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Liban - Politique

Gebran Bassil polémique encore...

Saad Hariri devrait s’entretenir avec le leader du CPL ; Raya el-Hassan réplique une fois de plus au ministre des AE.

Gebran Bassil s’exprimant à Qnat, caza de Bécharré. Photo ANI

On croyait que l’accalmie entre les deux piliers du compromis présidentiel, à savoir le Courant patriotique libre et le courant du Futur, était consolidée une bonne fois pour toutes. Il semble qu’il n’en est rien. Le leader du CPL, Gebran Bassil, a de nouveau abordé au cours du week-end des sujets particulièrement épineux sur un ton polémique, s’attirant les foudres de plusieurs protagonistes, notamment son partenaire haririen, et suscitant par la même occasion des craintes quant à la pérennité du gouvernement.

À trois jours de la première séance du Conseil des ministres après la redynamisation du compromis, c’est en usant du dossier des réfugiés syriens que M. Bassil a implicitement décoché une flèche en direction du Premier ministre, qui avait lui-même critiqué l’approche du chef de la diplomatie à ce sujet lors de sa conférence de presse tenue mardi dernier au Sérail. S’exprimant samedi lors d’un congrès au Forum de Beyrouth portant sur les municipalités et organisé par son parti, Gebran Bassil n’a pas mâché ses mots : « Lorsque nous évoquons le retour des réfugiés, ce n’est pas parce que nous sommes racistes, mais parce que nous sommes patriotes », a-t-il tonné avant de poursuivre : « Ceux qui nous accusent de racisme, soit ils complotent contre nous, soit ils profitent de ce dossier. » Et le leader du CPL d’insister sur le rôle des municipalités en matière de réfugiés, les exhortant à agir sur ce plan. « Il est interdit que le ministère de l’Intérieur intervienne pour empêcher le président d’une municipalité d’appliquer la loi », a encore tonné M. Bassil.

Il va sans dire qu’à travers de tels propos, Gebran Bassil critiquait l’approche du gouvernement, plus particulièrement du courant du Futur, de ce dossier. Mais cette fois encore, les haririens n’ont pas tardé à réagir. Pour la troisième fois en l’espace de deux semaines, la Future TV s’est lancée dans une diatribe contre le chef du CPL, dans l’introduction de son journal de 20 heures samedi. Stigmatisant « l’amalgame que fait M. Bassil entre ces deux fonctions de ministre des Affaires étrangères et de chef de parti », la chaîne a souligné que « Gebran Bassil ne peut pas s’adresser au ministère de l’Intérieur, au gouvernement et à la communauté internationale, et se prononcer au sujet des réfugiés syriens et palestiniens de la façon crue dont il s’exprime, faisant usage de son poste officiel pour exprimer les positions de son parti, et non celles du gouvernement qu’il devrait représenter ».

Hier, c’est la ministre de l’Intérieur, Raya el-Hassan, qui, et pour la deuxième fois en deux semaines, s’est invitée dans la partie pour tenter de remettre son collègue à sa place. Dans un communiqué, Mme Hassan a rappelé que « c’est en Conseil des ministres que la crise des réfugiés devrait être traitée en adoptant une stratégie qui prendrait en considération les décisions du Haut-Conseil de la défense, et détaillerait les mesures à prendre, notamment pour ce qui est du rôle des municipalités sur ce plan ». « Il est intolérable de voir que ce sujet est traité avec des motivations sectaires et populistes, et à des fins partisanes et personnelles », a ajouté la ministre, avant d’enchaîner : « Cette question devrait être réglée dans le cadre des institutions concernées, notamment le ministère de l’Intérieur et des municipalités, concerné par la réglementation de l’activité des municipalités. »

À L’Orient-Le Jour, des sources proches de Raya el-Hassan expliquent que les multiples réactions de la ministre aux propos de M. Bassil n’ont rien à voir avec les efforts pour le maintien du compromis présidentiel. Il s’agit simplement de rectifier le tir quant aux fausses déclarations de M. Bassil. Le Conseil de la défense a pris des décisions au sujet des réfugiés. Et c’est le ministère de l’Intérieur qui est en charge des municipalités, ajoutent les milieux de Mme Hassan.



(Lire aussi : Le clin d’œil de Bassil aux Kataëb : discours de circonstance ou initiative sérieuse ?)



Les critiques de Joumblatt
Le chef du CPL s’est également attiré les foudres du chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, dont les rapports avec le sexennat Aoun sont particulièrement troublés. Commentant le congrès du CPL, le leader de Moukhtara a posté ce tweet assassin, samedi : « S’agit-il d’un congrès pour discuter du développement durable et de la crise des déchets qui arrive à nouveau ou bien du congrès du racisme, de la haine et des insultes du parti au pouvoir ? Nous ne les blâmons pas, c’est leur philosophie. Mais qu’en pense le partenaire au compromis et au pouvoir ? » Une allusion claire au Futur dont les relations avec Moukhtara sont passées par de sérieuses secousses récemment.

Tentant de répondre à la question de Walid Joumblatt, Ammar Houri, conseiller de Saad Hariri, juge les propos de Gebran Bassil « inacceptables », estimant qu’ils sont « hors contexte ». « Lors de sa conférence de presse, Saad Hariri a mis les points les i. Et nous avons décidé de ne plus nous taire, dans la mesure où le gouvernement devrait redémarrer une fois pour toutes », assure M. Houri, mettant en garde contre un danger auquel font face le mandat et le gouvernement « si la ligne politique actuelle demeure de mise ».

Une source proche de Gebran Bassil contactée par L’OLJ croit savoir sur ce plan que le chef du gouvernement devrait s’entretenir avec le leader du CPL dans les prochaines heures.



(Lire aussi : Réfugiés syriens : Bassil et Joumblatt campent sur leurs positions)



FL-CPL
Le cabinet Hariri s’apprête donc à redémarrer dans un contexte particulièrement tendu entre les piliers de l’entente de 2016, auquel il conviendrait d’ajouter les rapports en dents de scie entre le CPL et son partenaire chrétien, les Forces libanaises.

C’est alors que les deux partis se préparaient à se lancer dans une lutte acharnée pour les nominations administratives aux postes réservés aux chrétiens que Gebran Bassil a choisi de se rendre dans le fief le plus important des FL, le caza de Bécharré. Contacté par L’OLJ, un cadre du parti de Samir Geagea assure que la tournée du leader du CPL ne constitue aucune provocation pour Meerab. « Il n’en reste pas moins que nous maintenons notre politique qui consiste à répondre à tous ceux qui nous attaquent », assure-t-il, laissant entendre que pour les FL, l’entente de Meerab (au moins dans son volet politique) n’est plus de mise. À une question portant sur l’atmosphère politique à 48 heures du Conseil des ministres prévu au Sérail, le cadre FL souligne que « Gebran Bassil est responsable de la longue paralysie gouvernementale », invitant Saad Hariri à le remettre à sa place. Entre-temps, les échanges acerbes entre les députés et ministres FL et leurs collègues aounistes se sont poursuivis durant le week-end.

Imad Wakim, député FL de Beyrouth, a attaqué M. Bassil en estimant sur Twitter que le leader du CPL est devenu « source de discorde ambulante ». Réagissant à ce constat, Nicolas Sehnaoui (CPL, Beyrouth) a invité, via Twitter également, son collègue FL à arrêter de s’en prendre à M. Bassil « qui œuvre bec et ongles dans l’intérêt du pays ». « Poussez vos ministres à agir dans leurs ministères au lieu de perdre leur temps », a-t-il ajouté à l’adresse de M. Wakim. S’invitant dans la partie, May Chidiac, ministre d’État pour le Développement administratif (FL), a écrit sur son compte Twitter : « Je dis à tous ceux qui s’inquiètent que les ministres FL œuvrent efficacement et loin du populisme dans l’intérêt du citoyen et de l’État. » « Nos actes et notre coordination avec les autres ministères en sont la preuve éclatante », a-t-elle ajouté à l’adresse des aounistes.



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On croyait que l’accalmie entre les deux piliers du compromis présidentiel, à savoir le Courant patriotique libre et le courant du Futur, était consolidée une bonne fois pour toutes. Il semble qu’il n’en est rien. Le leader du CPL, Gebran Bassil, a de nouveau abordé au cours du week-end des sujets particulièrement épineux sur un ton polémique, s’attirant les foudres de plusieurs...

commentaires (16)

BEL 3ARABI LIMCHABRAH : DRAAT 3AL BLAAT...

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 54, le 20 juin 2019

Tous les commentaires

Commentaires (16)

  • BEL 3ARABI LIMCHABRAH : DRAAT 3AL BLAAT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 54, le 20 juin 2019

  • JE CONSEILLE AU GENDRE UNE BOUTEILLE DE SODA MATIN ET SOIR CHAQUE JOUR. CA ALLEGE LES GAZ !

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 24, le 19 juin 2019

  • BULLES DE GAZ NI DE ROSE NI DE JASMIN...

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 13, le 18 juin 2019

  • L'idiot inutile.

    Christine KHALIL

    20 h 49, le 17 juin 2019

  • Liban, ce pays où la politique est la continuation de la guerre par d'autres moyens...Décidément, les réflexes miliciens de tous bords ont la vie dure!

    otayek rene

    15 h 38, le 17 juin 2019

  • Liban, ce pays où la politique est la continuation de la guerre par d'autres moyens...Décidément, les réflexes miliciens de tous bords ont la vie dure!

    otayek rene

    15 h 31, le 17 juin 2019

  • FAIRE LA PART DES CHOSES EXIGE 1 PRECISION : que l'on en veuille a jobran pour ce qui est son arrogance et le reste : TT A FAIT JUSTIFIE. qu'on lui en veuille pour vouloir coute que coute ns debarrasser du trop plein syrien ALORS LA TOUS SE GOURRENT, ce n'est ni racisme ni xenophobie rien de tt ca : C juste pousser sortir de cette situation inadmissible , impossible a supporter encore plus !

    Gaby SIOUFI

    12 h 14, le 17 juin 2019

  • Je suis la politique intérieure de mon pays depuis la période du président Emile Eddé (1936-1941) y compris les onze jours de 1943, je n'ai jamais connu des moments politiques aussi troubles comme ceux que nous vivons aujourd'hui. Un politicien venu de nulle part, s'empare de ministères juteux et d'une formation politique par parenté... il n'a plus les pieds sur terre, il vogue entre la planète Terre et la Voie lactée. Le Liban est menacé dans son existence du fait de sa position géographique et de sa composition multicolore. Le Liban a besoin urgent de véritables hommes d'Etat pour traiter toutes ces questions sous la voûte du Grand-Sérail, loin du tintamarre des agoras des villes et villages sous des lilas de Perse.

    Un Libanais

    11 h 58, le 17 juin 2019

  • Seul le puissant allié libanais du ministre est capable de discuter d'une position de force avec la Syrie pour arranger le retour des déplacés. En parler dans la presse ne fait qu'envenimer la situation et de repousser le retour, car mécaniquement les adversaires libanais du ministre ne vaudront plus à mon avis d'un départ rapide, si lui le réclame avec insistance. Les iraniens ont inventé le jeu d'échec. Trop forts !

    Shou fi

    11 h 58, le 17 juin 2019

  • Je suis la politique intérieure de mon pays depuis la période du président Emile Eddé (1936-1941) y compris les onze jours de 1943, je n'ai jamais connu des moments politiques aussi troubles comme ceux que nous vivons aujourd'hui. Un politicien venu de nulle part, s'empare de ministères juteux et d'une formation politique par parenté... il n'a plus les pieds sur terre, il vogue entre la planète Terre et la Voie lactée. Le Liban est menacé dans son existence du fait de sa position géographique et de sa composition multicolore. Le Liban a besoin urgent de véritables hommes d'Etat pour traiter toutes ces questions sous la voûte du Grand-Sérail, loin du tintamarre des agoras des villes et villages sous des lilas de Perse.

    Un Libanais

    11 h 50, le 17 juin 2019

  • Je suis la politique intérieure de mon pays depuis la période du président Emile Eddé (1936-1941) y compris les onze jours de 1943, je n'ai jamais connu des moments politiques aussi troubles comme ceux que nous vivons aujourd'hui. Un politicien venu de nulle part, s'empare de ministères juteux et d'une formation politique par parenté... il n'a plus les pieds sur terre, il vogue entre la planète Terre et la Voie lactée. Le Liban est menacé est menacé dans son existence du fait de sa position géographique et de sa composition multicolore. Le Liban a besoin urgent de véritables hommes d'Etat pour traiter toutes ces questions sous la voûte du Grand-Sérail, loin du tintamarre des agoras des villes et villages sous des lilas de Perse.

    Un Libanais

    11 h 34, le 17 juin 2019

  • Je suis la politique intérieure de mon pays depuis la période du président Emile Eddé (1936-1941) y compris les onze jours de 1943, je n'ai jamais connu des moments politiques aussi troubles comme ceux que nous vivons aujourd'hui. Un politicien venu de nulle part, s'empare de ministères juteux et d'une formation politique par parenté... il n'a plus les pieds sur terre, il vogue entre la planète Terre et la Voie lactée. Le Liban est menacé est menacé dans son existence du fait de sa position géographique et de sa composition multicolore. Le Liban a besoin urgent de véritables hommes d'Etat pour traiter toutes ces questions sous la voûte du Grand-Sérail, loin du tintamarre des agoras des villes et villages sous des lilas de Perse.

    Un Libanais

    11 h 30, le 17 juin 2019

  • Mr le gendre TAISEZ VOUS C’ EST UNIQUEMENT COMME CELA QUE VOUS RENDREZ SERVICE AU PAYS

    LA VERITE

    09 h 41, le 17 juin 2019

  • Qui saura arrêter ce feu follet dangereux qui risque d'embraser notre pays ? Personne dans son entourage pour lui apprendre le sens des responsabilités et le devoir des limites de langage, surtout de la part d'un "chef de parti", sans oublier le vrai patriotisme...libanais ? Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 35, le 17 juin 2019

  • Ça un diplomate en chef?! Mais, quand on s'acharne à composer les gouvernements selon la recette de la macédoine de légumes, il est inévitable que l'on en arrive là.

    Yves Prevost

    06 h 40, le 17 juin 2019

  • Bassil est comme pierre laval ...un collabo renvoyant les juifs allemands venus se refugier en France vers “leur pays d origine” le III reich.

    HABIBI FRANCAIS

    02 h 16, le 17 juin 2019

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