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À La Une - droits de l'homme

Amnesty condamne l'interdiction de l'application Grindr au Liban : "Un coup dur pour la communauté LGBTI"

D'autres applications utilisées par la communauté gay au Liban fonctionnent toujours, indique une source à L'OLJ.

Photo d'illustration. AFP

Amnesty international a condamné mercredi la décision du ministère des Télécommunications de bloquer au Liban l'accès à Grindr, une application de rencontres, qui, selon le mémo du ministère, "assure des liaisons amoureuses et sexuelles pour les homos et les bisexuels".

"La décision d'interdire Grindr au Liban est une étape profondément régressive et un coup dur pour les droits de la communauté LGBTI locale (lesbiennes, gays, bisexuels, trans ou intersexués). En plus de constituer une atteinte flagrante au droit à la liberté d'expression, cette décision renforcera et légitimera les points de vue homophobes dans le pays, a dénoncé Lynn Maalouf, directrice de recherche sur le Moyen-Orient à Amnesty International. Personne ne devrait faire l'objet de discrimination ou de punition pour son orientation sexuelle. Au lieu de bloquer les applications utilisées par la communauté gay, les autorités libanaises devraient immédiatement lever cette interdiction et concentrer leurs efforts sur la fin de la répression contre les personnes LGBTI". 

Dans un communiqué publié mercredi, Amnesty International indique avoir obtenu d'une source officielle au sein du ministère des Télécommunications la confirmation de cette décision. "En janvier 2019, l'accès à l'application Grindr était partiellement bloqué sur certains réseaux libanais, apparemment sur ordre du ministère", ajoute Amnesty.

En effet, un utilisateur de l'application a indiqué mercredi en fin d'après-midi à L'Orient-Le Jour qu'il y a "quelques mois, les opérateurs de téléphonie mobile Alfa et Touch ont bloqué Grindr. Ensuite Alfa a débloqué l'utilisation de l'application, donc on pouvait y accéder si on avait un réseau Alfa ou si on était connecté sur un Wi-Fi". "Je viens d'essayer d'ouvrir l'application en étant connecté sur un Wi-Fi et, en effet, elle ne télécharge pas, affirme la source. J'ai vérifié si d'autres applications étaient également bloquées, ce n'est pas le cas".  

Le quotidien Daily Star a mis la main sur la note du ministère des Télécoms datant de vendredi et signé par Bassel Ayoubi, directeur du département de l’exploitation et de la maintenance. Dans le mémo, l'on peut lire, comme motif de la décision, que l'application "assure des liaisons amoureuses et sexuelles pour les homos et les bisexuels".

"Mauvaise nouvelle. Il semble que le gouvernement libanais et en particulier le ministère des Télécommunications n’aient aucun intérêt à protéger la liberté d’association au Liban et a publié vendredi dernier un mémo ordonnant l’interdiction complète et totale de Grindr au Liban. Ceci est une violation flagrante des droits et libertés individuels. Les précédentes interdictions ne nous ont pas découragés et celle-ci non plus. Pour les personnes concernées, vous pouvez utiliser les VPN suivants: Nord, Orbit et Tunnelbear", a de son côté réagi l’association Helem, mardi, sur sa page Facebook. 

"Les personnes LGBTI au Liban continuent de se voir refuser la liberté d'exercer leurs droits. Le code pénal libanais, qui criminalise les +rapports sexuels qualifiés de contre nature+, a été utilisé pour poursuivre les personnes LGBTI. Il y a un peu plus d'un an, les forces de sécurité intérieure ont également interdit la tenue d'une série d'événements organisés par des activistes LGBTI pour marquer la Journée internationale contre l'homophobie et la transphobie, en invoquant des préoccupations sécuritaires", rappelle Amnesty. 

Cette décision du ministère des Télécoms intervient alors que la communauté homosexuelle du Liban a constaté une très relative amélioration de sa situation au Liban durant les dix dernières années. Cette amélioration s’est concrétisée par sept décisions de justice en faveur de membres de la communauté LGBTIQ+, entre les années 2009 et 2019, et par un refus des juges de faire appliquer à ces cas l’article 534 du Code pénal qui criminalise les relations charnelles "contre nature".
La dernière décision de justice remonte au mois d’avril dernier. Elle avait été prise par le Tribunal militaire, qui pour la première fois dans l’histoire du Liban avait acquitté quatre militaires accusés d’homosexualité.

Mises à part ces quelques mesures positives, les homosexuels continuent d’être peu ou pas tolérés au pays du Cèdre où ils n’en finissent pas d’être victimes d’arrestations arbitraires, d’intimidations, de moqueries, de discriminations en tous genres, et de violations de leurs droits humains liées à leur orientation sexuelle. Au début du mois de mai, l’association Proud Lebanon, qui soutient les communautés marginalisées du Liban parmi lesquelles les communautés lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre, transsexuelle et queer, a réclamé l’abolition de cette loi criminalisant l’homosexualité. 



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Amnesty international a condamné mercredi la décision du ministère des Télécommunications de bloquer au Liban l'accès à Grindr, une application de rencontres, qui, selon le mémo du ministère, "assure des liaisons amoureuses et sexuelles pour les homos et les bisexuels"."La décision d'interdire Grindr au Liban est une étape profondément régressive et un coup dur pour les droits de la...

commentaires (2)

Cette phobie de l'autre, c'est une maladie mentale comme toutes les phobies...

Eddy

14 h 23, le 30 mai 2019

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Commentaires (2)

  • Cette phobie de l'autre, c'est une maladie mentale comme toutes les phobies...

    Eddy

    14 h 23, le 30 mai 2019

  • Pas gay comme décision certes, mais il y en a d'autres bcp moins gaies et bien plus vitales pr les citoyens.

    Tina Chamoun

    13 h 24, le 30 mai 2019

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