nominations dans l’attente... d’une entente)



Le PSP, Hariri et Bassil

Quoi qu’il en soit, dans les milieux proches de Gebran Bassil, on semble soucieux de ne pas alimenter la polémique opposant les deux partenaires chrétiens. En revanche, la tension entre le PSP et le CPL continue de monter. Hier, elle a même trouvé ses dangereux échos dans la rue.

Les rapports entre les deux partis ont subi de sérieuses secousses depuis les élections législatives de mai 2018. Et pour cause. Lors du scrutin, le CPL s’était allié au chef du Parti démocrate libanais, Talal Arslane, principal rival de Walid Joumblatt sur la scène druze, afin de tenter de briser le leadership joumblattiste dans le fief le plus important du PSP : les cazas de Aley et du Chouf. Forte des résultats des élections (quatre sièges), l’alliance Arslane-CPL a exercé un forcing, doublé de l’appui indéfectible du Hezbollah, pour intégrer un représentant du parti démocrate à l’équipe ministérielle (Saleh Gharib), contrairement à la volonté de Walid Joumblatt.

Cette logique semble être de mise en matière de nominations. « Tout comme les FL essaient de plaider en faveur de leur quote-part de candidats aux postes vacants, le CPL estime que le PSP ne devrait aucunement monopoliser les postes réservés aux druzes au sein de l’État », confie un proche de Gebran Bassil à L’OLJ. En face, Moukhtara persiste et signe : pas de nominations sans l’aval de Walid Joumblatt, quoi que fasse Gebran Bassil. À ce sujet, les milieux joumblattistes semblent parier sur le Premier ministre. Saad Hariri ne signera aucun décret de nominations où la quote-part du PSP n’est pas respectée, assure-t-on dans les milieux de Moukhtara. À en croire les mêmes sources, il s’agirait de la première concrétisation de la normalisation des rapports entre le leader druze et la Maison du Centre à la faveur d’une réunion qui pourrait « probablement » avoir lieu prochainement grâce à la médiation menée depuis des semaines par le président de la Chambre, Nabih Berry. « Mais il est encore tôt de parler de “front politique” visant à faire face à Gebran Bassil », nuance un proche de Walid Joumblatt, via L’OLJ.


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