Rechercher
Rechercher

Lifestyle - La Mode

Rami Kadi, couturier polymorphe

Si proche, si lointain est le temps où, distingué par le jury d’Esmod Beyrouth, un jeune Libano-Américain du nom de Rami Kadi était engagé par l’incubateur Starch à créer sa première collection. Fasciné par tout ce qui brille, doté d’un sens inné de la joie et de la fête, bricoleur dans l’âme, Rami Kadi joue désormais sans effort dans la cour des grands.

Le couturier Rami Kadi, écolier attardé. Photo DR

Le Festival de Cannes 2019 est clos depuis une poignée de semaines, mais les images qu’il nous en reste sont, pour une grande part, attachées à des créateurs libanais. Élie Saab, bien sûr, Zuhair Murad, Georges Hobeika, Ashi, Azzi&Osta, Jean-Louis Sabaji pour ne nommer que ceux-là, mais aussi et surtout Rami Kadi, comme un électron libre, un coureur de fond qui tout à coup sprinte en tête, un outsider qui franchit la ligne d’arrivée sans un regard en arrière. En mai 2011, même pas 25 ans et fraîchement diplômé, il créait sa marque, montait son atelier et ouvrait son showroom à Beyrouth. Sa patte se distinguait déjà par une évidente fascination pour la lumière, les effets hologrammes, optiques et kaléidoscopiques, et cette touche de magie que seul le savoir-faire de la haute couture et le passage de la main peuvent produire. À l’automne 2015, il faisait sensation avec une collection entièrement brodée de fibres fluorescentes, forçant l’effet « luciole » avec des motifs d’insectes fantastiques. Le buzz fait le tour du monde, et comme un bonheur ne vient jamais seul, Dita Von Teese lui commande une robe sur mesure pour un anniversaire à L.A. Ce sera une robe plissée en illusion optique, traitée en bandelettes dans un tissu noir éclaboussé de fluo qui semble projeter une lumière intrinsèque.


Un laboratoire de recherches

C’est l’époque où il collectionne les baskets design et les chaussures bizarres. Il joue à les photographier en série dans le lounge de l’AIB à chacun de ses nombreux voyages et à les poster sur ses comptes Facebook puis Instagram en quasi-pionnier. Il faut bien que jeunesse se passe, et à force de faire le VRP pour son propre compte, montant au front de toutes les batailles du marketing, voilà Rami Kadi, porté par la joie de vivre qui rejaillit de ses créations, propulsé maître es haute couture pop, célébré pour son plaisir enfantin à jouer sérieusement pourtant avec les couleurs, les motifs et les textures. Physique, chimie, géométrie et technologie guident la main qui dessine et qui brode. Le couturier se fait architecte, graphiste, chercheur, informaticien. On imagine sans peine son atelier comme un laboratoire. Sa quête est avant tout une poursuite d’impressions, de flous qui se précisent, de reliefs sensuels et d’effets fascinants avec des matériaux insolites comme la mosaïque de verre, le fil de pêche ou les paillettes thermocollées.


De belles phalènes

Cet écolier attardé, coiffures faussement sages et lunettes de premier de classe, est en fait un grand myope qui a fait de son handicap un talent singulier. « Parfois, j’enlève mes lunettes et j’essaie de comprendre ce qu’est un tissu ou un détail et de l’imaginer différemment », dit-il. Sans lunettes, sa vision est pixellisée. Il perçoit des miroitements qui l’intriguent, d’où son amour pour la brillance. Ses petites lumières attirent de belles phalènes. Toutes les blogueuses, chanteuses, présentatrices et stars du monde arabe jouent des coudes dans son carnet de commandes, sans compter Dita Von Teese, on l’a vu, mais aussi Jennifer Lopez, Kendall Jenner, Beyonce, les « Angels » de Victoria’s Secret et tant d’autres. En plus de son sens inné de la fête, Rami Kadi sait raconter des histoires. Sa collection de l’été 2016, « L’ombre des femmes », décline des motifs floraux inédits cueillis dans un jardin imaginaire. Elle est suivie, l’hiver 2017, de « Tourbillons célestes », une ligne à base de vignettes follement pop et colorées dont on ne se doute pas une seconde qu’elles sont empruntées aux motifs ornementaux des palais de Venise. La collection Rami Kadi printemps/été 2019 qui a fait crépiter les flashes en feu d’artifice au dernier Festival de Cannes est inspirée de Burning Man, la grande rencontre musicale et artistique du mois d’août dans le désert du Nevada. Présentée lors de la semaine parisienne de la haute couture dans les salons du Georges V, cette neuvième saison de la jeune maison Rami Kadi est une véritable consécration.


Pour mémoire

Rami Kadi fait un sort au chaos

Le Festival de Cannes 2019 est clos depuis une poignée de semaines, mais les images qu’il nous en reste sont, pour une grande part, attachées à des créateurs libanais. Élie Saab, bien sûr, Zuhair Murad, Georges Hobeika, Ashi, Azzi&Osta, Jean-Louis Sabaji pour ne nommer que ceux-là, mais aussi et surtout Rami Kadi, comme un électron libre, un coureur de fond qui tout à coup sprinte...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut