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À La Une - rapatriement

Les enfants et petits-enfants d'un jihadiste libano-australien exfiltrés de Syrie

Né à Sydney de parents libanais, Khaled Sharrouf était parti pour la Syrie en 2013 avec sa femme Tara Nettleton et leurs cinq enfants.

Khaled Sharrouf, en compagnie de deux de ses enfants, en treillis et armes à la main, devant un drapeau de l'Etat islamique. Khaled Sharrouf a vraisemblablement trouvé la mort en 2017 avec deux de ses garçons dans une frappe aérienne américaine. Photo d'archives Twitter rapportée par le site The Australian.

Trois enfants et deux petits-enfants du jihadiste australien de l'organisation Etat islamique Khaled Sharrouf, d'origine libanaise, ont été exfiltrés d'un camp en Syrie, en même temps que trois autres mineurs, a annoncé lundi le Premier ministre australien Scott Morrison.

Né à Sydney de parents libanais, Khaled Sharrouf était parti pour la Syrie en 2013 avec sa femme Tara Nettleton et leur cinq enfants. Sharrouf avait suscité l'effroi et le dégoût en 2014 en postant sur Twitter une photo glaçante sur laquelle son fils Abdullah exhibait la tête en décomposition d'un soldat syrien décapité. Khaled Sharrouf, le premier Australien déchu de sa nationalité en vertu des lois anti-terroristes, a vraisemblablement trouvé la mort en 2017 avec deux de ses garçons dans une frappe aérienne américaine. Tara Nettleton serait morte en 2015.

Les trois autres mineurs rapatriés, qui auraient tous moins de 12 ans, sont les enfants de Yasin Rizvic, né à Melbourne, qui s'était également rendu en Syrie avec son épouse, où il a été tué en 2016.

M. Morrison n'a pas donné l'identité des enfants ni dit comment ils avaient été sortis du camp. Mais il a confirmé qu'ils avaient été "rapatriés de la zone de conflit et placés sous la responsabilité de responsables du gouvernement australien". 

Le Premier ministre australien avait auparavant indiqué que son gouvernement n'aiderait que ses ressortissants qui prendraient contact avec une ambassade ou un consulat australien. Mais il semble avoir changé de position sur la question de ce groupe dont le sort a été très médiatisé en Australie. "Le fait que des parents aient mis leurs enfants en danger en les emmenant dans une zone de guerre est odieux", a déclaré M. Morrison dans le communiqué. "Cependant, des enfants ne devraient pas être punis pour les crimes de leurs parents." M. Morrison avait longtemps affirmé qu'il ne risquerait la vie d'aucun Australien pour "sortir les gens de ces zones de conflit".

Les huit enfants, qui seraient âgés de 2 à 17 ans, se trouvaient auparavant dans le camp d'al-Hol qui abrite quelque 100.000 personnes dans le nord-est de la Syrie, ce qui empêchait officiellement toute aide consulaire australienne.



(Lire aussi : La "grande joie" des proches des enfants de jihadistes français rapatriés de Syrie)



Cellule psychologique
Le quotidien britannique The Guardian, indique que les huit enfants sont entrés dans la région autonome du Kurdistan irakien samedi dans l'après-midi, sans donner plus de précisions "pour des raisons de sécurité". Avant d'être pris en charge par les autorités australiennes, ils ont subi des tests afin d'évaluer les risques sécuritaires liés à leur rapatriement, et des structures de soutien, y compris une cellule psychologique, seront mises en place lors de leur arrivée en Australie, rapporte The Guardian. 

"Tous ces enfants seront rapatriés en Australie, mais le retour des Sharrouf sera reporté en raison de la naissance imminente du bébé de Zaynab, 17 ans, la fille aînée, qui a également des problèmes de santé", souligne le Guardian. Outre Zaynab, les cinq incluent sa sœur Hoda, âgée de 16 ans, leur frère Hamzeh, huit ans, ainsi que les deux jeunes enfants de Zaynab, Ayesha (3 ans) et Fatima (2 ans). 

C'est notamment grâce à la mobilisation de leur grand-mère maternelle, Karen Nettleton, que le sort des enfants a continué de faire la "une" en Australie. L'Australian Broadcasting Corporation (ABC) avait rapporté en avril que Karen Nettleton avait pu rencontrer les enfants dans le camp après deux tentatives infructueuses, grâce à un appel téléphonique en mars de sa petite-fille Hoda.



(Lire aussi : Rapatriement d'orphelins de jihadistes français : "Et les autres enfants, on va les laisser mourir à petit feu là-bas?")



"Acte de cruauté"
La question du retour des combattants étrangers de l'EI et de leurs enfants est extrêmement sensible pour beaucoup de pays. Selon la Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, plus de 11.000 membres présumés de familles de combattants de Daech (acronyme de l'EI en arabe) sont détenus au camp d'al-Hol, administré par les autorités kurdes. Le Fonds onusien pour l'enfance (Unicef) estime qu'il y a 29.000 enfants de combattants étrangers en Syrie - dont 20.000 d'Irak, a indiqué la Haut-Commissaire, précisant que la plupart ont moins de 12 ans.

Dans la matinée, Michelle Bachelet a demandé que les membres des familles des jihadistes capturés ou tués en Syrie et en Irak soient "rapatriés, à moins qu'ils ne soient poursuivis pour des crimes". "Les enfants, en particulier, ont subi de graves violations de leurs droits - y compris ceux qui ont pu être endoctrinés ou recrutés (...) pour commettre des actes violents. La considération première doit être leur réadaptation, leur protection", a-t-elle affirmé, à l'ouverture de la 41e session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Elle a lancé un appel auprès des Etats pour qu'ils accordent la nationalité "aux enfants nés de leurs ressortissants" dans les zones de conflit, arguant qu'infliger le statut d'apatride à ces enfants est un "acte de cruauté". "Les enfants apatrides sont souvent privés d'éducation, d'accès aux soins de santé et d'autres éléments fondamentaux de la dignité", a-t-elle fait valoir. Mme Bachelet a relevé que "quelques pays ont fait des efforts pour rapatrier certains ressortissants, notamment des enfants", sans toutefois citer ces pays. 


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