Rechercher
Rechercher

Culture - Bande Dessinée

Léonard de Vinci, jeune, beau, tourmenté et séduisant, raconté par Marwan Kahil

Ce n’est pas seulement le vieil homme à la barbe blanche, génial peintre, sculpteur, architecte et inventeur que l’on retrouve dans « Léonard de Vinci, la renaissance du monde » (éditions 21g), biographie en bande dessinée que lui consacre le scénariste franco-libanais, mais également le jeune homme qu’il a été, avec ses failles, ses tourments et de nombreuses facettes moins connues de sa vie...

Marwan Kahil, de l’équerre au stylo...

Alors que les événements abondent en France et en Italie pour célébrer cette année la 500e année de la disparition de Léonard de Vinci (1452-1519), la biographie en bande dessinée que lui consacrent les éditions 21g, sous la plume de Marwan Kahil et le dessin d’Ariel Vittori, tombe à pic pour présenter, sous un aspect plus intime et humain, la vie de ce génie universel.

Intitulée Léonard de Vinci, la renaissance du monde*, cette bédé, sortie en avril dernier, a reçu un accueil favorable de la critique hexagonale ainsi que le label sélectif « Viva Leonardo Da Vinci 2019 ». Son récit graphique et historique offre en effet une occasion originale de (re)découvrir la vie et les œuvres majeures de cet homme qui fut à la fois artiste, architecte, inventeur, ingénieur, anatomiste, botaniste, esprit scientifique, mais aussi (qui l’eût cru!) organisateur de fêtes et de spectacles pyrotechniques.

« J’ai bien sûr évoqué dans mon scénario les différentes facettes du génie de Léonard de Vinci, mais j’ai surtout voulu aborder ce personnage sous l’angle de l’intime, en mettant notamment en lumière certains aspects moins connus de sa vie et de sa jeunesse », indique le scénariste franco-libanais, rencontré à l’occasion d’un bref passage à Beyrouth.

Moments charnière
Souhaitant rendre Léonard de Vinci accessible à tous (à partir de 12 ans), l’auteur a privilégié une écriture contemporaine et un parti pris de simplicité dans les dialogues et les textes. Tout en prenant comme point de pivot de son récit les tourments intimes de cet homme dont le monde entier connaît les œuvres. Il a ainsi intelligemment réussi à contourner l’aridité de la figure archétypale, pour mettre l’accent sur son destin d’homme exceptionnel. « Je voulais que les lecteurs de tous âges puissent ressentir, à travers textes, dialogues et dessins, ce qu’était la vie à Florence et Milan à cette époque pour un jeune artiste comme lui, qui devait se battre pour s’imposer. Et sans les submerger d’informations, j’ai essayé de leur apporter des éclairages sur certains moments forts de sa vie. Des moments charnière où tout aurait pu basculer. Quand il est ostracisé, par exemple, parce que c’est le fils naturel d’un notaire et d’une paysanne… Quand il est dénoncé pour homosexualité… Quand il ne finit pas ses œuvres… Quand on le jalouse parce qu’il est talentueux mais aussi très beau… Quand il est emprisonné, puis exilé… Sans aller dans le pathos, j’ai surtout voulu évoquer les combats qu’il a dû mener pour devenir ce génie de tous les temps », explique l’auteur, visiblement sous le charme de son personnage. « C’est normal, avant d’écrire le premier mot de mon scénario, j’ai passé six mois en sa compagnie, plongé dans les monographies et les biographies qui lui ont été consacrées, dont celle exceptionnelle de l’historien de l’art Daniel Arras. Je me suis aussi penché sur ses œuvres. J’ai également compulsé des ouvrages d’anthropologie relatant la vie privée durant la Renaissance et les codes sociaux de l’époque… J’ai essayé, par cette vaste documentation, d’en cerner toutes les facettes. Pour en forger un portrait biographique qui évoque aussi bien les failles de l’homme que la puissance créatrice qu’il incarne encore aujourd’hui », explique Marwan Kahil. Lequel n’en est pas à son coup d’essai en matière de biographie dessinée.


Architecture, BD et copains de Jamhour
En 2017, il avait dédicacé au Salon du livre francophone de Beyrouth (au stand de la Librairie Stephan) une biographie en bande dessiné d’Albert Einstein, qu’il avait signée dans la même collection (Destins d’histoire, éditions 21g). Un récit graphique, né un peu par hasard, mais qui aura un impact certain sur la carrière du jeune auteur. Car avant la parution de cet ouvrage, Marwan Kahil était architecte. Diplômé de l’École spéciale d’architecture de Paris, il avait fait ses premières classes auprès de Jean Nouvel sur le projet du Louvre d’Abou Dhabi et menait de front projets de construction et travail d’assistant de direction artistique auprès du Festival d’Angoulême, dont il avait remporté le concours de scénarios en 2006. Une collaboration qui lui avait permis de rencontrer scénaristes et éditeurs, dont Jean-Paul Moulin, l’éditeur de 21g. Ce dernier, apprenant qu’il partait pour New York, lui demande d’aller visiter à Princeton la maison d’Einstein dans le but de réaliser une biographie dessinée du Prix Nobel de physique, dans la collection qui traite des destins d’histoire. « Il estimait qu’étant architecte, j’avais le bagage nécessaire pour aborder les questions scientifiques. Pour ma part, j’avoue que j’étais un peu paniqué. Mais mon envie d’écrire l’a emporté sur mes craintes, d’autant que j’ai pu compter sur certains de mes copains de promotion du collège Notre-Dame de Jamhour qui avaient fait MIT pour la relecture des passages problématiques. »

L’accueil positif de la presse comme des lecteurs de la biographie dessinée Albert Einstein, la poésie du réel fera basculer le jeune architecte de bédéiste-scénariste amateur en auteur de romans graphiques et architecte à ses heures perdues. « Je peux toujours faire quelques nuits blanches d’architecture à l’occasion, mais l’écriture, ma passion première, est désormais à l’avant-plan. »

Et des projets dans ce domaine, il en a de nombreux. À commencer par un livret « purement historique cette fois, sur Louis XV », qu’il vient de boucler dans un collectif sur l’histoire de France édité par Hachette. Un autre, qui l’enthousiasme particulièrement, pour l’ONG ATD Quart Monde, « un mouvement associatif qui lutte dans le monde entier contre la misère et pour l’accès aux droits sociaux des plus démunis ». Puis une biographie de Marc Aurèle. Sans oublier le rêve qu’il caresse de refaire la route de la soie (en vrai et par écrit) à la recherche de Marco Polo…

*Disponible en librairies

Ces grands hommes si humains...

Discuter avec Marwan Kahil, c’est toujours parler de l’humain dans ce qu’il a de plus intime. Ainsi, au détour d’une phrase, le scénariste soulignera la part de normalité de ces grands génies qui nous fascinent. « En travaillant sur la biographie d’Albert Einstein, j’ai découvert à quel point c’était un grand humaniste. Mais aussi qu’il n’en était pas moins un homme, avec des qualités et des défauts. C’était un vrai coureur, qui jouait beaucoup sur l’humour pour séduire, mais il était aussi un peu misogyne. Dès qu’il était engagé avec une femme, il devenait insupportable.

Léonard de Vinci, tout génie qu’il fut, avait aussi ses failles, qu’il a réussi à apprivoiser et dépasser. Il était beau, grand, charismatique et très séduisant. Comme tout homme, il a eu des amours. Même si on lui connaît surtout une histoire pas très claire avec un jeune homme prénommé Salaï, qui aurait posé pour le Saint Jean-Baptiste ou encore pour La Joconde... »


Alors que les événements abondent en France et en Italie pour célébrer cette année la 500e année de la disparition de Léonard de Vinci (1452-1519), la biographie en bande dessinée que lui consacrent les éditions 21g, sous la plume de Marwan Kahil et le dessin d’Ariel Vittori, tombe à pic pour présenter, sous un aspect plus intime et humain, la vie de ce génie universel. Intitulée...

commentaires (2)

Le titre de cet article n'évoquerait-il pas plutôt l'auteur de la BD? ;)

Tina Chamoun

09 h 45, le 25 juin 2019

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Le titre de cet article n'évoquerait-il pas plutôt l'auteur de la BD? ;)

    Tina Chamoun

    09 h 45, le 25 juin 2019

  • Bravo

    Eddy

    09 h 53, le 24 juin 2019

Retour en haut